Kagi veut repenser la façon dont nous consommons l’actualité en ligne. Un seul briefing par jour, des sources ouvertes, aucune personnalisation forcée. Un modèle plus sobre, mais qui soulève aussi quelques questions sur la diversité réelle de l’information.

Lassée des flux d’actualité infinis, Kagi veut proposer une autre cadence. Connue pour son moteur de recherche et son navigateur centrés sur la vie privée, la société s’attaque maintenant à l’information en ligne avec Kagi News, une application et un site web pensés pour un rapport plus sain à l’actualité. Pour en finir avec les recommandations algorithmiques et le doomscrolling, le service mise sur un temps de lecture maîtrisé et sur des sources choisies collectivement, afin de livrer un panorama mondial de l’actu cohérent et plus facile à suivre.
Un briefing unique pour retrouver le sens de l’information
Chaque jour à midi (UTC, soit 14 h à Paris en été et 13 h en hiver), Kagi News publie un briefing unique construit à partir de milliers de flux RSS sélectionnés par sa communauté. Les sources sont publiques et ouvertes, chacun pouvant proposer un nouveau média ou signaler un problème via un dépôt GitHub, tandis que l’entreprise assure respecter les éditeurs en ne récupérant que les contenus qu’ils choisissent de rendre accessibles, sans recourir au scraping ni chercher à contourner leurs choix.
L’idée est ici de transformer la lecture de l’actualité en un moment maîtrisé plutôt qu’en un flux sans fin dicté par des recommandations. Kagi promet un tour d’horizon complet en cinq minutes, que les utilisateurs peuvent ajuster en modifiant le nombre d’articles, l’ordre des rubriques ou le niveau de détail des résumés selon leurs priorités. Comme les autres services de l’entreprise, la confidentialité fait partie intégrante de l’expérience : aucune donnée de lecture n’est exploitée pour du ciblage publicitaire ou du profilage.
À noter enfin que le service est aussi pensé pour l’international. Les articles s’affichent dans leur langue d’origine lorsque c’est pertinent, mais un système de traduction automatique (Kagi Translate) permet d’accéder facilement à des contenus étrangers. Les titres de presse française apparaissent dès lors qu’ils proposent un flux RSS, et chacun peut suggérer de nouvelles sources francophones si elles manquent encore à la sélection.

Un modèle plus sobre, mais pas exempt de biais
Disponible sur le web, iOS et Android, Kagi News entend donc prendre le contre-pied des mastodontes de l’agrégation que sont Google News ou Flipboard, centrés sur la personnalisation et les recommandations automatiques. Une intention louable sur le papier, mais qui pourrait tout aussi bien se heurter à ses propres angles morts.
Car confier à une communauté le soin de sélectionner les sources et de hiérarchiser l’actualité dans un briefing unique revient à déléguer entièrement la construction du récit d’ensemble, et même si chacun peut théoriquement proposer de nouveaux médias, tout repose sur l’engagement d’une minorité de contributeurs, sans garantie de renouvellement régulier des flux retenus et de diversité des points de vue. Même constat concernant la traduction automatique, qui facilite certes l’accès aux contenus internationaux, mais peut aussi lisser les nuances et uniformiser les discours.
Au final, l’internaute gagne en confort et en simplicité, mais s’expose à un contenu prémâché qui peut donner l’illusion d’avoir fait le tour de l’info alors qu’il reflète des choix éditoriaux implicites. Un bon point de départ pour s’informer autrement, à condition de ne pas en faire sa seule fenêtre sur l’actualité.
Source : Kagi
- Pas de publicité
- Flux personnalisable
- Interface épurée