La Section technique de l'armée de Terre (STAT) expérimente en ce moment des essaims de drones pilotés depuis une embarcation fluviale. Un seul opérateur est capable de contrôler jusqu'à 25 drones en mission.

L'armée de Terre française continue de développer ses capacités en matière de drone. La Section technique de l'Armée de Terre, en partenariat avec le 1er régiment étranger du génie, a testé un dispositif inédit, qui consiste à piloter simultanément 25 drones depuis un petit bateau militaire. La STAT explore ici une nouvelle dimension tactique, où la discrétion d'une approche fluviale se marie avec la puissance de frappe d'un essaim aérien autonome.
Une embarcation fluviale transformée en base de drones mobile
La STAT a mobilisé une vedette du génie pour lui donner la capacité, en naviguant, de déployer instantanément jusqu'à 25 drones en quelques minutes pour surveiller les environs, en faisant presque office de porte-drones, dira-t-on. Les spécialistes de la STAT ont voulu vérifier si ce système fonctionnait vraiment en conditions réelles, sur les rivières et cours d'eau où manœuvrer reste difficile.
Les ingénieurs ont dû apprécier le défi technique. Sur le bateau, ils ont fixé des plateformes de décollage spéciales et installé des antennes sur le mât pour créer une bulle de communication sécurisée. Wi-Fi et 4G privée ont fonctionné en doublon, histoire d'éviter toute interruption de liaison. C'est crucial quand vous pilotez une flotte de drones à plusieurs centaines de mètres au-dessus de l'eau.
Pour l'énergie, des batteries Ecoflow se branchent sur le circuit électrique du bateau et alimentent tous les équipements volants. Mais le vrai casse-tête, c'est la stabilisation. Faire décoller des drones depuis un bateau qui tangue et affronte un courant est évidemment plus compliqué que depuis le sol. Les ingénieurs ont donc dû trouver des solutions pour compenser les mouvements et sécuriser chaque décollage.

Un seul homme aux commandes de l'essaim
Le système n'a besoin que d'un seul militaire, qui peut piloter l'ensemble de la flotte. Cette flotte est justement composée de drones ANAFI USA et ANAFI AI, du Français Parrot, avec deux appareils équipés de largueurs de fumigènes. Ces derniers peuvent créer des écrans de fumée pour masquer les mouvements des troupes, en plus des missions classiques de surveillance et de reconnaissance.
Le logiciel EZ_Chains, édité par l'entreprise toulousaine Scalian, coordonne l'ensemble de la flotte. Son atout majeur est qu'il peut piloter n'importe quel drone équipé d'un système de vol automatique compatible. Concrètement, l'armée de Terre n'est pas obligée de s'enfermer avec un seul et même fournisseur. Elle peut utiliser différents modèles de drones selon ses besoins opérationnels.
Les prochains tests se dérouleront sur le véhicule Serval, un blindé terrestre de l'armée. Le même principe sera sans doute appliqué, à savoir déployer un essaim de drones directement depuis un véhicule en patrouille. Le public pourra voir ce système en démonstration à la Présentation de l'Armée de Terre, prévue mi-octobre.