Le géant japonais Fujitsu veut développer un ordinateur quantique supraconducteur de plus de 10 000 qubits. Sa livraison est, sur le papier, prévue en 2030.

Pendant que ses concurrents célèbrent leurs quelques centaines de qubits, Fujitsu voit les choses en grand. Très grand même. L'entreprise nippone a annoncé son intention de développer une machine quantique de plus de 10 000 qubits d'ici la fin de la décennie. Une déclaration qui fait son effet dans un secteur où chaque qubit supplémentaire représente un exploit technique, mais aussi un argument de communication.
Fujitsu mise sur 250 qubits logiques pour dominer le marché
Pour atteindre cet objectif colossal, Fujitsu mise sur son architecture maison baptisée « STAR ». Les 10 000 qubits physiques de la machine permettront d'obtenir 250 qubits logiques réellement utilisables. Cette approche early-FTQC (informatique quantique tolérante aux pannes précoces) promet de corriger automatiquement les erreurs de calcul, le talon d'Achille actuel des ordinateurs quantiques.
Le projet bénéficie en plus du soutien financier du programme gouvernemental NEDO, l'agence japonaise pour l'innovation technologique. Fujitsu promet aussi de s'appuyer sur l'expertise du légendaire institut RIKEN et de l'AIST, afin de mobiliser l'élite scientifique nippone. L'entreprise a pour objectif de révolutionner la science des matériaux grâce à des simulations impossibles à réaliser aujourd'hui.
La feuille de route s'étend jusqu'en 2035, avec des paliers impressionnants. D'abord transformer 10 000 qubits physiques en 250 qubits logiques fiables en 2030, puis viser 1 000 qubits logiques cinq ans plus tard. Fujitsu prévoit même d'intégrer des qubits spin diamant, une technologie encore plus stable, pour les calculs les plus exigeants.
Le Japon remet les compteurs à zéro dans la course quantique
L'annonce de Fujitsu bouleverse-t-elle la hiérarchie mondiale ? Au 18 août 2025, Atom Computing domine le marché des ordinateurs quantiques avec un record de 1 180 qubits physiques grâce à sa technologie basée sur des atomes ultra-froids. IBM suit de près avec son processeur Condor, équipé de 1 121 qubits physiques. En matière de qubits logiques, IBM Quantum Blue Jay promet à terme 2 000 qubits logiques, ouvrant la voie à l’informatique quantique tolérante aux pannes et à des applications révolutionnaires dans le calcul scientifique avancé.
L'Europe n'abdique pas pour autant. La start-up française Pasqal revendique 400 qubits physiques avec une précision record de 99,7% et vise les 200 qubits logiques d'ici 2030, tandis que Quandela prépare ses premiers qubits logiques grâce à sa technologie photonique, qu'elle maîtrise déjà. Alice & Bob, de son côté, fascine le milieu avec ses qubits de chat qui maintiennent leur état quantique pendant plusieurs minutes, un record absolu.
Au-delà de la prouesse technique, l'informatique quantique promet à terme de faire basculer dans une nouvelle ère la cryptographie, d'accélérer la découverte de nouveaux médicaments et évidemment d'optimiser l'intelligence artificielle. Fujitsu l'a compris. Un peu comme nos fleurons français, sa vision Made in Japan vise l'indépendance technologique totale face aux géants chinois et américains, en unifiant calcul quantique et supercalcul traditionnel. Le défi est lancé, rendez-vous en 2030.