Le site de recrutement Monster France va sans doute être placé en liquidation judiciaire. Le député Philippe Latombe dénonce un montage financier de ses propriétaires, Randstad et Apollo, qui va laisser l'État et les Français payer la facture.

Monster France, la plateforme de recrutement en ligne, cesse définitivement ses activités, victime de l'abandon de ses actionnaires Randstad et Apollo, poids lourds du secteur. Philippe Latombe, député Les Démocrates, vient d'interpeller le gouvernement sur cette liquidation judiciaire qui touche 30 salariés en France et 200 en Europe. Le parlementaire dénonce sur LinkedIn un montage qui permet aux deux multinationales d'échapper à leurs obligations sociales, laissant l'État français assumer les indemnités de licenciement.
Le naufrage de Monster orchestré en haute mer financière
En septembre 2024, Randstad et Apollo ont créé une joint-venture prometteuse, pour fusionner Monster avec CareerBuilder, ce concurrent historique qu'Apollo possédait depuis 2017. Les équipes applaudissent, l'avenir semble radieux. Mais huit petits mois plus tard, rideau ! Les actionnaires coupent les vivres sans crier gare. Philippe Latombe rappelle l'ampleur du désastre : « Plus de 200 salariés sont concernés par l'arrêt de l'activité du pionnier de l'emploi en ligne. »
Le timing n'est évidemment pas bon, et le député ne mâche pas ses mots. Randstad, propriétaire unique depuis 2016 jusqu'en septembre dernier, est miraculeusement devenu minoritaire (49%) juste avant le crash. Latombe évoque un « choix opportuniste » qui permet au géant néerlandais de se planquer derrière son nouveau statut d'« actionnaire minoritaire » pour esquiver ses responsabilités. Un tour de passe-passe digne des meilleurs illusionnistes.
Le plus frustrant dans tout ça, c'est qu'un accord béton signé en 2023 protégeait théoriquement les salariés jusqu'en 2027. L'Humanité détaille d'ailleurs les garanties à l'époque nombreuses, comme les aides à la reconversion, les dispositifs seniors, les indemnités dorées... Tout y était. Mais voilà, la liquidation judiciaire qui paraît inévitable fait table rase de ces belles promesses. Des salariés malades, handicapés ou proches de la retraite se retrouvent sans filet de sécurité.
L'AGS au secours des multinationales : l'État paiera
Le scandale ne s'arrête pas là. Philippe Latombe l'écrit noir sur blanc : « C'est donc le système public de solidarité financé par les employeurs français qui assumera le paiement des salaires et des indemnités de départ. » Concrètement, l'AGS (Association pour la gestion du régime de garantie des salaires) devra payer à la place des actionnaires. Pendant ce temps, Apollo gère tranquillement ses 840 milliards de dollars d'actifs.
Le député interpelle directement à la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, sur cette aberration économique. Comment accepter que des géants internationaux utilisent la liquidation comme bouton d'éjection d'urgence ? Randstad affiche 3,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, mais préfère laisser les contribuables français éponger les dégâts. Dans un contexte budgétaire plus que tendu, le dossier a de quoi faire grincer des dents.
L'affaire Monster révèle hélas les failles béantes de notre arsenal juridique face aux stratégies d'évitement des multinationales. Le gouvernement saura-t-il muscler sa réponse et « contraindre les actionnaires à remplir leurs engagements », comme le demande Latombe ? Les salariés abandonnés attendent des actes, pas des promesses.