L'Autorité de la concurrence a annoncé jeudi avoir rejeté la plainte de Qwant contre Microsoft. Le moteur de recherche français n'a pas réussi à prouver l'abus de position dominante qu'il dénonçait.

Le divorce entre Qwant et Microsoft était dans l'air depuis quelques mois, mais c'est désormais officiel. Ce jeudi 27 novembre, l'Autorité de la concurrence révèle avoir débouté Qwant, qui se livrait à un bras de fer contre Microsoft. Le moteur de recherche français, qui se présente comme le champion de la vie privée face aux géants américains, accusait son partenaire technologique d'abus de position dominante et de dépendance économique. Le régulateur considère que les accusations ne tiennent pas la route. Pire, les preuves avancées par Qwant sont jugées insuffisantes pour justifier ne serait-ce qu'un examen approfondi du dossier.
L'éléphant Google dans le dossier Qwant contre Microsoft
En 2016, Qwant avait décidé de s'appuyer sur la technologie Bing, de Microsoft, pour alimenter son moteur de recherche. Un choix pragmatique dans un secteur où seuls Google et Microsoft disposent d'infrastructures capables de produire des résultats de recherche organiques et des publicités à grande échelle. Car c'est là que réside le nerf de la guerre. Les moteurs de recherche sont en effet gratuits pour l'utilisateur, mais ils vivent de la publicité affichée à côté des résultats.
Qwant reprochait à Microsoft toute une série de pratiques anticoncurrentielles. Parmi les griefs, citons l'exclusivité forcée sur l'approvisionnement en publicités, la vente liée entre résultats organiques et payants, la discrimination dans l'accès aux outils publicitaires, et même des entraves au développement de modèles d'intelligence artificielle. Sur le papier, un réquisitoire accablant contre le géant de Redmond.
L'Autorité de la concurrence a tranché dans le vif, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle pointe du doigt l'éléphant dans la pièce que Qwant semble avoir oublié, à savoir Google. Le mastodonte californien, qui règne en maître absolu sur la publicité en ligne avec ce que la Commission européenne qualifie de « position ultradominante », fournit lui aussi des services de syndication. Difficile dans ces conditions d'affirmer que Microsoft domine le marché, quand un concurrent bien plus puissant existe.
Le camouflet de l'Autorité de la concurrence pour Qwant, qui va faire appel
En juin 2025, le moteur français s'est associé à l'allemand Ecosia pour lancer European Search Perspective, une entreprise commune qui développe sa propre technologie de recherche. Un projet qui prouve justement que Qwant peut se passer de Microsoft et construire des alternatives viables.
Pour l'Autorité, ce projet signe l'arrêt de mort de la thèse de la dépendance économique. Comment prétendre être pieds et poings liés à Microsoft quand on développe sa propre alternative ? D'autant que Qwant bénéficie d'un privilège unique : Microsoft l'autorise contractuellement à développer sa technologie en parallèle à l'utilisation de Bing. Aucun autre moteur de recherche ne dispose de cette latitude.
Le régulateur reconnaît certes que Microsoft pèse lourd dans le chiffre d'affaires de Qwant. Mais les autres critères de la dépendance économique ne sont pas réunis. La notoriété de Bing reste relative face à Google, et Qwant dispose désormais de solutions alternatives techniquement et économiquement viables. L'Autorité balaie donc la saisine au fond et, par ricochet, la demande de mesures conservatoires.
Qwant, qui vient de réagir, dit « prendre acte » de la décision de l'Autorité de la concurrence. Néanmoins, l'entreprise reste sur sa position et affirme qu'« il est incontestable que Microsoft détient une position dominante sur le marché de la syndication de services de recherche en ligne ». Qwant va donc interjeter appel de la décision, et rappelle que la procédure ne remet pas en cause sa volonté de développer une technologie propriétaire et souveraine, « totalement indépendante de Microsoft ».