Infinite Orbits, une jeune entreprise toulousaine du New Space, a signé un contrat de 50 millions d'euros avec la Direction générale de l'armement. Sa mission sera de protéger les satellites militaires français des menaces spatiales.

L'espace devient un terrain de jeu de plus en plus surveillé, et la France en a pleinement conscience. Avec les tensions géopolitiques qui s'intensifient, l'Hexagone mise gros sur la protection de ses infrastructures critiques à très haute altitude. C'est dans ce contexte qu'Infinite Orbits, une entreprise spécialisée dans la surveillance et la prolongation de vie des satellites, vient de décrocher l'un des plus beaux contrats de son histoire.
Infinite Orbits lance sa mission de surveillance spatiale militaire
Selon Les Echos, Infinite Orbits va déployer un microsatellite d'inspection de 100 kg, baptisé Orbite Guard, qui sera équipé de caméras et de logiciels sophistiqués. Sa mission consistera à identifier les astronefs espions qui tentent de s'approcher des satellites militaires français à 36 000 kilomètres d'altitude. Un véritable chien de garde spatial.
Il faudra envoyer un satellite très compact en orbite géostationnaire, ce qui relève de l'exploit. Il faudra aussi le blinder contre les radiations spatiales, tout en embarquant suffisamment de carburant pour tenir cinq ans. Tout cela lui offrira davantage de maniabilité, sans parler des coûts réduits.
Infinite Orbits ne se contente pas de livrer du matériel. La start-up toulousaine transfèrera son savoir-faire au Commandement de l'espace (CDE) pendant cinq ans, en formant les équipes aux opérations spatiales. Le contrat, d'un montant de 50 millions d'euros, a été signé dans le cadre de l'opération « Action et résilience spatiale », pilotée par la Direction générale de l'armement (DGA) pour lutter contre la menace dans l'espace.
Objectif 2027 pour le premier satellite militaire d'Infinite Orbits
Fondée en 2017 à Singapour par des étudiants, Infinite Orbits a connu un parcours atypique. La start-up a d'abord té rachetée par l'entrepreneur Adel Haddoud, puis elle a migré vers Toulouse en 2020, où elle emploie désormais 95 de ses 100 salariés. Une belle illustration du dynamisme de la « Ville rose » dans l'aérospatial. C'est d'ailleurs sur place qu'Infinite Orbits fabriquera le microsatellite, avec un lancement prévu en 2027.
En parallèle de la surveillance militaire, l'entreprise développe aussi Endurance, un astronef de 800 kg capable de s'amarrer aux satellites en panne de carburant pour les maintenir opérationnels cinq ans supplémentaires. « La DGA profitera de cette technologie développée pour le marché commercial », souligne Marion Andrieux, directrice commerciale de la structure.
Avec 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024, et un objectif de 20 millions en 2025, Infinite Orbits a de l'ambition. « Nous nous sommes financés avec des contrats commerciaux jusqu'en 2023 avant d'obtenir des subventions et de nous étendre au secteur militaire », explique Marion Andrieux. Une levée de fonds de 12 millions en début d'année a accéléré cette diversification.