Des salles de rédaction entières s’interrogent face à un robot d’indexation devenu une porte d’entrée vers l’IA. Quand le trafic se contracte, la valeur des contenus se joue désormais à la ligne de code près.

- Google utilise un seul robot d'exploration pour la recherche et l'entraînement de l'IA, ce qui impacte le trafic des médias.
- Les rédactions cherchent des solutions pour monétiser l'accès à leurs contenus, avec des concepts comme le 'Pay per Crawl'.
- Des discussions sont en cours en Europe pour clarifier les droits d'accès et d'utilisation des contenus par l'IA.
La polémique enfle autour du choix de Google d’utiliser un unique robot d’exploration pour la recherche classique et pour l’entraînement de ses systèmes d’intelligence artificielle. En pratique, bloquer l’usage des contenus par l’IA revient à s’effacer du moteur de recherche. Dans les rédactions, l’alerte est lancée et la riposte s’organise, technique et juridique à la fois.
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Un robot, deux usages
Dans les couloirs de People Inc., la scène se répète : des équipes SEO comparent des courbes de trafic qui, autrefois, culminaient, et qui désormais s’affaissent. Le même crawler explore les pages pour l’indexation et pour nourrir des modèles génératifs, sans distinguer clairement les finalités. La bascule n’est pas théorique. En quelques années, le référencement issu de Google, jadis majoritaire, pèse bien moins dans l’audience des grands sites. Les rédactions voient la valeur de leur production aspirée par des réponses directes et des résumés assistés, pendant que l’attribution et le partage de revenus restent flous.
Chez Google, la justification est connue : améliorer la qualité des résultats et des expériences d’assistance. Côté éditeurs, le constat est brutal. Tant que Googlebot ne sépare pas nettement la recherche de l’IA, un refus ciblé est impossible sans se tirer une balle dans le pied. L’illusion d’un opt-out granulaire se heurte à la réalité d’un seul visiteur automatisé qui fait tout.
Dans les rédactions, l’équation change
Dans une conférence, Neil Vogel embraye d’un ton ferme. Son message résonne avec ce que les équipes terrain racontent déjà : produire coûte, l’IA consomme, et la boucle économique n’est pas refermée. L’impact est concret sur les budgets, les embauches, la cadence éditoriale. Face à des modules comme AI Overviews, la promesse de trafic se dilue en amont du clic.
Alors la technique reprend la main. Des outils émergent pour redonner des leviers de négociation. Le concept de Pay per Crawl proposé par des acteurs de l’infrastructure redessine le rapport de force : un serveur peut répondre en 402 Payment Required, signaler un tarif ou exiger un contrat. Le principe est simple, son adoption ne l’est pas. Les bots doivent jouer le jeu, s’identifier correctement, respecter les politiques définies par les éditeurs et les fichiers robots.txt.
La France et l’Europe observent de près. Les droits voisins de la presse, les lignes directrices sur le respect des règles de crawling et les discussions autour des codes de pratique pour les modèles d’IA créent un cadre. Le terrain n’est pas vierge. L’épisode Perplexity, avec ses accusations d’exploitation non autorisée de contenus, a déjà réveillé une profession qui réclame traçabilité et contreparties.
Si Google séparait nettement son robot d’indexation de celui dédié à l’IA, l’option d’un consentement éclairé retrouverait du sens. En parallèle, des accords commerciaux plus transparents pourraient faire baisser la température et stabiliser le modèle économique des médias. D’ici là, l’issue se jouera à trois niveaux : l’implémentation stricte des politiques d’accès côté serveurs, la capacité des plateformes à accepter la rémunération du crawl et la clarté des obligations juridiques sur l’usage des contenus pour entraîner des modèles. Entre lignes de code et lignes de droit, l’équilibre reste à écrire.
Source : Tech Crunch