Avec les terminaux de paiement intelligents, les caisses Android modulables ou la reconnaissance avec la paume de la main, les solutions d'encaissement en magasin vont être bouleversées, sous l'impulsion de l'intelligence artificielle notamment.

Le simple « bip » de la caisse sera peut-être bientôt de l'histoire ancienne. Les solutions d'encaissement vivent en effet une métamorphose spectaculaire, portée par l'essor d'Android, l'intelligence artificielle et des équipements modulables à l'infini. Des terminaux de point de vente (TPV ou caisses) qui traduisent en temps réel aux paiements par reconnaissance de la paume, le point de vente va doucement devenir un concentré de technologie auquel il faudra s'habituer, surtout qu'il entend se mettre au service d'une expérience plus fluide et personnalisée.
Les terminaux de paiement se transforment en outils modulables et mobiles
La mutation est en cours, les enseignes ne veulent plus simplement des caisses performantes, mais des outils qui s'adaptent aux nouveaux comportements d'achat. « Le véritable changement n'est plus technologique, mais se situe dans les cas d'usage », explique dans le magazine PointsdeVente Fabrice Rolland, directeur général délégué de FEC France, un constructeur taïwanais implanté en France depuis 2007.
Exit donc les caisses fixes figées dans le temps. « Le point de vente est devenu un point de service : les enseignes veulent des solutions plus mobiles, plus fluides et plus interactives, y compris dans le paiement », ajoute Fabrice Rolland. FEC développe par exemple des tablettes transformables, des modules qui embarquent lecteurs RFID et NFC, et des terminaux compatibles WeChat ou Tap to Pay.
FEC a même dévoilé à la NRF Europe une tablette Android dotée d'une batterie amovible, conçue pour jongler entre usage nomade et fixe sans l'épineuse contrainte de recharge. Chez Elo, un pionnier des écrans tactiles récemment racheté par Zebra Technologies, la philosophie est la même Sébastien Ninaud, directeur des ventes Europe du Sud, le confirme : « Nous avons atteint une qualité d'affichage proche d'un iPad ».
Dans la restauration rapide, c'est Android explose. Elo a déployé des milliers de bornes 22 pouces qui intègrent le paiement sans contact via SoftPos, une appli qui transforme un appareil mobile équipé d'une puce NFC en terminal de paiement. Leurs dernières générations E-Series 3.0 embarquent d'ailleurs des processeurs Intel de 12e génération sans ventilation, et un simple câble USB-C. L'objectif est de réduire les coûts d'installation et de maintenance, tout en gagnant en compacité.
L'intelligence artificielle transforme les terminaux en assistants intelligents
Demain, la caisse enregistreuse de votre commerçant pourrait bien devenir votre coach personnel. On peut même y intégrer des caméras et micros, ce qui ouvre certaines perspectives. Fabrice Rolland imagine déjà que « le TPV de demain devra peut-être intégrer d'office caméra et micro pour accompagner l'utilisateur avec des tutoriels ou détecter des anomalies ». L'intelligence artificielle fera alors d'une simple transaction un moment d'intelligence collective.
Chez Ingenico, le terminal franchit un cap conceptuel majeur. « Le point de vente est devenu le premier point de contact entre une marque et son client », affirme Arnaud Martin, directeur commercial retail d'Ingenico pour la zone EMEA. Son entreprise teste un système de paiement biométrique par reconnaissance de la paume en infrarouge, qu'Amazon maîtrise déjà. « C'est un geste simple, plus rapide que sortir son téléphone ou sa carte. Et l'empreinte de la paume est unique », raconte-t-il.

Un éditeur français, Cegid, va encore plus loin. Nathalie Échinard, directrice de la Business Unit Retail de l'entreprise, évoque « une innovation utile, au service du quotidien des vendeurs comme des responsables de magasins ». La société a identifié huit cas d'usage concrets pour l'IA générative, dont cinq déjà en production. La traduction instantanée fait partie de ces cas d'usage, tout comme l'assistant vocal pour interroger ses données. « Donne-moi la comparaison de ce magasin avec la région sur les deux dernières semaines », pourrait-on notamment lui demander.
NCR Voyix mise de son côté sur l'IA pour des solutions complètes, comme la détection de fraudes à l'aide de caméras et balances intelligentes, mais aussi l'accessibilité et la conformité réglementaire. Valérie Carreau-Bordas, directrice commerciale France, explique que « les clients ne se contentent plus de données lisibles : ils attendent des solutions conformes aux normes européennes sur l'inclusion, capables de répondre aux enjeux réglementaires comme les handicaps (EAA) et le RGPD ». Auchan, Leclerc, Carrefour et les surgelés Picard en savent quelque chose.
Les petits commerces accèdent enfin aux technologies des grandes enseignes
Les petits commerçants ne sont plus les oubliés de la révolution numérique. Philippe Gervais, dirigeant de Cashmag, spécialiste des solutions d'encaissement pour les petits points de vente, témoigne être « souvent en lien direct avec le dirigeant, dans une logique de commerce individuel. Ce lien de proximité reste une vraie force ». Avec la pénurie de main-d'œuvre, l'automatisation devient indispensable.
Autre firme française, Seg2 Inov ambitionne d'offrir aux indépendants les mêmes armes que la grande distribution. Son fondateur Stéphane Guivy présente complète qui fait à la fois caisse, gestion et balance, tout en intégrant des bornes autonomes. « L'IA nous aide à optimiser la répartition des stocks entre plusieurs magasins, en tenant compte de l'historique et des spécificités de chaque point de vente », précise-t-il. Le gaspillage diminue vite, et le tout fonctionne sans solution interne. Plus de 300 groupements de magasins utilisent ses produits.
Enfin, Oxhoo, qui a intégré le groupe Iagona en janvier, vient de lancer Zénio, une machine hybride équipée d'un écran tactile de 15,6 pouces rotatif. « Aujourd'hui, les commerçants veulent moins de caisses, plus de solutions autonomes, tout en optimisant leur espace comptoir », explique Gilles Bouvart, fondateur de la société. La machine peut se transformer en borne libre-service en un geste. Du côté d'Asten Retail, né à Brest il y a 30 ans, la proposition tient en une plateforme omnicanale totalement développée en interne. Hugues Burghard, son directeur général, insiste sur le fait que « 99 % des fonctions restent disponibles même en cas de coupure réseau ». Une garantie vitale pour les commerçants.
On comprend donc, après ce petit tour d'effectif, que l'encaissement entre dans une nouvelle ère. Android remplace les systèmes traditionnels, l'intelligence artificielle s'invite dans chaque terminal, et ces innovations ne sont plus réservées aux seules grandes enseignes. La caisse augmentée devient enfin accessible à tous les commerces