Le Royaume-Uni est bien décidé à pousser sa logique encore plus loin : faire du jeu vidéo un véritable terrain d’entraînement militaire. Londres vient d’annoncer le lancement de l’International Defence Esports Games (IDEG), première compétition mondiale d’eSport réservée au personnel militaire actif.

Ce tournoi esport rassemblera plus de 40 nations alliées. Et, comme vous allez le voir, derrière son aspect vidéoludique cette idée s’inscrit en réalité dans une stratégie beaucoup plus large.
L’eSport comme nouveau terrain d’entraînement
L’initiative a de quoi surprendre, mais elle s’appuie sur une conviction désormais assumée par le ministère britannique de la Défense. Selon lui, les compétences développées dans l’eSport sont pleinement transposables au champ de bataille. Gestion de multiples menaces simultanées, adaptation tactique en temps réel, communication sous pression, lecture rapide d’informations… Pour l’armée britannique, ce sont autant de réflexes qu’un soldat de terrain doit maîtriser, et l'esport apparait comme un terrain d'entrainement virtuel peu couteux et efficace !
Ce positionnement s’est affirmé en 2024, lorsque le Royaume-Uni a officiellement reconnu l’eSport comme un sport militaire à part entière, au même titre que le tir ou le rugby. Cette modernisation a également de quoi renforcer l'attractivité du métier. En effet, les forces armées cherchent à séduire une nouvelle génération de recrues, à l’aise avec le numérique, les enjeux cyber et adeptes de jeux vidéo. Le HMS Prince of Wales, l’un des plus grands navires de guerre du pays, possède même sa propre salle eSport !
Un tournoi… mais aussi un laboratoire stratégique
Les inscriptions pour l’IDEG ouvriront en janvier 2026, avec des qualifications en ligne avant une finale organisée du 9 au 11 octobre 2026 dans la nouvelle National Gaming and Esports Arena de Sunderland. Autour des affrontements virtuels, Londres prévoit des sommets dédiés à la cybersécurité, à l’IA et aux opérations par drones, comme un prolongement naturel entre le virtuel et l'opérationnel.
Cette idée ne vient pas de nulle part. La guerre en Ukraine a montré à quel point le jeu vidéo pouvait devenir un outil militaire : simulateurs de drones, entraînement à la visée, interfaces inspirées du gaming… Certaines unités ukrainiennes ont même cherché leurs nouvelles recrues du côté des gamers, capables de dompter instantanément des interfaces complexes ou de gérer un drone en zone hostile.
Un tournant symbolique pour les armées
Bien que ce projet britannique puisse sonner comme un « coup de com’ », il traduit également une réalité pregnante des conflits armés modernes. Ceux-ci reposent en effet de plus en plus sur le numérique, l’information et la maîtrise technologique. Et pour beaucoup de jeunes militaires, le premier contact avec ces mécanismes passe par une manette, un clavier ou une souris.
Reste une zone d’ombre : sur quels jeux les armées vont-elles réellement s’affronter ? Pour l’heure, Londres ne donne aucun détail. Et tout laisse penser que le terrain sera hybride, à mi-chemin entre des "serious games" militaires, types simulateurs de drones, environnements tactiques et autres outils d’entraînement, et des titres eSport plus classiques comme Call of Duty, Valorant ou encore Rainbow Six: Siege, capables de fédérer plusieurs nations autour d’un langage commun.
Source : communiqué de presse