Le règne sans partage de NVIDIA sur l'intelligence artificielle touche-t-il à sa fin ? La firme de Redmond sort de son chapeau une astuce logicielle pour ouvrir les portes de la forteresse CUDA à la concurrence, et le premier invité pourrait bien être AMD.

Dans le monde de l'intelligence artificielle, il y a NVIDIA et les autres. Depuis des années, l'écosystème logiciel CUDA agit comme une cage dorée : puissant, bien fourni, mais redoutablement verrouillé derrière l'achat d'onéreuses puces estampillées vertes. Une situation qui commence à agacer sérieusement les géants du secteur, Microsoft en tête, fatigués de signer des chèques au montant astronomique pour équiper leurs centres de données. Alors, plutôt que d'attendre que la concurrence rattrape son retard, Microsoft a décidé de siffler la fin de la récréation avec une méthode pour le moins astucieuse.
La fin d'une dépendance coûteuse
L'hégémonie de NVIDIA ne repose pas seulement sur la puissance de son matériel, mais sur des années de développement logiciel qui ont rendu les applications IA dépendantes de son langage. Changer de fournisseur, c'est un peu comme demander à une équipe de développeurs francophones de coder en mandarin du jour au lendemain : une tâche herculéenne et coûteuse. C'est là que Microsoft entre en scène, non pas avec une nouvelle puce miracle, mais avec de discrètes « boîtes à outils » logicielles.
Le principe est d'une simplicité désarmante : traduire à la volée les programmes conçus pour CUDA afin qu'ils puissent fonctionner sur d'autres architectures, notamment les processeurs d'AMD. Ces technologies de traduction, nous les retrouvons aussi à notre humble échelle : Rosetta sur Mac, Prism sur Windows, Wine sur Linux. C'est à se demander pourquoi personne n'y a pensé plus tôt ! Ce tour de passe-passe, basé sur des projets libres comme ZLUDA, permet de contourner le problème sans réécrire des millions de lignes de code.
Une stratégie à double détente
Ne nous y trompons pas, Microsoft ne joue pas les chevaliers blancs par pure philanthropie. L'entreprise, qui développe aussi ses propres puces nommées Maia, sait pertinemment qu'elle ne pourra pas concurrencer seule la capacité de production de NVIDIA. En ouvrant la porte à AMD, elle met une pression bienvenue sur les tarifs du leader du marché, tout en se donnant de la flexibilité pour ses propres infrastructures cloud.

Pour AMD, dont les excellents processeurs pour l'IA peinaient à trouver leur public faute de compatibilité logicielle, c'est un ticket d'entrée inespéré dans l'arène. La manœuvre permet à Microsoft de diversifier ses fournisseurs, de négocier de meilleurs prix, et à terme, d'affaiblir la position dominante qui l'agaçait tant. Un coup de billard à trois bandes parfaitement exécuté.
Tout n'est pas rose pour autant, et la traduction parfaite n'existe pas. Certaines optimisations très spécifiques à l'architecture de NVIDIA resteront probablement sur le carreau, du moins au début. Mais l'initiative a le mérite de fissurer un mur qui semblait indestructible. Alors, simple coup de semonce ou véritable séisme dans le monde de l'IA ? L'avenir nous le dira, mais une chose est sûre : le géant vert n'est plus seul à dicter les règles du jeu.
Source : WCCFTECH