Entre failles techniques, attaques par malware et promesses non tenues en matière de confidentialité, Chrome n’a de toute évidence plus grand-chose à offrir pour stocker vos mots de passe en toute sécurité.

- Katz Stealer, un malware abordable, vole vos identifiants stockés dans les navigateurs comme Chrome et Edge.
- Les navigateurs ne sont pas sécurisés pour stocker vos identifiants, exposant vos données à des risques.
- Optez pour des gestionnaires de mots de passe dédiés pour une sécurité renforcée de vos identifiants.
En matière de cybersécurité, il y a des évidences que l’on finit par oublier. Comme celle-ci : un navigateur web n’est pas un coffre-fort. Et pourtant, des millions d’utilisateurs et utilisatrices continuent d’y enregistrer tous leurs identifiants, sans trop se poser de questions. Facilité, synchronisation automatique, alertes en cas de fuite… Google a tout fait pour faire de Chrome un gestionnaire de mots de passe à part entière. Mais derrière le confort, les risques s’accumulent, et les experts tirent une fois de plus la sonnette d’alarme alors qu’un nouveau malware-as-a-service baptisé Katz Stealer se gave de vos identifiants moyennant 30 à 50 dollars par mois.
Katz Stealer, un aspirateur à identifiants bradé 30 dollars par mois
Un malware vendu à prix cassé, facile à utiliser et capable de vider en quelques secondes tous vos identifiants stockés dans Chrome, Edge, Firefox ou Brave : voilà ce que propose Katz Stealer. Ce nouvel outil, apparu en début d’année, se loue pour une poignée de dollars par mois et séduit de plus en plus de cybercriminels, selon une enquête de SentinelOne.
Concrètement, Katz agit comme un aspirateur à données. Il cible tous les navigateurs grand public, récupère les mots de passe enregistrés, les cookies de session, les tokens d’identification, les données de remplissage automatique (y compris les CVV des cartes bancaires), et les envoie vers un tableau de bord accessible en ligne. Même les protections mises en place récemment par Google, comme le chiffrement lié à l’utilisateur de l’OS, ne suffisent plus. Une fois injecté dans le système, Katz est capable de se faire passer pour le navigateur en question, et donc de contourner ces restrictions.
Stocker ses mots de passe dans son navigateur, une fausse bonne idée
Évidemment, ce type d’attaque n’a pas grand-chose de nouveau, mais la facilité d’accès, la richesse des données ciblées et l’efficacité du malware donnent un coup de projecteur sur un problème bien plus large : celui du stockage de vos mots de passe dans votre navigateur.
Car s’il est tentant de confier ses identifiants à Chrome ou Edge – simplicité, synchronisation, alertes en cas de fuite – cette solution présente des failles importantes. Le gestionnaire de Google, par exemple, n’utilise pas de chiffrement à connaissance nulle (zero-knowledge). En clair, Google pourrait techniquement accéder à vos mots de passe si elle le souhaitait. À l’inverse, les gestionnaires dédiés comme Bitwarden, 1Password, Keepass ou Proton Pass, pour n’en citer que quelques-uns, garantissent un chiffrement local des données, avec authentification forte, cloisonnement applicatif, protection contre les accès non autorisés et partage sécurisé des identifiants.
Autre souci : le navigateur lui-même est une cible de choix. Il suffit d’une extension douteuse, d’un site piégé ou d’un infostealer bien fichu pour accéder à vos données. Il n’y a pas de barrière étanche entre le navigateur et les identifiants stockés, et c’est précisément ce que cherchent à exploiter les MaaS comme Katz. En clair, tant que c’est le navigateur qui gère vos mots de passe, ces derniers sont exposés aux mêmes vulnérabilités.

Navigateur ou sécurité : il va falloir choisir
Le paradoxe, c’est que pendant ce temps, les géants du web poussent de plus en plus d’utilisateurs et utilisatrices à… stocker leurs identifiants dans leur navigateur. Microsoft a ainsi annoncé la fermeture de son gestionnaire de mots de passe intégré à l’application Authenticator, confirmant qu'à partir du 1er août, tous les mots de passe y seront supprimés. Objectif affiché : migrer vers le gestionnaire d’Edge, censé prendre le relais. De son côté, Google encourage la transition vers les passkeys, mais continue de proposer son gestionnaire intégré dans Chrome comme solution par défaut.
Or, alors que les passkeys ne sont pas encore généralisées, cette stratégie peut poser problème. Car elle revient, pour une grande partie des utilisateurs et utilisatrices, à remplacer un outil sécurisé par une solution plus vulnérable, sans réelle séparation entre les fonctions de navigation et celles de gestion des mots de passe.
Bref, si vous utilisez encore Chrome pour stocker vos mots de passe, c’est le moment de les exporter vers un gestionnaire dédié, puis de les supprimer du navigateur. Et ça tombe bien, Google propose désormais un bouton pour tout effacer en un clic (Paramètres > Saisie automatique des mots de passe > Gestionnaire de mots de passe Google > Paramètres > Supprimer toutes les données du Gestionnaire de mots de passe Google > Supprimer les données). Parce que finalement, conserver vos mots de passe dans le navigateur, c’est comme planquer vos clés sous le paillasson. Pratique, oui, mais tout le monde connaît la cachette.
Sources : SentinelOne, Forbes [1], Forbes [2]