Après cinq mois d'un suspense digne d'une mauvaise série B, Donald Trump a finalement décidé de reproposer le milliardaire Jared Isaacman à la tête de la NASA. Un revirement spectaculaire qui en dit long sur les coulisses du pouvoir à Washington.

Jared Isaacman à Washington, le 9 avril 2025. Ken Cedeno / REUTERS
Jared Isaacman à Washington, le 9 avril 2025. Ken Cedeno / REUTERS

Le monde du spatial est décidément plein de surprises, et pas seulement dans les étoiles. Dans un retournement de situation dont il a le secret, Donald Trump a annoncé mardi vouloir replacer Jared Isaacman, entrepreneur et touriste spatial aguerri, aux commandes de l'agence spatiale américaine. L'histoire avait pourtant mal fini en mai dernier, lorsque le président avait brutalement retiré sa confiance à celui qu'il avait lui-même choisi, laissant le poste le plus convoité du spatial mondial dans l'incertitude.

Un yoyo politique aux enjeux colossaux

Il faut dire que le parcours de cette nomination ressemble à une véritable montagne russe. Approuvé en commission sénatoriale, Isaacman semblait filer tout droit vers la confirmation, avant que des murmures sur ses dons passés à des candidats démocrates et, surtout, sa trop grande proximité avec un Elon Musk alors en disgrâce présidentielle, ne fassent tout capoter. Trump avait alors jugé « inapproprié » de confier les rênes de l'agence à un ami proche du patron de SpaceX. Cinq mois plus tard, la brouille entre les deux hommes d'affaires semble appartenir au passé, et voilà Isaacman de retour sur le pas de tir. Un signe que les amitiés, en politique comme en affaires, sont aussi volatiles que du propergol.

Ce n'est pas tous les jours qu'un homme ayant flotté en orbite grâce à sa propre fortune se voit proposer les clés de la plus grande agence spatiale du monde. Avec deux missions privées à son actif, dont la première sortie extravéhiculaire civile de l'histoire, Jared Isaacman a une connaissance pratique de l'espace que peu de ses prédécesseurs pouvaient revendiquer. Mais ce CV pour le moins atypique suffira-t-il ? L'astronaute autodidacte hériterait d'une NASA en pleine crise existentielle, étranglée par des coupes budgétaires drastiques qui menacent des dizaines de missions scientifiques et sèment le doute sur la sécurité des vols futurs.

Pendant que Washington joue avec ses nerfs, la Chine, elle, avance ses pions à grands pas dans la course pour retourner sur la Lune. Reste à savoir si le nouveau commandant de bord saura naviguer dans ces eaux politiques et budgétaires tumultueuses pour maintenir le cap, ou si le vaisseau NASA continuera de dériver.

Source : The Guardian