Dassault Aviation vient de choisir Bleu pour héberger ses solutions collaboratives, dans un cloud qui défend la souveraineté. L'avionneur français devient le dernier grand nom à miser sur la sécurité (presque) made in France.

Dassault Aviation choisit le cloud souverain Bleu pour ses données stratégiques. © Dassault Aviation
Dassault Aviation choisit le cloud souverain Bleu pour ses données stratégiques. © Dassault Aviation

Ce mardi 16 décembre, Dassault Aviation, géant français de l'aéronautique, a décidé de confier ses outils collaboratifs à Bleu. L'avionneur, qui jongle entre aviation civile et programmes militaires sensibles, pourra ainsi utiliser Microsoft Azure et Microsoft 365 dans un environnement protégé exclusivement par le droit européen. Un choix qui en dit long sur la maturité du cloud souverain, même si tout n'est pas si évident.

Un niveau de sécurité adapté aux exigences de la défense souhaitées par Dassault Aviation

Pour Dassault Aviation, illustre fabricant du Rafale et des jets d'affaires Falcon, la protection des données n'est pas négociable. L'entreprise, qui affiche 6,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2024 et emploie 14 600 personnes, manipule chaque jour des informations ultra-sensibles. Le choix de Bleu lui permet d'accéder aux technologies Microsoft (Azure et 365) tout en restant dans un cadre strictement européen, loin des législations extraterritoriales non-européennes, qui font de nouveau tant débat depuis quelques jours.

Mais Dassault Aviation ne s'arrête pas là. L'avionneur prévoit d'obtenir l'homologation « Diffusion Restreinte » pour certaines fonctionnalités hébergées chez Bleu. Cette étape supplémentaire doit garantir un niveau de sécurité encore plus élevé, parfaitement adapté aux exigences spécifiques de l'industrie de la Défense. On parle ici d'un cran au-dessus des standards commerciaux classiques, même sécurisés.

Bleu, de son côté, est actuellement en pleine course vers la qualification SecNumCloud 3.2 de l'ANSSI. Ce sésame, le plus exigeant en France pour les infrastructures cloud, garantit trois choses. Il prévoit un hébergement en Europe, une administration par des entités européennes, et l'application exclusive du droit européen. Une sorte de triple verrou juridique et technique dont peuvent se prévaloir une poignée d'acteurs cependant, comme OVHcloud, Oodrive, Outscale et Docaposte.

Bleu SE construit un portefeuille de clients prestigieux

La dynamique est là. En avril 2025, Bleu démarrait à peine son parcours de certification avec le jalon J0. Sept mois plus tard, en novembre, EDF annonçait déjà choisir Bleu, aux côtés de S3NS. Et voilà qu'en décembre, Dassault Aviation embarque à son tour. Ces géants industriels français acceptent donc de confier leurs données stratégiques à Bleu avant même qu'il n'obtienne sa qualification finale, prévue si tout va bien courant 2026.

Toutes ces dernières annonces montrent que la souveraineté numérique est passée du discours politique à l'impératif opérationnel. Les secteurs stratégiques (énergie, défense, aéronautique) ont tranché. Ils préfèrent miser sur un acteur français en cours de certification plutôt que de dépendre uniquement des géants du cloud traditionnels. Le pragmatisme l'emporte sur l'attentisme.

Pour Bleu, jeune pousse créée en janvier 2024 par Capgemini et Orange, ces signatures prestigieuses valent de l'or. Avec plus de 130 salariés déjà recrutés et un objectif de 200 fin 2025, l'entreprise bâtit méthodiquement son écosystème. D'ici le premier semestre 2026, si la qualification complète est obtenue, Bleu pourrait bien devenir le prochain nom de la liste ultra-restreinte des clouds souverains certifiés en France. Pas mal, non ?