Les géants français, italien et européen Thales, Leonardo et Airbus ont annoncé jeudi avoir signé un accord historique pour fusionner leurs activités spatiales d'ici deux ans. Le futur mastodonte européen pèsera 6,5 milliards d'euros et 25 000 employés.

Un nouveau géant des satellites va naître de l'alliance entre Airbus, Leonardo et Thales © Alexandre Boero / Clubic
Un nouveau géant des satellites va naître de l'alliance entre Airbus, Leonardo et Thales © Alexandre Boero / Clubic

C'est officiel depuis ce jeudi 23 octobre 2025, les trois géants européens de l'aérospatiale, Airbus, Leonardo et Thales ont signé un protocole d'accord validant la création d'une nouvelle entreprise commune dans le secteur spatial. La fusion, sans précédent sur le Vieux continent, donnera naissance à un champion européen des satellites et des systèmes spatiaux, avec un acteur unifié qui disposera de la taille critique nécessaire pour s'imposer sur le marché mondial, cannibalisé par les États-Unis, la Chine ou la Russie. Et garantir ainsi que l'Europe conserve son indépendance dans le secteur.

Comment Airbus, Leonardo et Thales vont se partager le capital du futur champion

Les dimensions de la future entité née de la fusion d'Airbus, Thales et Leonardo sont plus que généreuses. Si tout se passe comme prévu, la nouvelle société verra le jour en 2027 et rassemblera 25 000 salariés répartis dans toute l'Europe. Son chiffre d'affaires atteindrait 6,5 milliards d'euros par an, avec un carnet de commandes représentant plus de trois années de ventes. De quoi assurer une base solide pour démarrer.

Côté actionnariat, la répartition sera la suivante : Airbus détiendra 35% des parts, tandis que Leonardo et Thales en posséderont chacun 32,5%. Concrètement, chaque groupe apportera ses divisions spatiales respectives. Airbus contribuera avec ses activités Space Systems et Space Digital issues d'Airbus Defence and Space. Leonardo fournira sa division spatiale incluant ses participations dans Telespazio et Thales Alenia Space. Et Thales contribuera principalement avec ses parts dans Thales Alenia Space, Telespazio et Thales SESO.

Les trois partenaires tablent sur des synergies annuelles de plusieurs centaines de millions d'euros sur les résultats opérationnels, cinq ans après la finalisation. Comment, vous demandez-vous ? En mutualisant leurs investissements en recherche et développement, en optimisant leurs processus de production, et en combinant leurs expertises d'ingénierie et de gestion de projets, comme l'explique Airbus. L'objectif est aussi de proposer un portefeuille complet de produits et services, de l'infrastructure spatiale aux services associés, à l'exception des lanceurs.

L'autonomie stratégique européenne dans l'espace au cœur du projet

Il y a bien la logique industrielle d'un côté, mais cette fusion répond surtout à un enjeu de souveraineté. Le spatial est devenu un secteur critique qui sous-tend des infrastructures et services essentiels, citons au hasard (enfin pas tout à fait) les télécommunications, la sécurité nationale, l'observation de la Terre, la navigation par satellite et l'exploration scientifique. La nouvelle entreprise ambitionne de devenir le partenaire de confiance pour le développement et la mise en œuvre de programmes spatiaux nationaux souverains, ni plus, ni moins.

Guillaume Faury, le directeur général d'Airbus, Roberto Cingolani, directeur général de Leonardo, et Patrice Caine, président-directeur général de Thales, ont publié une déclaration commune dans laquelle ils partagent leur vision commune de construire une présence européenne plus forte et compétitive sur un marché spatial mondial de plus en plus dynamique. Selon eux, ce partenariat donne vie à la volonté des gouvernements européens de renforcer leurs capacités industrielles et technologiques, pour garantir l'autonomie de l'Europe dans le domaine spatial stratégique.

Pour les 25 000 employés concernés, la fusion promet aussi des opportunités de développement professionnel élargies, grâce à un accès à davantage de technologies de pointe et à une empreinte multinationale renforcée. Les représentants du personnel des trois groupes seront d'ailleurs informés et consultés dans les prochains mois, comme l'exigent les législations nationales. La finalisation de l'opération reste soumise aux autorisations réglementaires habituelles, avec un lancement opérationnel visé, nous le disions, pour 2027.