La start-up française SHZ s'est associée à JetZero pour développer un avion hydrogène révolutionnaire. La collaboration franco-américaine pourrait accélérer la décarbonation du transport aérien mondial.

Voici à quoi ressemble l'avion Z4 © JetZero
Voici à quoi ressemble l'avion Z4 © JetZero

Six mois après le ralentissement d'Airbus sur l'hydrogène aérien, l'entreprise française SHZ Advanced Technologies a dévoilé, mercredi, un partenariat avec la start-up californienne JetZero pour étudier si ses technologies brevetées de stockage d'hydrogène liquide pourraient s'adapter au Z4, cet avion révolutionnaire qui volera d'abord au kérosène, mais avec 50% d'économie de carburant. Le projet, soutenu par la NASA dans le cadre du programme AACES, vise à créer une variante hydrogène de l'aéronef à fuselage intégré capable de transporter 250 passagers.

L'aile volante, la prometteuse architecture pour un futur avion hydrogène

Tandis qu'Airbus a freiné ses ambitions hydrogène, repoussant sine die son objectif initial de 2035 et faisant de la technologie un objectif de long terme, la start-up tricolore SHZ mise tout sur l'innovation. Son atout majeur ? Des réservoirs d'hydrogène liquide brevetés aux formes non-conventionnelles, qui pourraient théoriquement épouser les contours organiques du fuselage du Z4, là où les cylindres classiques seraient inadaptés.

Dans cette configuration où le fuselage devient lui-même porteur, chaque mètre carré participe à la sustentation. L'espace intérieur généreux pourrait permettre d'intégrer les volumineux réservoirs d'hydrogène sans amputer la cabine passagers, un avantage théorique sur les fuselages cylindriques traditionnels. Les obstacles techniques restent vertigineux, puisqu'il faut stocker un carburant à -253°C qui occupe quatre fois plus de volume que le kérosène classique.

L'entreprise américaine JetZero avance assez prudemment, avec une approche en deux temps. Le Z4 restera d'abord un avion au kérosène classique, qui sur le papier promet déjà 50% d'économie de carburant grâce à son design à ailes intégrales, avec un prototype grandeur nature prévu pour 2027. En parallèle, le partenariat avec le Français SHZ explore la faisabilité d'une éventuelle variante hydrogène dans le cadre du programme AACES (Aircraft Concepts for Environmental Sustainability) de la NASA, cette bourse obtenue en novembre 2024 pour étudier l'adaptation de l'hydrogène liquide cryogénique à l'aviation commerciale.

Des brevets français pour explorer l'aviation post-kérosène

Eric Schulz, cofondateur de SHZ et vétéran de l'industrie après ses passages chez Airbus et Rolls-Royce, incarne l'expertise française du projet. Sa société détient aujourd'hui quatorze brevets stratégiques, notamment un système de compression-pompage d'hydrogène liquide et des solutions de stockage non-conventionnelles. Si la recherche avec JetZero aboutit, ces technologies pourraient positionner l'Hexagone comme acteur clé de la future aviation hydrogène, au-delà des applications terrestres et maritimes déjà envisagées.

L'aile volante fascine l'aéronautique depuis huit décennies. Du bombardier furtif B-2 au démonstrateur X-48 développé conjointement par Boeing et la NASA il y a dix-huit ans, le concept a prouvé sa pertinence. JetZero, qui plus est épaulée financièrement par la compagnie United Airlines, ambitionne une première mondiale : transposer cette configuration au transport civil avec son Z4 au kérosène. Les moteurs positionnés au-dessus réduiront déjà par quatre les nuisances sonores, et une éventuelle version hydrogène amplifierait encore les bénéfices environnementaux.

Boeing maintient néanmoins ses réserves sur l'équation économique de la propulsion hydrogène. Airbus concentre de son côté ses efforts sur l'intégration de piles à combustible dans des architectures tubulaires éprouvées, en estimant hasardeux de bouleverser simultanément forme et motorisation. Le tandem franco-californien SHZ-JetZero adopte, lui, une approche plus prudente : d'abord faire voler le Z4 au kérosène à Greensboro début 2030, puis explorer avec la NASA si une variante hydrogène est viable pour atteindre le véritable zéro émission en 2050.

Sources : JetZero, Reuters