Le code source de Parcoursup comporte « de nombreuses vulnérabilités » que la justice cherche à enterrer

06 février 2024 à 10h01
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L’algorithme de Parcoursup n’est pas sécurisé, de l’aveu même du ministère © Pixavril/Shutterstock
L’algorithme de Parcoursup n’est pas sécurisé, de l’aveu même du ministère © Pixavril/Shutterstock

Pas étranger aux polémiques depuis son lancement, l’outil de sélection Parcoursup fait de nouveau les gros titres. Cette fois, c’est la sécurité de son code source qui inquiète.

C’est une décision de justice étrange qui vient d’être publié sur le site du ministère de l’Éducation. Dans la lettre d’information juridique N° 288 datée de janvier 2024, la rue de Grenelle fait le point sur la sécurité du code source de Parcoursup. Et de l’aveu même de l’institution, la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur semble relativement peu sécurisée.

Un risque d’atteintes aux « systèmes d’information de l’administration »

Suite à une demande de l’association Ouvre-Boîte, la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) avait rendu un avis favorable à la publication du code source de l’outil. La demande étant longtemps restée lettre morte, l’association a déposé un recours devant le tribunal administratif. Ce dernier est allé à contre-courant de la décision de la CADA et a donc dispensé l’État de rendre public l’algorithme de Parcoursup.

Si la transparence voulue par le Code des relations entre le public et l’administration en prend un coup, ce sont surtout les raisons invoquées par la juridiction de droit commun qui surprennent ici. Comme il est écrit dans la lettre du ministère de l’Éducation, la publication du code serait inenvisageable, car il comporterait « de nombreuses vulnérabilités, dont la résolution impliquait la réalisation de travaux dont la durée prévisible s’élevait à plusieurs années ».

Pour le dire plus simplement donc, le code source de la plateforme va rester secret pour ne pas encourager les pirates à aller chercher des failles « susceptible[s] de porter atteinte à la sécurité des systèmes d’information de l’administration », ajoute le tribunal administratif. Cette décision s’appuie en partie sur « les recommandations du prestataire externe en cybersécurité du ministère chargé de l’enseignement supérieur. »

La sécurité par la confidentialité

Comme le note le site Acteurs publics, le ministère assume cette position de « sécurité par la confidentialité » et avoue même que « la déficience voire l’obsolescence d’une partie du code de Parcoursup rendent nécessaire cette mesure de sécurité ». De quoi laisser perplexe quant à la protection des données assurées par la plateforme.

C’est loin d’être la première fois que Parcoursup concentre les critiques. En 2019, le site était victime d’un bug qui mettait dans la panade 67 000 inscrits. Idem en 2023, où 84 000 candidats et candidates étaient encore sans affectations début juillet. Malheureusement, sans publication du code source, impossible de comprendre exactement les raisons derrière ces bugs.

Source : Acteurs publics

Corentin Béchade

Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur...

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Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur les thèmes de l’écologie et du numérique ainsi que sur la protection de la vie privée. Le week-end je torture des Raspberry Pi à grands coups de commandes 'sudo' pour me détendre.

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Commentaires (4)

BJ_Inc
« de nombreuses vulnérabilités, dont la résolution impliquait la réalisation de travaux dont la durée prévisible s’élevait à plusieurs années »… plusieurs années, si c’est pas du foutage de gueule. Je pense qu’en plus des vulnérabilité, le code cache d’autre défaut ou d’autres choses qui pourrait faire polémiques.
ti4444
j’imagine un gros «&nbsp;wrappeur degeu&nbsp;» avec un langage pourri, c’est le résultat de l’externalisation à outrace et bien sur sans suivi…<br /> On a bien vu ce qui s’est passé quand le code source pour les impots était sorti dans le public c’était fait avec les pieds mal optimisé etc…
vvdb
C’est, semble-t-il, l’implémentation de l’algorithme qui pose un problème…<br /> Pourquoi a-t-on besoin du code ?<br /> Il suffit de différents jeux de données pour voir si cette implémentation est fidèle, il faut accepter de tester une boîte ‹&nbsp;noire&nbsp;›.<br /> Être transparent, n’a jamais été être nu !<br /> Toutes les administration se doivent d’être totalement transparente.
brice_wernet
Je ne comprends pas d’où sort le titre de l’article et les assomptions qu’il faudrait des années à corriger des vulnérabilités.<br /> La lettre indiqué que SI le code source est publié ALORS des vulnérabilités seraient trouvées. Mais rien ne dit qu’ils connaissent déjà des vulnérabilités.<br /> Au mieux l’article interprète et est totalement à charge, au pire c’est de la propagande.
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