Certains smartphones Samsung cacheraient une application préinstallée dont personne ne parle… mais qui pourrait en savoir bien plus que prévu sur leurs utilisateurs. Un simple service de recommandations ? Pas si sûr, à en croire la polémique qui enfle.

Depuis plusieurs semaines, une polémique enfle autour d’un composant logiciel que beaucoup d’utilisateurs n’avaient, jusqu’ici, jamais vraiment remarqué. AppCloud — un service présent sur plusieurs smartphones d'entrée de gamme de Samsung — se retrouve accusé de bien plus qu’un simple rôle de recommandation d’apps. Alors que l’application était déjà critiquée pour ses suggestions intrusives et son statut de bloatware difficile à désactiver, l’affaire prend une ampleur particulière car elle s’appuie sur des soupçons, des analyses d’ONG et une viralité sur les réseaux sociaux qui complique encore davantage la situation.
Une application indésirable, qui pourrait cacher un mouchard au creux de votre téléphone
AppCloud est depuis longtemps considéré comme un élément peu apprécié sur les Samsung Galaxy A, M et F et conçu pour proposer des applications tierces à télécharger lors de la configuration d’un nouveau téléphone. Pour Samsung, AppCloud est un programme publicitaire qui lui permet de gagner un peu d'argent avec ces modèles sur lesquels les marges sont faibles.
Mais un nouveau volet s’est ouvert lorsque l’application a refait surface sur le compte X nommé International Cyber Digest, et plus précisément dans un post viral dépassant les 7 millions d’impressions. Ce dernier accuse AppCloud d’être un « spyware israélien impossible à supprimer ». À l’origine de cette accusation : la société derrière l’app, ironSource, un développeur israélien désormais propriété de Unity.
Une ONG libanaise, SMEX, a renforcé les inquiétudes dans une analyse publiée plus tôt cette année. Selon elle, AppCloud pourrait permettre la collecte de données utilisateurs dans des régions où les entreprises israéliennes ne sont normalement pas autorisées à opérer, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’organisation évoque des « implications légales et éthiques sérieuses », surtout en raison des permissions système avancées de l’app.
Le passé d’ironSource n’aide pas à rassurer les utilisateurs : l’entreprise a déjà développé InstallCore, un service de bundling d’apps sur Windows et macOS, souvent considéré comme un programme potentiellement indésirable par plusieurs antivirus.
À ce stade, aucune preuve n’indique qu’AppCloud soit utilisé pour de l’espionnage. Mais sa présence obligatoire et sa résistance à la suppression suffisent à alimenter un climat de méfiance.

Samsung pourrait être forcée à réagir rapidement pour éteindre la polémique
Si AppCloud était jusqu’ici perçu comme une simple source de recommandations publicitaires, la nature de la polémique pourrait forcer Samsung à revoir sa copie. Car l’application fait partie du système sur certains marchés, et son intégration profonde rend sa désactivation très difficile pour l’utilisateur moyen. Il est en effet impossible à désinstaller sans passer par des commandes ADB, que la majorité des utilisateurs ne maîtrisent pas.
Ce statut ambigu pose plusieurs questions : pourquoi une application à vocation commerciale nécessite-t-elle des permissions système ? Pourquoi est-elle impossible à désinstaller sans recourir à des manipulations techniques ? Et surtout : pourquoi Samsung continue-t-il de la préinstaller dans des régions sensibles à ce type de problématiques ?
La trainée de poudre qui a suivi la publication de ce post sur les réseaux sociaux met aujourd’hui la marque coréenne dans une position délicate. Sous la pression, certains observateurs estiment que Samsung pourrait finir par proposer une option officielle pour désactiver ou supprimer AppCloud, ou au minimum désactiver définitivement les recommandations.
Pour l’heure, rien n’est acté. Interrogé, Samsung n’a pas encore réagi sur le fond, mais il n'empêche que cette histoire fait tâche et la marque pourrait rapidement changer de braquet, ne serait-ce que pour préserver son image.
Source : Android Authority