Avec les rachats de Business Objects et de Sybase, SAP a depuis plusieurs années entrepris de dépoussiérer l'image de l'éditeur d'ERP vieillissant, et fait désormais sien le credo de l'innovation. Jim Hagemann Snabe, co-dirigeant du géant allemand du logiciel, a toutefois pris soin de rappeler mercredi, en ouverture du SapphireNow Madrid, qu'il ne s'agissait pas d'innover pour innover. « Nous ne voyons pas notre rôle comme un simple rôle technologique. Le succès de SAP repose sur la compréhension des affaires de ses clients et sur la livraison d'une vraie valeur en affaires », a-t-il déclaré lors de la première pleinière de l'évènement.
Cette promesse de valeur, incarnée notamment par les nombreuses nouveautés apportées aux applications opérationnelles de la SAP Business Suite, repose essentiellement sur trois secteurs : la mobilité, portée par l'offre Sybase, le passage au cloud et l'accompagnement du big data avec la promotion des solutions In Memory commercialisées sous marque HANA. A leurs côtés trône le core, l'activité historique, sur laquelle SAP n'entend bien évidemment pas lever le pied.
Tout le talent de SAP résiderait aujourd'hui dans la capacité à combiner les fondamentaux du logiciel sur site à la simplicité du cloud, mais aussi aux avantages induits par la mobilité, pour une information toujours plus proche des collaborateurs, ou à la puissance d'analyse en temps réel que permet le modèle In Memory. De quoi rendre SAP « aussi simple qu'Apple, aussi rapide que Google », selon Jim Snabe, sourire en coin.
SAP a cependant assuré que ces efforts de « combinaison » ne se feraient pas au détriment des solutions actuelles. S'il promeut HANA et la gestion des données en mémoire vive, l'éditeur a par exemple assuré que le modèle plus traditionnel aujourd'hui proposé avec Sybase IQ n'avait bien évidemment pas vocation à disparaître ou à perdre en importance. Autrement dit, au client le choix des armes, dans un univers où l'on promet une flexibilité optimale et une « innovation sans rupture ». Témoignent de cette stratégie les nombreuses annonces produit réalisées depuis Madrid, comme l'ouverture d'un Store dédié aux applications mobiles, complémentaire de la Sybase Unwired Platform.
A la tête de SAP France, Nicolas Sekkaki se félicite d'ores et déjà l'efficacité de la démarche. Rencontré une semaine avant SapphireNow pour un point sur les résultats financiers de l'éditeur, il revendique un 7e trimestre de croissance à deux chiffres sur l'activité logiciel et signale des indicateurs encourageants sur la plupart des pans de l'activité, y compris sur les segments on l'on n'attend pas encore beaucoup SAP. ByDesign, l'ERP à la demande (en mode cloud donc) décolle par exemple enfin, après un démarrage laborieux en 2009 avec 36 clients, soit un triplement de la base installée sur un an pour une offre aujourd'hui commercialisée exclusivement par des partenaires / intégrateurs.
« Nous avons d'ailleurs des partenariats de plus en plus étroits avec de grands intégrateurs comme Accenture ou Cap Gemini, qui investissent de plus en plus autour de nos produits. C'est significatif, car nos partenaires ne font pas que de la revente : ils s'approprient aussi les technologies et participent au renforcement de l'écosystème. », a commenté Nicolas Sekkaki. Ces partenariats s'incarnent aussi bien sûr autour des lignes de produit les plus neuves, comme dans le domaine du cloud, où SAP collabore désormais avec IBM et HP (certification d'offre, infrastructures à la demande).
A Madrid comme à Paris, SAP campe donc droit sur ses positions. « Pour accompagner la convergence du transactionnel et du décisionnel, il faut développer l'innovation. C'est elle qui va nous permettre de développer l'agilité de l'entreprise », résume Nicolas Sekkaki. L'agilité du client, mais aussi celle de SAP, qui se dit aujourd'hui bien armé pour affronter sans heurts similaires à ceux de 2009 une nouvelle crise.