Un artiste belge propose une approche radicalement différente des applications de rencontres classiques. Browser Dating promet de révéler votre « vraie personnalité » en analysant vos 5000 dernières recherches web pour vous connecter à votre âme sœur numérique.

Fini les photos retouchées et les profils soigneusement orchestrés. Cette plateforme expérimentale mise sur la transparence totale de votre comportement en ligne pour créer des connexions authentiques. Mais cette quête d'authenticité soulève des interrogations majeures sur la protection des données personnelles dans un secteur déjà critiqué pour ses pratiques douteuses.
Un concept qui bouscule les codes traditionnels
Dries Depoorter, l'artiste de 34 ans derrière ce projet, part d'un constat simple : les applications actuelles favorisent l'illusion plutôt que la réalité. Son Browser Dating fonctionne sur un principe inverse de Tinder ou Bumble.
Les utilisateurs doivent d'abord installer une extension Chrome ou Firefox pour exporter leur historique de navigation. Ces données sont ensuite analysées par une intelligence artificielle qui génère un « profil de personnalité de navigation ». L'algorithme identifie des patterns comportementaux pour proposer des matchs basés sur des habitudes numériques similaires.
Cette approche cible explicitement les lacunes des plateformes traditionnelles. Plutôt que de sélectionner ses meilleurs atouts, l'utilisateur expose ses curiosités les plus privées. Recherches de nuit anxieuses, questions existentielles sur Google, centres d'intérêt inavouables : tout devient matière à rapprochement.

Le site affiche actuellement moins de 1000 inscrits depuis son lancement la semaine dernière. Son modèle économique tranche également avec la concurrence : 9 euros pour un accès à vie, contre les abonnements mensuels habituels du secteur.
Des risques de confidentialité préoccupants
Une étude récente de Mozilla révèle que 22 des 25 plateformes les plus populaires échouent à protéger correctement la vie privée de leurs utilisateurs. Les chercheurs de l'université KU Leuven ont par ailleurs démontré que toutes les applications de rencontres géolocalisées analysées présentent des fuites de données sensibles. Certaines révèlent même la localisation précise des utilisateurs. Browser Dating tente de répondre à ces préoccupations par un traitement local des données via Firebase de Google. Depoorter assure que l'historique de navigation n'est jamais partagé directement entre utilisateurs, seuls des « faits amusants » sur les centres d'intérêt communs sont communiqués après un match.
Cependant, l'ampleur des informations collectées - jusqu'à 5000 recherches récentes - pose question. Ces données peuvent révéler des détails intimes sur la santé, les opinions politiques ou l'orientation sexuelle, informations particulièrement sensibles dans le contexte des rencontres. Les premiers retours d'utilisateurs oscillent entre curiosité et inquiétude. Certains développeurs qualifient le concept de « super bizarre », tandis que d'autres saluent cette approche alternative à la curation excessive des profils traditionnels.
Source : Wired
14 février 2025 à 09h23