Le sous-marin russe Novorossisk est victime d'une avarie technique grave, qui lui fait risquer l'exposition. Alors qu'il traverse le détroit de Gibraltar et qu'il est traqué par un avion espion américain, le navire cherche désespérément un port de secours.

Il y a quelques jours, un avion espion américain P-8A Poséidon a repéré puis tourné au-dessus du détroit de Gilbratar, pour traquer un sous-marin russe en difficulté. Vendredi 26 septembre, le B-261 Novorossick, son nom de code, émergeait finalement à la surface pour franchir le passage. Tout le problème, c'est que le bâtiment de près de 73 mètres de long, habituellement discret sous les flots, navigue aujourd'hui dans l'urgence, avec 52 hommes à bord et une avarie qui pourrait leur coûter cher, puisque le navire risque l'explosion.
Une panne technique aux conséquences potentiellement explosives pour le sous-marin russe
L'information est arrivée de Tchéka-OGPU, une chaîne Telegram d'opposition russe, qui publie régulièrement des fuites sur l'état de l'armée. Documents internes à l'appui, elle décrit une défaillance du circuit de carburant. Dans le détail, le combustible s'écoule en masse dans les compartiments inférieurs du navire. Le souci, c'est qu'il n'y a aucune pièce de rechange disponible ni technicien spécialisé parmi l'équipage pour colmater la brèche.
Le danger devient critique à mesure que le carburant s'accumule, avec un vrai risque d'explosion. Dans un espace confiné comme la cale d'un sous-marin, les vapeurs de combustible peuvent s'enflammer au contact d'une simple étincelle électrique ou d'un équipement défaillant. Sans possibilité de réparer la fuite à bord, l'équipage n'aurait qu'une seule option, celle de vider la cale contaminée directement dans l'océan.
Le Novorossisk tente désormais de rallier Saint-Pétersbourg, où les installations permettraient les réparations lourdes nécessaires. La marine russe devrait envoyer un remorqueur depuis sa flotte de la Baltique pour escorter ce retour qui s'annonce périlleux. Le sous-marin diesel-électrique de classe Kilo, récent puisque construit en 2014, peut normalement lancer des missiles de croisière Kalibr. Mais dans son état actuel, chaque heure de navigation compte.
Le sous-marin Novorossisk déjà surveillé près des côtes bretonnes en 2022
Depuis le 25 septembre, l'avion de patrouille maritime américain P-8A Poseidon, équipé de capteurs acoustiques et radars sophistiqués, survolait la zone du détroit de Gibraltar pour localiser le sous-marin Novorossisk. Mais les experts OSINT, ces analystes qui compilent des données publiques en ligne, ont aussi remarqué les mouvements suspects du cargo russe Lauga, qui naviguait de manière erratique en mer Ionienne avant d'arrêter ses moteurs au large de l'Espagne. Un indice supplémentaire sur les difficultés russes dans la région.
En juillet dernier, le Novorossisk avait été suivi par le patrouilleur britannique HMS Mersey dans la Manche, accompagné du remorqueur Yakov Grebelski. En septembre 2022, il y a déjà trois ans, il traînait près des côtes bretonnes sous l'œil de la frégate française Normandie. « Des sous-marins russes s'approchent désormais des côtes bretonnes, ce que l'on n'avait plus vu depuis longtemps », avait alors déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre des Armées.
Une flotte russe épuisée par trois ans de conflit
Au-delà de ce sous-marin, c'est toute la marine russe qui montre des signes de fatigue. Depuis février 2022 et l'invasion de l'Ukraine, la flotte de la mer Noire encaisse les coups. Les frappes ukrainiennes ont touché les ports de Sébastopol et Marioupol. Le Moskva, navire amiral de la flotte, a au passage coulé en avril 2022.
Les sanctions occidentales aggravent le tableau. La fermeture du détroit du Bosphore a compliqué l'accès aux chantiers navals méditerranéens comme celui de Tartous en Syrie. Résultat, selon Tchéka-OGPU, nombreux sont les bâtiments qui rentrent au port « bâchés », autrement dit hors service. Et les navires lance-missiles, pourtant stratégiques, subissent particulièrement ces mises à l'arrêt forcées.
Les sous-marins de classe Kilo, comme le Novorossisk, paient le prix de cette usure. Conçus pour des missions ponctuelles de dissuasion ou de frappe, ils tournent maintenant en surrégime depuis trois ans. L'intensité des opérations, combinée au manque de maintenance et à la difficulté de trouver des pièces détachées sous sanctions, les pousse dans leurs derniers retranchements. Ce qui était censé être un atout discret devient un boulet logistique.
Source : Opex360