Vendredi, la mission French Tech a publié son premier état des lieux chiffré de l'écosystème tech français. Celui-ci met à l'honneur la création d'emplois massive, les investissements soutenus et le rapprochement avec les géants du CAC 40.

Pour la première fois, la mission French Tech lève le voile sur l'état réel de l'écosystème tech hexagonal. Les données rassemblées dressent le portrait d'un secteur en pleine transformation structurelle. Avec 18 000 start-up actives qui emploient 450 000 personnes, la tech française prouve qu'elle peut créer massivement de l'emploi tout en redistribuant les cartes entre Paris et les régions. Un panorama inédit qui révèle aussi comment grands groupes et jeunes pousses apprennent enfin à collaborer.
La French Tech, un vivier d'emplois qui essaime dans toute la France
Le secteur des start-up et scale-up françaises s'impose comme un véritable réservoir d'opportunités professionnelles, si l'on en croit les chiffres avancés par la mission French Tech. Les 18 000 entreprises tech actives en 2025 génèrent aujourd'hui 450 000 emplois directs dans le pays, avec une concentration notable de 45 000 postes au sein des structures les plus prometteuses du classement French Tech 120 et Next 40. Le premier semestre 2025 a même vu ces effectifs progresser de 4,6%, une performance qui détonne dans un contexte économique plutôt morose.
La géographie de l'innovation française est aussi en train de se redessiner complètement. L'activité des start-up, historiquement concentrée dans la capitale, conquiert désormais tout le territoire. Aujourd'hui, une jeune entreprise tech sur deux se développe en dehors de l'Île-de-France. Cela prouve que la croissance et le développement entrepreneurial ne sont plus l'apanage exclusif de Paris et sa banlieue.
La dynamique territoriale s'accompagne d'ailleurs d'une vraie diversité sectorielle. Le logiciel reste le domaine de prédilection, avec 31% des start-up françaises positionnées sur ce créneau, tandis que certaines régions bénéficient d'écosystèmes déjà bien structurés. Le sud de l'Hexagone capte ainsi 36% des flux d'investissement nationaux, avec des filières d'excellence comme le spatial en Occitanie (on pense notamment à Wheere, rencontrée à VivaTech cette année) qui attirent naturellement les capitaux vers les territoires disposant d'une expertise reconnue.
Des investisseurs confiants malgré un déséquilibre régional persistant
Entre janvier et septembre 2025, les entreprises tech françaises ont attiré 5,8 milliards d'euros de financements. Une somme colossale qui témoigne de l'appétit maintenu des investisseurs pour notre écosystème, avec même une accélération notable durant le troisième trimestre. Les capitaux se dirigent généralement vers des technologies de rupture comme l'intelligence artificielle, la deeptech, la santé et la greentech, qui concentrent l'essentiel des montants levés, et qui confirment l'alignement des investisseurs sur les priorités stratégiques nationales.
Ce tableau flatteur cache néanmoins une réalité plus contrastée sur le plan territorial. Car malgré la décentralisation de la création d'entreprises, le financement reste largement concentré en Île-de-France avec 47% des opérations d'investissement. Le cas de l'intelligence artificielle est révélateur. Alors que 44% des start-up spécialisées en IA naissent en région, portées par les neuf IA-Clusters implantés sur tout le territoire, seules 7% des levées de fonds dans ce secteur stratégique bénéficient à des entreprises situées hors de la capitale.
Cette asymétrie entre la création d'un côté et le financement de l'autre pose une question cruciale pour l'avenir. Comment les jeunes pousses régionales spécialisées dans l'IA, la santé ou les technologies vertes pourront-elles se développer sans accès aux financements conséquents nécessaires pour passer du stade expérimental à celui de champion industriel ?
En parallèle, l'écosystème français a franchi un cap en matière de maturité, puisque les liens entre start-up et entreprises du CAC 40 ont été multipliés par dix en seulement quatre ans. Plus révélateur encore, la part des start-up françaises dans ces partenariats est passée de 45% à 71% entre 2021 et 2025. Les géants de la tech, de l'industrie et de la finance ne se contentent plus d'observer les innovations, ils intègrent désormais activement les jeunes entreprises dans leurs stratégies de développement.