La porte-tourniquet entre la politique et la technologie tourne à plein régime. À peine quelques mois après avoir quitté le 10 Downing Street, Rishi Sunak rejoint Microsoft et la société d'intelligence artificielle Anthropic en tant que conseiller. Une reconversion qui interroge, même si l’ancien dirigeant a pris soin de faire verser ses rémunérations à une œuvre caritative pour tenter de calmer les esprits.

Dans un ballet bien réglé, les deux géants de la tech ont confirmé l'arrivée de l'ex-Premier ministre pour des missions de conseil stratégique. Rishi Sunak monnaie ainsi son principal fait d’armes dans le domaine : l'organisation du premier sommet mondial sur la sécurité de l'IA en 2023. Officiellement, il apportera son expertise sur les grands enjeux géopolitiques et réglementaires. Difficile, pourtant, de ne pas y voir une subtile manœuvre d'influence de la part d'entreprises cherchant à s'attirer les bonnes grâces des sphères du pouvoir.
Un rôle cousu main
Sur le papier, les missions de Rishi Sunak sont claires. Chez Microsoft, il devra éclairer la direction sur les dynamiques économiques et politiques mondiales. Chez Anthropic, start-up spécialisée en IA dans laquelle Microsoft a massivement investi, son rôle se concentrera sur la gouvernance et la sécurité des modèles d'intelligence artificielle. Il ne s'agit pas de postes opérationnels, mais plutôt de fournir une vision de haut niveau, loin des contingences du marché britannique.
On le devine cependant moins expert technique qu'il n'est une caution morale et un carnet d’adresses ambulant. En le recrutant, Microsoft et Anthropic s'offrent avant tout un nom, un visage familier des sommets internationaux, capable d'ouvrir des portes et de donner un vernis de respectabilité à leurs ambitions. Sa participation annoncée à des événements comme le Microsoft Summit confirme ce rôle d'ambassadeur de luxe.
Des règles pour la forme ?
Consciente du potentiel explosif de ce transfert, l'autorité de déontologie britannique (ACOBA) a posé des conditions strictes. Pendant deux ans, Rishi Sunak a l'interdiction formelle de contacter le gouvernement britannique au nom de ses nouveaux employeurs ou de les conseiller sur des contrats publics. De plus, il ne peut divulguer aucune information confidentielle obtenue durant son mandat. Un habile pare-feu, complété par le versement de ses salaires à sa fondation, destiné à prévenir les accusations de conflit d'intérêts.
Mais ne soyons pas dupes. L'influence d'un ancien Premier ministre ne se mesure pas seulement en contrats signés ou en appels téléphoniques. Sa seule présence au sein de ces entreprises envoie un signal fort aux régulateurs du monde entier. Reste à savoir si ces précautions, aussi détaillées soient-elles, suffiront à maintenir une frontière véritablement étanche entre l'influence politique passée et les intérêts privés bien présents des géants de la technologie.
Source : Windows Central