La Free Software Foundation (FSF) profite de son 40ème anniversaire pour dévoiler son projet le plus ambitieux en matière de mobilité : LibrePhone. Cette initiative vise à développer un OS de smartphone fonctionnant exclusivement avec des logiciels libres, éliminant tous les composants propriétaires jugés trop limitants et contraires à la liberté des utilisateurs.

Pour la FSF, il s'agit d'un défi technique majeur. Avec LibrePhone, ils amorcent un projet collaboratif, lequel ambitionne de créer le premier téléphone entièrement libre, de son firmware jusqu'à son système d'exploitation.
Un nouveau président pour une nouvelle ambition
La FSF accueille Ian Kelling comme nouveau président lors de cette célébration à Boston. Administrateur système de longue date et membre du conseil d'administration, Kelling hérite d'une organisation qui souhaite renforcer sa réponse aux défis émergents tout en élargissant le mouvement du logiciel libre. Cette nomination coïncide avec l'annonce de LibrePhone par la directrice exécutive Zoë Kooyman. Et cela marque une nouvelle direction stratégique pour l'organisation.
Le projet LibrePhone s'appuie sur l'expertise de Rob Savoye, développeur vétéran qui contribue aux outils GNU depuis les années 1980. Savoye a notamment travaillé sur la collection GNU Compiler et le débogueur GNU. Avec un développeur aussi expérimenté embarqué dans ce projet, autant dire que la démarche est très sérieuse. Car créer un smartphone libre de A à Z, ce n'est clairement pas une mince affaire.
Un projet titanesque
Avec LibrePhone, l'idée n'est pas de tout développer de zéro mais plutôt d'être pragmatique : le projet prévoit d'utiliser Android comme base, puis de procéder à l'ingénierie inverse de tous les composants propriétaires. S'il existe différents forks d'Android particulièrement centrés sur la vie privée, comme PostmarketOS, GrapheneOS ou /e/OS, ces derniers conservent encore des éléments propriétaires pour assurer la compatibilité matérielle.
L'objectif est donc d'éliminer le firmware propriétaire, le principal obstacle pour obtenir un smartphone vraiment libre. Les développeurs comptent faire du reverse-engineering sur les pilotes fermés et remplacer tous les composants non-libres. Il s'agit d'une tâche titanesque et jusqu'à présent, personne ne s'y est attelée. Un dépôt GitHub LibrePhone existe déjà, miroir de PostmarketOS, suggérant donc une collaboration avec cette distribution Linux mobile.
Rob Savoye souligne l'importance de cette initiative : "L'informatique mobile étant désormais si omniprésente, nous sommes très enthousiastes concernant LibrePhone et pensons qu'il a le potentiel d'apporter la liberté logicielle à beaucoup plus d'utilisateurs à travers le monde". La FSF conserve donc son approche historique sur la liberté logicielle, même si l'organisation a déjà tenté de développer un "système d'exploitation de téléphone gratuit" en 2017, un projet finalement abandonné.