Sale temps pour les géants de la tech. Alors qu'Intel rame pour trouver sa place au soleil de l'intelligence artificielle, l'un de ses plus brillants esprits, Sachin Katti, met les voiles après seulement six mois. Une défection qui fait mal et qui en dit long sur l'état du navire.

Intel HQ

Décidément, rien ne sera épargné à Intel. Le titan des processeurs, déjà secoué par des retards et une concurrence féroce, voit l'un de ses cadres les plus prometteurs claquer la porte. Sachin Katti, le « monsieur IA » d'Intel, a préféré l'herbe plus verte d'OpenAI. Un coup de tonnerre qui force le grand patron, Lip-Bu Tan, à descendre lui-même dans l'arène.

Un mercato qui fait désordre

Dans le petit monde de la technologie, les transferts de vedettes font autant de bruit qu'au football. Et celui-ci est un petit bijou de provocation. À peine arrivé en avril pour piloter la stratégie d'intelligence artificielle d'Intel, Sachin Katti a déjà refait ses valises. Direction : OpenAI, la coqueluche du moment, où il aura la tâche excitante de bâtir l'infrastructure des futures intelligences artificielles générales. Une promotion qu'on ne refuse pas, surtout quand elle vient de Sam Altman en personne.

Pour Intel, la pilule est amère. Katti était l'une des recrues phares du nouveau PDG, Lip-Bu Tan, censé incarner le renouveau. Au lieu de cela, il inaugure une fuite des cerveaux qui fragilise un peu plus le géant de Santa Clara. Résultat : le patron doit reprendre lui-même les rênes de l'IA. Un cumul des mandats qui fleure bon la gestion de crise.

Intel et l'IA : je t'aime, moi non plus

Ce départ n'est que le dernier symptôme d'un mal plus profond. Intel a raté le train de l'intelligence artificielle, et tout le monde le sait. L'ancien PDG, Pat Gelsinger, l'avait avoué à demi-mot, confessant avoir « sous-estimé » le phénomène. Son successeur, Lip-Bu Tan, a été plus direct : face à l'ogre NVIDIA, qui s'arroge 94% du marché, il est déjà « trop tard » pour espérer une remontée fantastique.

Arrivés avec un train de retard, les accélerateurs IA d'Intel peinent à convaincre le marché. © Intel
Arrivés avec un train de retard, les accélerateurs IA d'Intel peinent à convaincre le marché. © Intel

Les efforts d'Intel sonnent creux. Ses accélérateurs Gaudi 3, présentés comme les grands rivaux des puces de NVIDIA, peinent à convaincre. Son activité de fonderie, qui devait attirer les plus grands noms de la tech, attend toujours son premier gros client pour valider des milliards d'investissements. Même une main tendue de Microsoft ne suffit pas à rassurer. Pendant ce temps, les concurrents, eux, n'attendent pas.

Un avenir en point d'interrogation

Cette nouvelle déconvenue s'ajoute à un climat déjà tendu. Entre les pressions politiques et les doutes des investisseurs, Intel navigue en eaux troubles. Le départ de Katti est un signal de plus que le redressement s'annonce long et périlleux. Il a préféré rejoindre une aventure plus exaltante chez OpenAI, où les milliards pleuvent pour construire le futur.

Pour Lip-Bu Tan, la mission se corse. Il doit maintenant prouver qu'il peut non seulement gérer un empire, mais aussi le transformer de l'intérieur. Il parle de changement de culture, d'agilité, de redonner le pouvoir aux ingénieurs. De belles paroles qui devront se traduire en actes, et surtout en produits qui tiennent la route. En attendant, chaque départ de ce calibre est un nouveau caillou dans la chaussure d'un géant qui a de plus en plus de mal à courir.

Source : The Register