Le dirigeant de Fairphone s’attaque frontalement au « mythe de la taxe verte »: selon lui, rendre un smartphone plus responsable n’exige ni prix gonflé ni concessions sur la qualité, et l’impact unitaire se limite à quelques dizaines de dollars absorbés par l’échelle industrielle.

Face à la pression réglementaire européenne qui impose dès 2025 des critères de durabilité et de réparabilité plus stricts, le discours prend un relief particulier pour un constructeur qui mise sur la longévité et l’entretien à domicile. Après des débuts militants, Fairphone assume désormais une ambition plus grand public, déjà perçue lors de la présentation de The Fairphone cet été avec une montée en gamme des composants et du design. Le positionnement s’appuie sur un principe simple: un appareil qui dure et se répare réduit le coût total de possession et les déchets électroniques.
Fin de la « taxe verte »
Dans une salle londonienne, la voix de Raymond van Eck tranche : le surcoût de la filière responsable et des matériaux traçables ne justifie pas un supplément facturé au consommateur, d’autant que les volumes et les accords fournisseurs amortissent l’effort. Le virage tarifaire du dernier modèle, passé de 649 livres pour la génération précédente à 499 livres, illustre cette volonté d’aligner la perception de qualité avec un prix plus accessible.
The Fairphone intègre un écran OLED de 6,31 pouces à fréquence variable de 10 à 120 Hz, un verre Gorilla Glass 7i, une protection IP55 et une architecture modulaire à douze éléments, de la batterie aux capteurs photo, avec une fiche technique équilibrée autour d’un Snapdragon 7s Gen 3, 8 Go de RAM et 256 Go extensibles. Le bloc photo mise sur un capteur principal de 50 Mpx épaulé par un ultra grand-angle de 13 Mpx et une caméra frontale de 32 Mpx, tandis que la batterie de 4 415 mAh accepte une charge de 30 W, un choix pensé pour la durabilité et la maintenance plutôt que la surenchère.

Le démontage reçoit la note maximale de 10 sur 10 chez iFixit, un signal fort envoyé au marché sur la faisabilité d’un design vraiment réparable sans colle envahissante. En Europe, les nouvelles règles sur l’écoconception, l’étiquetage et l’accès aux pièces détachées vont renforcer ce mouvement, en orientant les décisions d’achat vers des cycles plus longs et des produits réparables.
Fairphone parie sur une équation simple : qualité perçue d’abord, durabilité comme avantage durable ensuite, le tout sans surtaxe morale ni technique. Reste à observer si les grands constructeurs suivront ce terrain de jeu dicté par l’usage et la réparabilité, à mesure que les obligations européennes s’installent dans le quotidien des consommateurs et des chaînes d’approvisionnement. Les retombées se font tout de même sentir du côté des grands pontes du smartphone. Les derniers iPhone ont, par exemple, obtenu un score de 7/10 chez les bricoleurs d'iFixit.
Source : Tech Radar