Fait assez surréaliste, la banque brésilienne Itaú, la plus grande du pays, a licencié 1 000 employés au motif d'une productivité insuffisante, alors qu'ils étaient en télétravail. De quoi relancer le débat autour de la surveillance numérique.

Le télétravail peut tourner au cauchemar professionnel. La plus grande banque du Brésil, Itaú, a franchi la ligne rouge en licenciant 1 000 de ses 100 000 salariés, accusés d'être trop peu productifs depuis leur domicile. La décision, qui repose sur une surveillance en ligne intensive des employés, relance le débat sur les limites du télétravail et suscite l'indignation des syndicats brésiliens.
Itaú surveillait ses employés grâce aux logiciels de surveillance
Une telle mesure serait surréaliste, voire impensable en France, et pourtant ! Comme le rapporte le journal Les Echos, le géant bancaire brésilien Itaú a tranché la question de la productivité de ses salariés en télétravail de façon radicale. La semaine dernière, mille employés ont découvert leur licenciement pour cause de rendement jugé défaillant.
L'institution financière revendique comme justification avoir mené une « évaluation minutieuse des conduites relatives au télétravail ». Dans son communiqué officiel, elle pointe du doigt des « conduites incompatibles avec (ses) principes reposant sur la confiance ». Une manière diplomatique d'accuser 1% de ses effectifs d'avoir transformé leur salon en zone de repos permanent.
Pour étayer ses accusations, la banque s'appuie sur des « indicateurs robustes d'activité numérique provenant de plusieurs logiciels ». Autrement dit, chaque clic, chaque pause, chaque connexion a été scrutée à la loupe. Un niveau de surveillance rare à ce niveau, qui transforme le télétravail en panoptique numérique.
Syndicats et salariés se révoltent contre les licenciements
Malgré ses profits records de 6,4 milliards d'euros l'an dernier, l'établissement contrôlé par les familles Setubal et Moreira Salles ne lâche rien sur l'épineuse question de la productivité, fondamentale pour eux. Depuis trois ans, Itaú cultive l'image des itubers auprès de ses équipes, en référence à l'univers YouTube et à sa supposée créativité débridée.
Mais les employés concernés ne goûtent guère à cette ironie. « C'est comme s'ils nous traitaient comme les "paresseux d'Itaú !" », s'insurge l'un d'eux dans des propos rapportés par le quotidien économique. Certains évoquent même des promesses de promotion brisées après des années de loyauté dans des secteurs clés comme l'informatique.
La colère monte aussi du côté syndical. Les représentants du personnel dénoncent des « arguments lâches » et demandent des comptes. « De quels objectifs parle-t-on ? Comment sont-ils mesurés ? », interroge une porte-parole du syndicat bancaire. Au Brésil, où une grande majorité des salariés privilégient le modèle hybride bureau-domicile, l'affaire pose la question de l'avenir des relations de travail à l'ère du télétravail.