Les réseaux quantiques pourraient bientôt cesser de faire leur diva en exigeant des câbles sur mesure pour daigner fonctionner. Des chercheurs ont mis au point une méthode permettant aux qubits de discuter tranquillement via nos bonnes vieilles infrastructures de fibre optique.

Quand l'atome joue les auto-stoppeurs sur nos vieux câbles de fibre optique. © Shutterstock
Quand l'atome joue les auto-stoppeurs sur nos vieux câbles de fibre optique. © Shutterstock

L'informatique quantique a longtemps ressemblé à cet ami brillant mais pénible qui refuse de se déplacer sans son confort très spécifique. Jusqu'à présent, connecter des ordinateurs quantiques nécessitait souvent de construire des réseaux parallèles coûteux ou de refroidir le tout à des températures polaires. Mais une équipe de l'université de Chicago vient de changer la donne en prouvant que le futur de l'internet quantique pourrait simplement passer par les tuyaux que nous avons déjà installés sous nos trottoirs.

Quand la lumière et le magnétisme font bon ménage

Le secret de cette réconciliation technologique tient en un mot exotique : erbium. Ce métal du groupe des terres rares possède une propriété qui ravit les physiciens car il adore communiquer sur les mêmes longueurs d'onde que celles utilisées par nos opérateurs télécoms actuels. Les scientifiques ont réussi à créer des qubits moléculaires basés sur cet élément capable de conserver l'information quantique tout en la transmettant via des signaux lumineux standards.​

C'est un peu comme si l'on parvenait enfin à faire dialoguer un PC dernier cri avec un vieux minitel sans adaptateur hors de prix. Ces molécules d'erbium agissent comme de minuscules traducteurs universels qui figent l'information dans un état magnétique stable avant de l'envoyer voyager sous forme de lumière. Cette prouesse technique repose sur une fabrication compatible avec la photonique sur silicium, une technologie déjà omniprésente dans l'industrie des semi-conducteurs. Plus besoin de réinventer la roue pour fabriquer ces puces, les usines actuelles disposent déjà des outils nécessaires pour les produire en série.​

La fin des travaux publics pour l'internet quantique

L'aspect le plus réjouissant de cette découverte reste sans doute son pragmatisme économique. Les opérateurs peuvent pousser un soupir de soulagement car il ne sera probablement pas nécessaire d'éventrer toutes les chaussées pour déployer un hypothétique internet quantique. Ces nouveaux qubits peuvent s'insérer directement dans les réseaux de fibres optiques commerciaux qui serpentent déjà sous nos pieds et au fond des océans.​

Une innovation qui capitalise sur le  large déploiement de la fibre optique dans le monde. © Shutterstock
Une innovation qui capitalise sur le large déploiement de la fibre optique dans le monde. © Shutterstock

La démonstration est d'autant plus séduisante qu'elle permet d'envisager des centres de données hybrides où cohabiteraient pacifiquement les serveurs classiques et les calculateurs quantiques. Au lieu de construire des cathédrales technologiques isolées, nous nous dirigeons vers une intégration plus douce où l'équipement quantique vient simplement se greffer sur l'existant. C'est la victoire du bon sens sur la démesure : plutôt que de forcer le monde à s'adapter au quantique, c'est le quantique qui a enfin appris à s'adapter au monde réel.​

Reste maintenant à transformer l'essai en sortant ces composants des laboratoires pour les confronter à la dure réalité du terrain, là où les signaux se perdent et où le bruit numérique règne en maître.

Source : SDxCentral