Des scientifiques ont réussi à produire, grâce à un ordinateur quantique, une suite de nombres aléatoires vérifiée mathématiquement et impossible à manipuler. Cet outil ouvre de nouvelles garanties pour la sécurité numérique.

À chaque requête, la machine produisait une solution choisie au hasard parmi des milliers de combinaisons - ©Gorodenkoff / Shutterstock
À chaque requête, la machine produisait une solution choisie au hasard parmi des milliers de combinaisons - ©Gorodenkoff / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Des chercheurs ont utilisé un ordinateur quantique pour générer des nombres aléatoires, inviolables et vérifiés mathématiquement.
  • Le processeur quantique H2-1, avec 56 qubits, a produit plus de 71 313 bits, impossible à prédire.
  • Cette avancée révolutionne la sécurité numérique, offrant des solutions inviolables pour la cryptographie et la gestion d'identités.

Des spécialistes de JPMorgan Chase, Quantinuum, plusieurs laboratoires nationaux américains et l’Université du Texas à Austin ont réalisé une expérience inédite avec un processeur quantique H2-1, qui dispose de 56 qubits. Au terme des tests, plus de 71 313 bits, issus d’un protocole proposé par Scott Aaronson, ont franchi une série de vérifications dans plusieurs grands centres informatiques des États-Unis. Aucun algorithme classique n’a permis d’anticiper ni de reproduire cette séquence. Ce résultat attire aujourd’hui l’intérêt des équipes qui traitent la cryptographie, la gestion d’identités ou les services dans lesquels la moindre faille dans le hasard peut coûter cher.

Le hasard quantique met les méthodes traditionnelles hors-jeu

Pendant chaque phase d’essai, le processeur H2-1 recevait des circuits issus d’une poignée de bits fournie par l’équipe. À chaque requête, la machine produisait une solution choisie au hasard parmi des milliers de combinaisons. Une fois la séquence générée, les chercheurs ont envoyé l’ensemble des données vers plusieurs supercalculateurs, dont Frontier à Oak Ridge. À cette étape, la vérification a impliqué une capacité totale de 1,1 exaflop, selon les résultats publiés début 2025.

Scott Aaronson, qui a conçu le protocole de certification, explique que « personne ne peut fabriquer une bonne imitation sans se faire repérer à l’étape de contrôle ». Chaque bit validé échappe à toute logique reproductible, même pour l’opérateur du matériel. Les supercalculateurs ont vérifié que rien de prévisible ne se glisse dans le flux. Aucune autre méthode n’apporte ce niveau de confiance aujourd’hui, car même en rassemblant des milliers de machines classiques, le moindre schéma finit tôt ou tard par trahir la source.

À ce niveau, cette machine traite plus d’un milliard de milliards d’opérations chaque seconde - ©DC Studio / Shutterstock
À ce niveau, cette machine traite plus d’un milliard de milliards d’opérations chaque seconde - ©DC Studio / Shutterstock

Ce hasard ouvre un nouveau champ pour la sécurité, les tirages et la gestion des droits

La création d’une clé, le lancement d’un tirage ou la validation d’une transaction commence souvent par un nombre produit au hasard. Une seule faiblesse dans ce processus donne une porte d’entrée à la fraude ou à l’usurpation. L’approche basée sur le processeur quantique retire tout levier aux attaquants : la solution ne se reproduit pas, ne s’anticipe pas, même pour celui qui contrôle l’infrastructure.

Dans le secteur financier, les applications se dessinent déjà pour la gestion sécurisée des identifiants et des transactions qui exigent l’équité absolue. Les plateformes de vote électronique retiennent aussi ce principe pour garantir l’intégrité d’un scrutin ou d’un tirage. Marco Pistoia, chercheur chez JPMorgan Chase, évoque l’impact en recherche scientifique, en statistique et dans les modèles financiers avancés. Pas besoin d’installer un matériel complexe chez soi : toute société peut simplement commander ce flux d’aléa, validé à distance grâce à une plateforme dédiée, et l’intégrer où elle veut, sans délai.

À ce niveau, cette machine traite plus d’un milliard de milliards d’opérations chaque seconde, ce qui permet d’examiner en profondeur des volumes de données impossibles à contrôler à la main.

Quand on vous le dit, que le hasard fait bien les choses !