Le secteur aérien victime collatérale du coronavirus, notre enquête

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
01 avril 2020 à 16h44
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L'aérien en souffrance (© Pixabay)

Le secteur de l'aéronautique vit une crise sans précédent, totalement incomparable dans son ampleur à celle que le monde avait subi des suites du 11 septembre 2001 par exemple. La pandémie de Covid-19 pourrait mettre à terre une grosse partie de l'industrie, sans une intervention majeure des États.

L'ensemble des secteurs économiques, de l'agroalimentaire à l'industrie automobile, se retrouvent gravement impactés par la crise du coronavirus. Mais il est un domaine dont on ne parle que peu dans les médias, et qui, pourtant, vit la période la plus critique de son histoire moderne. Il s'agit du secteur aérien. L'Association internationale du transport aérien (IATA) estime à 250 milliards de dollars le manque à gagner pour l'aéronautique au sortir de la crise. C'est dix fois plus que le choc provoqué par les attentats du 11 septembre.

Les conséquences pourraient être terribles pour les différents pans du secteur aérien. On pense notamment aux compagnies aériennes, qui sont en première ligne, mais aussi aux constructeurs, aux fournisseurs, aux aéroports, aux nombreuses TPE-PME et aux dizaines de milliers de salariés qui ne font face qu'à l'obscurité lorsqu'ils scrutent l'horizon. La situation est grave, mais est-elle irrémédiable pour autant ? Qui saura s'en relever, grâce à qui et à quel prix ? Clubic a tenté de répondre à ces questions avec l'expertise de Xavier Tytelman, ex-aviateur militaire et consultant aéronautique, renforcée par plusieurs témoignages.

1. L'aérien, l'un des secteurs les plus touchés : pourquoi ?

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Sale temps pour le secteur (© Pixabay)

Le secteur de l'aéronautique est le révélateur des échanges commerciaux internationaux. « Lorsqu'il y a un mouvement de croissance économique, ou l'inverse, il y a toujours deux fois plus de croissance, ou décroissance, de l'aviation que celle économique locale », nous explique Xavier Tytelman. Cela signifie, par exemple, que si la croissance de la Chine vient à augmenter de 5%, celle de l'aviation devrait suivre à hauteur de 10%. Et si le monde subit une récession de 10%, celle de l'aviation devrait être de l'ordre de 20%.

« En France, on note une chute de 80% du trafic aérien »


Dès lors qu'une composante de l'aérien est touchée par une difficulté ou par une crise, celle-ci contamine rapidement l'ensemble du secteur. Un peu à la façon dont le coronavirus s'est rapidement propagé à travers le monde.

L'élément fondateur qui a précipité l'aérien dans la crise est la fermeture des frontières. « Le trafic aérien est en chute libre », nous dit Norbert Bolis, secrétaire national de l'USACcgt, premier syndicat de l'aviation civile. « C'est sans précédent, avec, en France, une chute de 80% du trafic, ce qui est énorme et aurait été presque être inimaginable il y a quelques années.

La fermeture des frontières « a entrainé des annulations massives, avec des flottes clouées au sol jusqu'à 90 voire 100%. Plusieurs pays ont totalement fermé leurs frontières. Certaines compagnies vont perdre la moitié de leur chiffre d'affaires annuel », constate et prédit Xavier Tytelman.

Les compagnies aériennes sont les plus exposées aux dangers de la crise. Autant en raison de leur activité que de leur modèle économique, très particulier, comme nous l'explique le consultant aéronautique : « Elles ont des frais fixes très importants. Ces frais fixes englobent pour un un tiers le prix du pétrole, un tiers pour les salaires, et le reste pour le fonctionnement général et l'achat ou la location des avions. »

« Certaines compagnies vont perdre la moitié de leur chiffre d'affaires annuel »


On pourrait se dire qu'avec des avions cloués au sol par la force des choses, les compagnies aériennes peuvent se défaire d'une partie des couts usuels habituels. Mais il n'en est rien. Car si les appareils sont cloués au sol, certains aéroports exigent tout de même des frais de parking, ce qui a occasionné quelques tensions à Paris avec une gueulante d'Air France et KLM. « Sur certains aéroports saturés, comme Paris, Amsterdam ou Heathrow, vous disposez de créneaux, très précieux. Si vous utilisez moins de 80% de ces créneaux sur l'année, vous les perdez l'année suivante. Les compagnies se forcent donc à faire des vols avec 5, 10 ou 20 passagers, juste pour pouvoir avoir des vols l'année prochaine », raconte Xavier Tytelman. Un modèle voulu et instauré par l'Union européenne.

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L'activité est clairement au ralenti en Europe et dans le reste du monde. Mais pas en Amérique du Nord (© Capture écran Clubic - FlightAware Live)

Le phénomène des frais pour les avions cloués au sol est évidemment encore plus fort chez les sociétés du secteur en difficulté. Car plus une compagnie est fragile, moins elle possède d'avions. Plus elle en loue, donc. Un terrible poids aujourd'hui. « Une compagnie en difficulté, comme Alitalia, loue 85% de sa flotte. Des compagnies intermédiaires, comme Air France ou British Airways louent aussi une partie de leur flotte, l'autre étant en pleine propriété. Les compagnies solides, comme Lufthansa, possèdent majoritairement leurs avions », ce qui les avantage.

« Le phénomène des frais pour les avions cloués au sol est évidemment encore plus fort chez les sociétés du secteur en difficulté »


Pour les compagnies qui ne sont pas propriétaires de leur flotte, les loyers sont plus difficiles à décaler que des remboursements d'échéances aux banques. Un cercle vicieux. Les compagnies les plus solides, comme Lufthansa et Ryanair, propriétaires de leurs avions, ont déjà fini de rembourser leurs appareils. Lorsqu'elles clouent un avion au sol, elles n'ont ainsi plus aucuns frais, et absorbent mieux la crise.

2. La situation financière des compagnies aériennes

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Air France souffre terriblement de la crise, comme d'autres compagnies (© Air France)

On a peut-être du mal à se faire une idée de la situation financière des compagnies aériennes, mais il faut avoir à l'esprit que beaucoup étaient déjà dans le rouge ou n'en étaient pas loin. La crise provoquée par la pandémie de Covid-19 aura, quoi qu'il arrive, des conséquences catastrophiques. « Il y a aura beaucoup de faillites », selon Norbert Bolis. Les compagnies aériennes sont très fragiles, celui qui veut se faire de l'argent ne va pas acheter des avions aujourd'hui. Il y a déjà des compagnies qui ne volent plus. Hop! et Transavia ont déjà arrêté 100% de leurs vols avec la crise. Plus elle durera, plus le nombre de compagnies à rester sur le tapis sera grand. C'est une évidence. »

« Il y aura beaucoup de faillites »


La compagnie européenne qui a le plus de liquidités, c'est Ryanair, rappelle Xavier Tytelman. Elle a quasiment de quoi payer 4 ou 5 mois de frais en banque. Ce qui représente des milliards et des milliards d'euros. Air France, de son côté, a 5,5 milliards d'euros disponibles en trésorerie. De quoi tenir quelques semaines seulement. Et le temps de mettre tout le monde en chômage partiel..., s'inquiète le spécialiste de la sécurité aérienne. Pour le reste, les compagnies font face à des problèmes identiques aux entreprises issues d'autres secteurs : le report de charges, le chômage partiel, les crédits garantis par l'État, etc.

Certaines compagnies étaient en difficulté après avoir enchainé les crises, comme les gilets jaunes ou les grèves de cet hiver. « Des compagnies, comme Norvegian, ont souffert à cause de la crise du Boeing 737 MAX. D'autres sont structurellement déficitaires et auraient déjà dû disparaitre, comme Alitalia ou la compagnie nationale roumaine Tarom, qui sont soutenues par des gouvernements, alors qu'elles ne sont pas rentables. » Ce(ux) qui peuvent venir au secours des compagnies, nous en parlons un peu plus loin.



L'annulation des vols, dont nous parlions un peu plus haut, a des conséquences sur les finances et la billetterie des compagnies. Il existe un principe simple, posé par la loi, qui oblige à rembourser le client si un vol est annulé uniquement, par les autorités ou par une compagnie, et ce dans l'Union européenne. Plusieurs compagnies aériennes et autres acteurs du tourisme préfèreraient privilégier des reports ou des avoirs, et ce que le vol soit annulé ou que le client demande un remboursement dans le cas d'un vol maintenu. « Ce qui est le plus invraisemblable, c'est que les tour-opérateurs comme le Club Med ont obtenu de distribuer des avoirs, alors que les compagnies aériennes ont l'obligation de rembourser », s'étonne Xavier Tytelman.

« Obliger les compagnies à rembourser va les mettre à genoux »


Air France, qui a confirmé le 29 mars être contrainte de supprimer jusqu'à 90% de ses capacités de vol au cours et ce pendant au moins deux mois, propose aux personnes ayant réservé un billet avant le 31 mai 2020 de le reporter sans frais supplémentaires. « C'est un beau geste », salue l'USACcgt. Pourtant, la plupart des compagnies bloquent le remboursement et tentent d'imposer l'avoir ou le report. Dans le secteur aérien, plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer l'obligation de rembourser ou de proposer un avoir remboursable maintenant. « Cela peut tuer le secteur », s'exclame une source anonyme rattachée à une compagnie européenne.

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easyJet casse ses prix (© Capture d'écran Alexandre Boero pour Clubic)

Obliger les compagnies à rembourser va les mettre à genoux, redoute Xavier Tytelman. Le consultant nous fait savoir, au passage, qu'easyJet, la compagnie aérienne low cost britannique propose des vols à prix réduit pour la période automne 2020 - hiver 2021. Et après avoir surfé sur le site de la compagnie, effectivement, c'est le moment de faire de bonnes affaires ! Un Marseille/Londres aller-retour (14 et 16 décembre 2019) est proposé à 64 euros seulement, contre 113 euros chez British Airways au meilleur tarif. Et ce tarif-là est proposé sur plusieurs autres dates du mois. « C'est une occasion en or pour les voyageurs, et la compagnie, elle, arrive à obtenir du cash, pour pouvoir voir venir dans les prochains mois », analyse notre expert.

3. Les conséquences de la crise sur les constructeurs, fournisseurs et aéroports

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Aéroports, constructeurs et fournisseurs, eux aussi sont touchés de plein fouet par la crise, ici le contrôle des roues ATR et A400M chez Safran (© Adrien Daste / Safran)

Chez les constructeurs, on peut se demander si les carnets de commandes se réduisent à vue d'œil ou pas. « Il n'y a plus de prise de commande en tout cas, ce qui n'est pas non plus très grave », temporise X.Tytelman. « Historiquement, c'est la première fois de son histoire qu'Airbus n'a enregistré aucune commande en janvier, après un record de livraisons en 2019. »

Les constructeurs vont tout de même souffrir si de trop nombreuses compagnies mettent la clé sous la porte, puisque l'usage veut qu'ils soient payés par les compagnies au moment de la livraison des appareils, et non au moment de la commande. « La difficulté, pour les constructeurs, et que leur chaine d'approvisionnement peut être réorganisée, avec une structure de gestion de crise. Mais les PME qui leur fournissent des pièces détachées n'ont peut-être pas la même amplitude. Est-ce que les fournisseurs peuvent continuer à fournir des pièces ? Les PME de l'ensemble du secteur suscitent l'inquiétude. Il y aura-t-il des aides de l'État ? », se demande le consultant.

« Les constructeurs vont souffrir si de trop nombreuses compagnies mettent la clé sous la porte »


Il faut s'attendre à ce que certaines compagnies aériennes demandent de repousser la livraison des derniers appareils. « Certaines le font déjà. » D'autres disparaitront avant d'avoir réceptionné leurs avions. On retrouve encore aujourd'hui des traces visibles de WOW Air, compagnie islandaise qui a pourtant fait faillite en 2019. « Si vous allez à Toulouse encore aujourd'hui, vous trouverez des avions aux couleurs de WOW Air. Il faut trouver un repreneur pour l'avion, réorganiser l'aménagement intérieur, avec des options techniques spécifiques à une compagnie. Pour le constructeur, c'est compliqué, et ça coute de l'argent », nous explique Xavier.

La situation des aéroports est aussi évidemment préoccupante. Plusieurs d'entre eux sont en grande partie fermés, puisque le trafic aérien commercial y est quasi inexistant. Mayotte et Nantes font partie des exemples. Mais si vous suivez l'actualité de l'aéronautique et au moins celle du monde économique, vous avez sans doute eu vent de la fermeture d'Orly, deuxième aéroport de France, à compter du 31 mars, et probablement jusqu'à juin-juillet. Un décret du 27 mars 2020 signé par le secrétaire d'État chargé des Transports, Jean-Baptiste Djabbari, est venu le confirmer.


Les aéronefs d'État et les vols de secours médical d'urgence ou d'évacuation sanitaire sont les seules exceptions. Les dernières compagnies qui étaient encore actives à Orly transfèrent leurs activités sur Paris-Charles-de-Gaulle. Mais même à Roissy, seuls un ou deux terminaux vont être opérationnels.

Enfin, derrière ces sociétés et ces structures se cachent des hommes et des femmes. Certains pourraient perdre leur emploi (318 000 emplois seraient menacés rien qu'en France selon l'Association internationale du transport aérien, l'IATA), d'autres sont au chômage technique. Anna (nous avons volontairement modifié son prénom), qui devait prendre ses fonctions d'agent aéroportuaire pour le compte de compagnies comme Delta Airlines, United Airlines ou Turkish Airlines, a vu son contrat saisonnier être suspendu par son employeur, qui attend la reprise d'une activité. La jeune femme dénonce au passage un cruel manque de sécurité sanitaire pour les agents exerçant dans les aéroports, par les temps qui courent. « Pendant la propagation du coronavirus, en tant qu'agents, il était strictement interdit de porter des masques ou de porter quelque chose d'équivalent pendant les palpations, sous peine que les sociétés ''perdent leurs marchés'' », dénonce-t-elle.

« 318 000 emplois seraient menacés rien qu'en France selon l'Association internationale du transport aérien »


Le secrétaire national de l'USACcgt, Norbert Bolis, représente ceux que l'on appelle communément « les aiguilleurs du ciel », que l'on retrouve dans les centres et les tours de contrôle. La profession est d'ailleurs relativement épargnée malgré la crise. « Prenons l'exemple d'Orly. Le personnel présent dans la tour de contrôle sera toujours là, car il peut y avoir des évacuations sanitaires à effectuer », rappelle-t-il à juste titre.

Mais le syndicaliste s'inquiète tout de même pour sa profession qui pourrait, à terme, souffrir de la crise. Le personnel de l'aviation civile est en effet composé de fonctionnaires, dont le statut est remis en cause par la nouvelle loi de la fonction publique, qui conduit à l'embauche de contractuels, en remplacement des fonctionnaires. « Le risque, qui est réel depuis 10 ans, c'est que nous ne recrutions plus. La DGAC (direction générale de l'Aviation civile) a perdu 13 à 14% de ses effectifs depuis 2008. Si le trafic ne remonte pas, nous allons avoir du mal à demander un renforcement », craint Norbert Bolis, qui est sceptique quant à un trafic qui repartirait à la hausse en sortie de crise, relayant des craintes du secteur. « Le mouvement parti de Suède, qui clamait la ''honte de prendre l'avion'' a aussi fait mal à l'aérien. »

4. La plus grosse crise de l'aviation moderne

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Les aéroports sont désertés, ou fermés (© Pixabay)

Le 25 mars, l'IATA (Association internationale du transport aérien) a annoncé prévoir un manque à gagner de 250 milliards de dollars pour l'aérien. « C'est le double de la valeur évoquée début mars (115 milliards), et ça n'a surement pas fini de grossir », prévient Xavier Tytelman. « On ne revient pas à 100% tout de suite en Asie, ce sera pareil en Europe. Si tout cela se prolonge à l'été, les chiffres vont être d'autant plus catastrophiques. L'aérien traverse la plus grosse crise de son histoire. »

La période 2008/2009, avec la crise financière, le 11 septembre (qui n'avait couté "que" 25 milliards de dollars au secteur), le SRAS, l'interdiction des vols avec l'éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull (100 000 vols annulés), rien n'était comparable avec ce que l'on traverse aujourd'hui. « Le ministre de l'Économie fait désormais le parallèle avec la crise de 1929. Cela va faire un siècle qu'on n'a pas connu un choc aussi violent. »

« L'aérien traverse la plus grosse crise de son histoire »


Sans soutien national, la quasi-totalité des compagnies aériennes pourraient potentiellement faire faillite si elles étaient confrontées à une interdiction et une annulation des vols sur les 3, 4, 5 ou 6 prochains mois. Il est même tout à fait possible que des compagnies comme Air France, Korean Air puissent être menacées. Les professionnels du secteur ne s'en cachent pas. « Peut-être qu'Etihad Airways pourrait disparaitre et jeter l'éponge. Et on ignore les capacités de survie des compagnies sénégalaises et ivoiriennes. Si ces compagnies disparaissent, il ne pourra pas y avoir de reprise économique à l'issue, cela rejoint ce que nous disions au départ. Si des lignes disparaissent, cela fait perdre des emplois », explique le consultant aéronautique.

Concrètement, une ligne long-courrier occasionnerait entre 30 et 60 millions d'euros de retombées économiques, et autour d'un millier d'emplois. Des données conséquentes qui vont pousser et contraindre, sans aucun doute, de nombreux États à voler littéralement au secours des compagnies locales. « Les plus petites compagnies auront les mêmes aides qu'Air France. Je pense en plus qu'elles sont indispensables sur la desserte de certaines zones sur lesquelles elles sont les seules à assurer des connexions directes.

« Sans soutien national, la quasi-totalité des compagnies aériennes pourrait potentiellement faire faillite »


Il convient surtout de s'inquiéter pour des compagnies qui n'ont pas de véritable attache dans un pays, comme Volotea ou easyJet. Ryanair, de son côté, est solide, mais pour Xavier Tytelman, « en tant que compagnie européenne, si nous allons jusqu'à la catastrophe, l'Irlande a-t-elle vocation à sauver un vol entre la Grèce et la Pologne ? Sans doute que nous. Soit le gouvernement local les soutient pour passer la crise, soit les mauvaises nouvelles s'enchaineront. »

Le secrétaire national de l'USACcgt, lui, nous rappelle l'analyse de certains spécialistes. « Beaucoup parlent de crise en V ou en U. En V, ça descend et ça remonte très rapidement, une fois la crise terminée. En U, il y a une longue stagnation vers le bas. Les spécialistes penchent plutôt pour la crise en U. » Une intervention en haut lieu est donc plus que nécessaire. Elle est indispensable.

5. Quelles solutions pour sauver le secteur ?

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Une solution évidente se dégage pour relancer l'activité et sauver l'industrie (© Pixabay)

Nous le disions, le secteur aérien est en proie à de terribles conséquences dans les semaines et mois à venir, mais il est évident que des acteurs, étatiques par exemple, vont venir épauler, soutenir les différentes composantes de l'aéronautique. Dans la forme, on peut tout à fait envisager des nationalisations partielles temporaires, qui permettraient de restructurer de force les compagnies.

« Air France vaut à peine le prix de ses avions aujourd'hui »


« À la fin, le gouvernement fait des bénéfices quand il revend des actions qu'il a pu prendre à ce moment-là. Lorsque Sarkozy avait prêté de l'argent aux banques, il avait été décrié, sauf que les banques ont fini par rembourser avec intérêts et plus d'un milliard d'euros gagné par l'État », rappelle Xavier Tytelman, pour qui la nationalisation d'Air France risque d'être compliquée, bien que le secrétaire d'État chargé des Transports évoque « une hypothèse parmi d'autres que nous n'écartons pas. »

« Des pactes d'actionnaires l'empêchent, avec Delta Airlines, Air China etc. », argumente le consultant aéronautique. « Par contre, une montée temporaire au capital, avec des actions revendues derrière ou remboursées, pourquoi pas. Mais il est plus probable que l'on parte sur des prêts garantis par l'État à hauteur de 90% par exemple par la France. Quand on entend parler d'aider Air France à hauteur de 10 milliards d'euros, cela ne veut pas dire que l'on va faire un chèque de ce montant à la compagnie. Cela veut dire qu'on met 10 milliards d'euros à leur disposition, que la compagnie rendra avec des intérêts. C'est doublement avantageux, car la compagnie reste en vie, d'un côté, et l'État a des intérêts de l'autre. »

Aujourd'hui, l'État est actionnaire à hauteur de 14% du capital de la première compagnie aérienne française.

« La nationalisation momentanée pourrait entrainer des dérives »


La nationalisation momentanée « pourrait entrainer des dérives », selon Norbert Bolis. « Si c'est pour ''nationaliser les pertes et privatiser les profits'' comme on dit, alors nous ne sommes pas d'accord. » L'avenir nous dira quelles responsabilités l'État décide de prendre quant à Air France.

Outre l'intervention de l'État, une autre solution existe. La crise provoquée par le coronavirus pourrait inciter des investisseurs (de l'aérien ou pas) à se frayer un chemin dans le secteur en montant au capital de compagnies au bord du gouffre, à la valeur chancelante. « Air France vaut à peine le prix de ses avions aujourd'hui. Depuis quelques années, on assiste à une consolidation du secteur, avec des compagnies qui se rapprochent pour atteindre des masses critiques. Vous avez les acteurs de grande taille et de premier plan qui ont les reins solides et vont sortir mieux que les autres de la crise et vont participer à la consolidation », analyse Xavier Tytelman.

Une fois la crise passée, il se pourrait que l'on assiste à des mouvements importants sur le marché de l'aérien, avec une compagnie-fleuve, comme Lufthansa, qui pourrait avaler Air Portugal, par exemple. Les compagnies plus petites, elles, auront plus de risques de se faire racheter. Les compagnies intermédiaires, comme Air France, ne pourront par contre pas participer aux consolidations, et pourraient subir une stagnation ces prochaines années.

Celles qui en profiteront seront peut-être Qatar Airways, United Airlines, Southwest Airlines, Lufhtansa, Saudia et les compagnies chinoises, qui sont de fausses compagnies privées, sauf celles qui vont disparaitre, comme Hainan Airlines et Hong Kong Airlines », imagine le spécialiste.

6. Quel avenir à court et moyen terme ?

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L'aérien peut-il redécoller ? (© Pixabay)

Après la lecture de ce long dossier, il se peut que votre enthousiasme à voir le secteur aérien se relever soit réduit à néant. Mais il existe pourtant un motif d'espoir, au-delà des aides éventuelles qui seront certainement déclenchées à l'égard des multiples acteurs du secteur.

« Les gens ne vont pas perdre le besoin ni le gout de voyager. On ne va pas renoncer au voyage aérien. Quand le business repartira, des avions vont reprendre. La demande ne reviendra pas si l'économie générale ne revient pas. Je pense que l'aviation reviendra vite à son niveau d'avant crise à partir du moment où on retrouve des niveaux d'économie classique. Des compagnies vont disparaitre, sans doute plusieurs dizaines. En 2019, 25 ont disparu sans crise mondiale véritable », nous explique Xavier Tytelman.

Il est évident que les gens voudront encore voyager, et paradoxalement, ils voudront sans doute davantage partir à la découverte du monde, alors que la crainte du coronavirus, elle, restera ancrée dans nos esprits durant un moment.

Le secteur aérien devra tout de même composer avec un autre obstacle (ou une opportunité, c'est selon) : celui des contraintes écologiques, qui pourront provoquer des ruptures, à des échéances un petit peu plus longues. Les taxis volants et autres avions électriques ou hybrides occuperont bien l'espace ces prochaines années. Et l'aérien parviendra à renaitre de ses cendres.

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© Pixabay

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (30)

cirdan
Le secteur aérien repartira. Si vous offrez la possibilité aux personnes de voyager, alors elles voyageront mais peut-être est-ce le bon moment pour se poser la question de la croissance excessive de ce secteur avant la crise et de son impact sur le climat et les ressources en rendant tellement facile le transport de personnes et de marchandises. Si une bonne chose devait sortir de cette terrible crise, ça serait peut-être la régulation de sa croissance future.
GRITI
Il y a d’autres aspects qui pourront avoir un impact sur ce secteur. Il y a en effet la question écologique évoquée en fin d’article mais il y a aussi ce qui est évoqué par @cirdan. Tout ce qui est lié à la décroissance, la simplicité volontaire etc…<br /> Il est difficile de savoir ce que va donner cette crise au niveau des individus. Déjà, auront-ils l’argent pour voyager? Auront-ils envie que des avions se remettent à voler? J’en entends de plus en plus dire qu’ils apprécient que les avions ne volent plus. Auront-ils envie d’aller à l’étranger ou la peur d’une nouvelle pandémie (être bloqués sur place et/ou être contaminés) les fera privilégier leur pays (nous avons la chance d’avoir un très beau pays)?<br /> Est-ce que les priorités des populations changeront suite à cette crise? Est-ce qu’il y aura un recentrage sur les choses vitales, les vrais besoins? Ou au contraire, suite à des semaines/mois de frustration les gens vont se lâcher sur tout ce qui sera loisir/détente?<br /> Je pense que cette crise peut être l’occasion de revoir nos modèles de sociétés/civilisation:<br /> 11h15. Les Français pour le « monde d’après ». Selon le sondage ViaVoice paru dans Libération, les attentes des Français sont fortes : 70 % des sondés estiment qu’il faut « reprendre la construction européenne et créer une vraie puissance européenne », en l’assortissant d’un certain protectionnisme économique (65 %) mais en ralentissant le productivisme (69 %).<br /> Source
dreaman59
Perso dès que ça repart, je pars en voyage… Juin ?<br /> Des compagnies vont faire faillite c’est certains et d’autres acteurs vont naître .<br /> La peur d’aller a l’étranger je n’y crois pas … dans 18 mois cela sera oublié…<br /> Quant à l’écologie, si on ne donne pas les moyens aux acteurs de se développer…
AlexLex14
dreaman59:<br /> Perso dès que ça repart, je pars en voyage… Juin ?<br /> Je suis effectivement de ton avis…<br /> Je me dis que le confinement provoque pour beaucoup une telle frustration (j’en fais partie, pas de balcon, pas de terrasse, le resto juste en bas de chez moi qui fait ses travaux dès 8h00) que dès que je pourrai partir je partirai. D’autres auront tout simplement envie d’honorer leur séjour reporté, etc. etc.
AlexLex14
GRITI:<br /> Je pense que cette crise peut être l’occasion de revoir nos modèles de sociétés/civilisation:<br /> Tu as raison.<br /> Mais je redoute une chose… je ne sais pas ce que tu en penses, mais comme tout phénomène, je pense que la pression retombera toute seule et que nous reprendrons, tous ou presque, une vie normale comme s’il ne s’était rien passé.<br /> Je ne dis pas que le monde ne fera pas son auto-critique, mais je suis sceptique là-dessus
AlexLex14
cirdan:<br /> ça serait peut-être la régulation de sa croissance future<br /> C’est clair ! Mais il ne faudra pas la confier à l’UE (la régulation), qui n’a fait que trop de mal au secteur…<br /> J’en n’avais pas pleinement conscience, mais la rédaction de ce dossier m’a permis de définitivement m’en rendre compte.
cirdan
Je pense qu’une régulation efficace du secteur ne peut être que mondiale. Raison de plus pour en douter.
AlexLex14
En effet
dreaman59
Et il va avoir des prix de malade parcequil va quand même avoir une chute de la demande !<br /> Et ça c’est vraiment cool ! ( attention Que la compagnie ne fasse pas faillite avant que l’on partent néanmoins … )
GRITI
AlexBoero:<br /> Mais je redoute une chose… je ne sais pas ce que tu en penses, mais comme tout phénomène, je pense que la pression retombera toute seule et que nous reprendrons, tous ou presque, une vie normale comme s’il ne s’était rien passé.<br /> C’est effectivement un risque car le passé l’a déjà démontré. Cependant, plusieurs choses peuvent empêcher que cela arrive:<br /> durée du confinement. Plus il sera long (certains experts de l’UE préconisent 6 mois…) et stricte plus il marquera les esprits.<br /> la virulence de la crise et sa durée. A voir si nous n’en sommes qu’au début ou si, comme pour la grippe espagnole, il y aura une seconde puis une troisième vague.<br /> les conséquences de la crise sur les besoins de bases. Les organisations FAO, OMS et OMC craignent un risque de crise alimentaire mondiale. Cela fait partie de ce qui peut marquer profondément et durablement les esprits.<br /> il y aura aussi les conséquences sur nos comportements sociaux. Ce qui peut entraîner comme conséquence de ne pas oublier ce qui s’est passé.<br /> il y a ceux qui auront pris goût au télétravail. Peut-être que l’on verra un changement de mentalité de la part des employeurs là-dessus.<br /> il y aura peut-être aussi un changement dans le monde du travail au niveau de l’automatisation. Par exemple les transports: métro, trains, bus autonomes. Plus de chauffeur humain=la machinerie n’est plus arrêtée en cas de maladie (ou droit de retrait) du chauffeur ou car on craint une contamination.<br /> il y aura aussi les restrictions qui se mettent en place au niveau des libertés individuelles et l’atomisation du code du travail. Tout cela est censé être provisoire mais bon…<br /> vaccination obligatoire une fois le vaccin trouvé<br /> etc…<br /> Il y aura potentiellement plein de raisons pour que les gens n’oublient pas cette crise. A voir comment agiront les gouvernements et les médias qui sont très bons pour détourner l’attention des gens.<br /> J’espère que les populations auront eu une prise de conscience sur le manque de résilience de notre société, de notre pays et des individus. Tout est tellement interdépendant que le moindre grain de sable peut faire des dégâts. On peut aussi envisager un boom au niveau des constructions/achats de maisons individuelles avec terrain pour ne plus subir un confinement en appartement ou pour fuir les grandes villes, avoir un jardin pour produire ses légumes.
AlexLex14
dreaman59:<br /> Et il va avoir des prix de malade parcequil va quand même avoir une chute de la demande !<br /> C’est certain, et ça permettra de relancer la machine en temps voulu
cirdan
GRITI:<br /> la virulence de la crise et sa durée. A voir si nous n’en sommes qu’au début ou si, comme pour la grippe espagnole, il y aura une seconde puis une troisième vague.<br /> Ta remarque est intéressante parce que les premières mesures de distanciation sociale datent de l’époque de cette grippe, en 1918 à St Louis, et elles ont permis de sauver beaucoup de vies dans cette ville.<br /> Il y a beaucoup de similitudes entre ces deux pandémies et malgré le nombre effarant de morts de la grippe espagnole (plusieurs dizaines de millions), son taux de mortalité n’était pas si sévère, 2 à 3%.<br /> Evidemment, il n’est pas question de comparer les contextes, mais là où je rebondis dans tes propos, c’est que l’expérience de cette pandémie n’a pourtant pas permis de prendre les bonnes mesures assez vite : les chinois ont d’abord caché puis nié l’apparition de ce virus, alors qu’avec le recul il aurait tout de suite fallu fermer les frontières et cesser tout mouvement de population à l’intérieur du pays. Mais c’était sans doute une décision trop difficile et radicale à prendre comme mesure de prévention. Autrement dit, il a fallu attendre que les choses tournent au vinaigre pour qu’ils commencent à se bouger sérieusement.<br /> Quant aux européens et autres, ils ont clairement trop attendu pour prendre des mesures de confinement même si, là encore, c’est une décision socialement et économiquement difficile à assumer.<br /> Donc tu vois, on avait déjà l’expérience pour mieux prévoir et gérer cette crise, mais on n’en a pas assez tiré profit. Comme si une sorte de fatalité faisait que l’homme a toujours besoin d’être mis devant le fait accompli pour réagir. Et au bout du compte, on finit toujours par le payer plus cher.
GRITI
cirdan:<br /> Donc tu vois, on avait déjà l’expérience pour mieux prévoir et gérer cette crise, mais on n’en a pas assez tiré profit. Comme si une sorte de fatalité faisait que l’homme a toujours besoin d’être mis devant le fait accompli pour réagir.<br /> Pour moi, la seule raison qui fait que tous les pays ont tardé à réagir c’est à cause des considérations économiques. Ne pas mettre son pays à l’arrêt par rapport aux concurrents et ne pas être traité en pestiférés et donc voir les frontières se fermer.<br /> En Espagne, des critiques commencent à se faire entendre suite à la mise à l’arrêt économique du pays… Pas simple de prendre les bonnes décisions et de trouver un juste milieu. Surtout avec une mondialisation aussi forte.
Blackalf
AlexBoero:<br /> mais comme tout phénomène, je pense que la pression retombera toute seule et que nous reprendrons, tous ou presque, une vie normale comme s’il ne s’était rien passé.<br /> Je ne dis pas que le monde ne fera pas son auto-critique, mais je suis sceptique là-dessus <br /> C’est ce que je pense aussi…il est facile de profiter de tout ce que notre époque propose à tous niveaux, mais beaucoup moins facile de renoncer à la plupart de ces choses, c’est pourquoi je pense aussi que la grande majorité des gens reprendront simplement leurs vies là où elles se sont arrêtées et seront heureux de retrouver la même façon de vivre qu’avant la crise
cirdan
C’est sûr. Et voilà un bon exemple, quoiqu’un peu extrême, sur le sujet :<br /> www.cnews.fr<br /> Coronavirus : Le vice-gouverneur du Texas estime que les personnes âgées...<br /> Dan Patrick, lieutenant-gouverneur du Texas (équivalent de vice-gouverneur), a estimé que les grands-parents, comme lui, devaient être prêts à mourir pour sauver l'économie du pays. Invité lundi soir sur Fox News, il a assuré que le confinement de la...<br />
GRITI
Oui j’ai lu cette info . Si je me souviens bien , il est cohérent car il est prêt à se l’appliquer à lui-même.<br /> Mais bon… Le Texas est-il une référence? (selon les valeurs de chacun bien sûr):<br /> Coronavirus: le Texas autorisé en appel à suspendre les avortements
cirdan
Tant que les magasins de ventes d’armes restent ouverts, le Texan est content
carinae
Hum franchement penses-tu réellement que les mode de vie des gens va changer comme ça ? Dans 6 mois tout est oublié et même peut être que ça repartira de plus belle les gens touchant du doigt la fragilité de la vie… tout au moins pour ceux qui n’auront pas perdu leur boulot… Car il ne faut pas se leurrer économiquement on va prendre très cher … Il faut espérer simplement qu’on en reviennent a une production plus nationale si possible…et accessoirement qu’on règle quelques comptes avec certains pays
GRITI
carinae:<br /> Hum franchement penses-tu réellement que les mode de vie des gens va changer comme ça ?<br /> Je n’arrive pas à savoir. J’entends les deux sons de cloche. Ceux qui veulent en profiter après cette période de frustration et profiter des bons plans (achats, voyages etc). Et ceux qui veulent au contraire aller vers plus de « simplicité ».<br /> Il y a trop d’inconnues encore pour pouvoir deviner quelle sera la tendance majoritaire. Rien que la durée du confinement et plus largement, de la crise du Covid 19, est une inconnue dont l’impact est encore…inconnu.<br /> Je pense aussi qu’économiquement on est mal barré. Et de cela aussi découleront beaucoup de choses.<br /> Bref…je n’en sais rien. J’ai des espoirs et beaucoup de craintes.<br /> J’ai l’impression que nous n’en sommes qu’au début et que pour le moment tout va bien. Les beaux jours sont là, on a de quoi manger, de l’eau, de l’électricité, internet (pour ceux qui ont les équipements pour), on peut encore sortir (un peu). Comparé à d’autres pays, nous sommes plutôt bien lotis. Mais pour combien de temps?
Nmut
AlexBoero:<br /> Mais il ne faudra pas la confier à l’UE (la régulation), qui n’a fait que trop de mal au secteur…<br /> Peux tu préciser ta pensée, s’il te plait?<br /> En quoi la régulation de l’UE a t’elle fait du mal?
carinae
Perso je pense que la réalité renverra directement les gens dans l’enbut de l’habitude. La rêverie et les bonnes intentions vont vite être sacrifiés sur l’hotel de la facilité…<br /> Franchement je ne sais pas si on est plutôt bien loti par rapport a d’autres, il est très clair que le médical n’était pas préparé a une épidémie …et je pense a tout ceux qui vont aller pointer a l’ANPE pour une cause externe. Le carnage a déjà commencé avec les entreprises en difficulté ou ceux qui étaient en période d’essai… Et ça va continuer pendant des mois…
pemmore
Aux états-unis si la grippe espagnole n’a tué que 2 à3% ça n’a pas été le cas en France, un pays sous nutri manquant de nourriture les hommes morts ou au front, dans les tranchées ça été une hécatombe plus que les bombes, par solidarité les Allemands aussi.<br /> Remarque ceux qui l’ont eu je suppose comme sera le covid étaient immunisés à vie, j’ai jamais vu mes parents et grands-parents se soigner contre la grippe, tous morts au dela des 90 ans.
pemmore
En France air-bus est la principale industrie de tout le sud-ouest et même des sous-traitants pour Toulouse chez-moi dans la Sarthe, je me suis toujours inquiété face à cette monoculture avec les risques économiques que ça représente et au même moment le 2ème poids-lourd économique: l’agriculture tousse écrasé par les nouvelles normes, et le maraîchage qui devra passer sa récolte à la déchetterie.<br /> Pour air-bus on ne peut rien, pour l’agriculture il faudra des passe-droits locaux de la part des préfets pour l’écologie, et peut’être des réquisitions de personnels au chômage, perso j’ai 72 ans, je me suis pris la partie bénigne du covid mais très fatigué sinon j’y serais j’ai souvent aidé les paysans pour leur récolte par devoir de solidarité.<br /> On ne peut pas rester à se faire (_____!) en plein confinement et savoir que des paysans vont tout perdre.
AlexLex14
Il y a deux indices dans le dossier <br /> CTRL+F « Union européenne » et tu verras de quoi je parle
cirdan
2 à 3% c’est le taux de décès par rapport aux personnes infectées, pas par rapport à la population. Comme aucun pays ne communiquait de chiffres à cause de la guerre, on peut simplement supposer qu’une majorité des gens ont été infectés.
Nmut
Ah ok, les décisions de l’UE suite aux demandes des compagnies (préservation de slots, principalement des demandes de compagnies « nationales ») ou pour protéger les passagers des abus de certaines compagnies, principalement low-cost avec leur passenger management un poil violent…<br /> Difficile d’en vouloir à l’UE pour ça, non? <br /> Par contre, le fait de ne pas avoir assoupli les règles des slots pour préserver les compagnies fragiles, ça je pense que c’est une grosse erreur. Mais malheureusement j’ai l’impression que ce sont les grosses compagnies qui ont derrière elle le « backup » des états qui ont laissé faire, dans un contexte de compétition à mort.<br /> Après, comme toutes les règles, il y a des gagnants et des perdants. Je ne pourrais pas dire si le transport aérien a bénéficié ou a perdu dans son ensemble à cause des règles européennes, ou des arbitrages et de la main mise (Maastricht Upper Area Control Center, Control Flow Management Unit, … - je ne mets pas les acronymes pour que tu trouves plus facilement des infos si ça t’intéresse -) d’Eurocontrol. J’aurai quand même plutôt tendance à penser que le single sky européen est un gros progrès/avantage pour les compagnies et les voyageurs.
toNNio
Le kérosène des avions n’est pas taxé (zéro). Quand ils reprendront l’air il faudra y remédier. Pourquoi le carburant des véhicules est il le seul taxé à environ 70% ?
fox-idcom
attention tout de même avec le taux de mortalité puisqu’il ne peut prendre en compte Tous les gens qui ont le virus : certains l’ont mais n’ont pas (ou peu) de symptomes et ne sont pas testés puisqu’à l’heure actuelle , il est impossible de tester toute la population. ce taux pourrait donc être beaucoup plus bas.
Bxm
« Le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant ».<br /> Nous ne croyons plus que le monde puisse continuer sur le modèle mis en place depuis un demi-siècle.<br /> Dès les années 1960 des voix s’étaient élevées pour informer et avertir du danger d’une utilisation débridée des énergies fossiles.<br /> Le président US Lyndon Johnson en 1965, le rapport Meadows en 1972 et bien d’autres…<br /> Le constat est sévère :<br /> Les premiers économistes ont simplement oublié de prendre en compte dans les bilans et autres éléments de comptabilité, le coût des ressources énergétiques considérées comme infinies et donc sans prix.<br /> Non la croissance n’est pas le fruit d’une bonne gestion et de l’application de plans de relance qui ont tous échoué depuis des dizaines d’années.<br /> Le miracle n’a pas eu lieu.<br /> Elle a été le fruit d’une énergie abondante et bon marché qui a permis ou elle était disponible, à certain pays de s’offrir des machines, du temps libre et d’être prospères.<br /> Les temps ont changé.<br /> La conscience que « les réserves ne peuvent être infinies dans un monde finit » est maintenant un constat et plus seulement une prévision.<br /> De nombreuses activités « économiques » se révèlent aujourd’hui très délétères et menacent la planète, notre maison commune.<br /> Le transport aérien peut en être le symbole.<br /> Il transcende les exploits, mais aussi nécessite des moyens énormes.<br /> Les avions requièrent pour leur construction beaucoup de matériaux, (ils ne sont pas en papier)<br /> Et après 20 ou 30 ans finissent dans des cimetières pour beaucoup d’entre eux.<br /> On oublie aussi vite que sans kérosène, les avions ne voleraient pas.<br /> Pourtant ce sont de véritables citernes volantes.<br /> Un A380 au décollage c’est :<br /> 245 tonnes de carburant plus 275 tonnes de carlingue et 40 tonnes de passagers.<br /> L’intensité de la dépense énergétique par passager dépasse l’entendement :<br /> Pour les vol long-courrier aller-retour,<br /> On est facilement à plusieurs centaines de litres de carburant, et plusieurs tonnes d’émissions de CO2 et GES, ceci en moins de 24 heures.<br /> Au-delà de la partie vol « proprement » dit, il faut mentionner les infrastructures, aéroports, parkings, logistique…<br /> A quoi sert le transport aérien ?<br /> Le transport aérien sert à plus de 55 % aux loisirs des pays riches, ses capacités de pollution dépassent déjà les objectifs fixés par le GIEC, mais il n’a que faire du réchauffement climatique, du CO2 que chaque passager émet en 24 h et ceci pour … 100 ans.<br /> Aucune aide ne devrait être consentie à un secteur qui tout fait pour contourner ou différer les réglementations environnementales, alors que le climat est dans une situation d’urgence absolue.<br /> La disponibilité des ressources en pétrole étant on le sait limitée, il convient de les réserver pour les années à venir, aux seuls usages vitaux.<br /> Cela doit être clairement annoncé par les États, afin de préparer des mesures de restrictions de ce mode de transports.<br /> Le transport aérien doit assumer ses contradictions :<br /> Soit il sait voler sans polluer, et dans ce cas ses activités n’ont pas à être encadrées.<br /> Soit il prend des mesures pour dépolluer en temps réel (quelques semaines) ses émissions en vol, sous le contrôle de scientifiques.<br /> On doit ici se dire la vérité, il n’existe à ce jour pas de solution pour récupérer le CO2 rependu en masse dans l’atmosphère.<br /> Les mesures du programme CORSIA sont un mélange de mesurettes qui relèvent plus de la communication pour déculpabiliser les clients du transport aérien que de mesures efficaces en temps réel.<br /> La seule solution est alors de payer pour polluer.<br /> On doit bien comprendre que compte tenu des enjeux pour préserver le climat, ces couts ne doivent plus être symboliques.<br /> Ils devront être à la hauteur des investissements qu’il faudrait réaliser pour décarboner les 900 millions de tonnes de CO2 émis chaque année par le transport aérien.<br /> En application du principe de pollueur payeur :<br /> Le transport aérien devrait également prendre en charge les émissions passées depuis les premières alertes lancées par les scientifiques.<br /> En première approche on estime qu’il convient de doubler le prix des billets d’avion.<br /> Quid d’une prochaine crise<br /> De plus, afin de prévenir toute nouvelle crise sanitaire, financière, énergétique… le transport aérien devra se doter d’un plan de crises et augmenter ses provisions en conséquence.<br /> En conclusion :<br /> Si des aides doivent être allouées au transport aérien c’est pour anticiper la reconversion des emplois actuels vers d’autres secteurs moins capitalistiques et plus respectueux de l’environnement.<br /> « Le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant ».<br /> Même si pour certains, politiques ou citoyens, les perspectives sont encore confuses sur un mode de vie à inventer, une majorité de Français constatent que nous vivons une période charnière, un passage vers un autre modèle qui devra prendre en compte les effets destructeurs de certaines de nos activités, hyper-consommation, nourriture, inégalités, manque de résilience, finance, biodiversité, …<br /> Osons ce futur, il suppose que l’état montre l’exemple et accompagne les Français dans cette démarche.<br /> Soyez (le monde politique) les héros de demain, nous vous accompagnerons.
Palou
Euh … à qui ou à quel organisme média as-tu piqué ce texte ? on en parle ?
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