Après Arianespace, le spatioport de Kourou s'ouvre à un second opérateur européen. L'industriel italien Avio pourra lancer ses fusées Vega depuis la Guyane française.

Ariane 6, au lancement de sa deuxième mission commerciale © ESA / CNES / ArianeSpace / S.Martin
Ariane 6, au lancement de sa deuxième mission commerciale © ESA / CNES / ArianeSpace / S.Martin

L'annonce du gouvernement français marque un tournant pour l'Europe spatiale Après les deux premiers succès récents d'Ariane 6, le ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci, et le ministère chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, ont confirmé mardi 19 août avoir accordé une licence de dix ans à l'industriel italien Avio, nouveau locataire à Kourou.

Les succès récents d'Ariane 6 changent la donne à Kourou

L'autorisation gouvernementale accordée à Avio fait suite à de bonnes nouvelles pour l'industrie spatiale française et européenne. En mars, Ariane 6 réussissait son premier vol commercial avec le satellite militaire CSO-3. Puis en août, nouveau succès avec MetOp-SG A1, satellite météorologique européen de nouvelle génération.

Ces performances ont redonné confiance aux décideurs politiques. Et la résolution adoptée par les États membres de l'Agence spatiale européenne lors du Sommet de Séville trouve enfin sa traduction concrète. L'objectif reste d'optimiser l'accès européen à l'espace.

Avio hérite donc d'une licence décennale pour opérer ses lanceurs Vega depuis le Centre spatial guyanais. Une première dans l'histoire du site, jusqu'ici domaine exclusif d'Arianespace. À noter que le CNES, le Centre national d'études spatiales, conserve néanmoins la gestion du planning des tirs.

Kourou se transforme en hub spatial européen multi-opérateurs

On comprend donc que l'ouverture à la concurrence transforme la philosophie de Kourou. L'exclusivité d'un seul opérateur n'est plus, puisque le site devient une plateforme partagée entre plusieurs acteurs européens. Les ministres français saluent en tout cas la décision, en ce qu'ils estiment qu'elle renforce « l'accès autonome de l'Europe à l'espace ».

La gouvernance évolue également à Kourou. Le CNES coordonnera désormais l'ensemble des activités en associant l'Agence spatiale européenne et tous les futurs prestataires. Une architecture complexe mais qui paraît indispensable pour gérer ce que l'on pourrait appeler une cohabitation.

D'autres industriels pourraient bientôt rejoindre l'aventure collective. Le communiqué du gouvernement évoque une offre européenne « appelée à s'élargir progressivement ». Kourou se mue ainsi en véritable hub continental, mutualisant les coûts tout en diversifiant ses capacités de lancement.