De nombreux constructeurs proposent donc depuis des années des modèles aux formats toujours plus fantaisistes et aux performances accrues, rivalisant de technologies et de trouvailles pour rendre leurs produits plus compétitifs. Le Graal à atteindre ? Un maximum de refroidissement pour un minimum de bruit.
Nous avons donc voulu mesurer à quelle distance de ce noble but se trouvaient les modèles actuels. Nous avons regroupé pas moins de17 références, en excluant les dissipateurs qui n'étaient pas accompagnés d'un système de ventilation pour la simple et bonne raison que le choix du ventilateur vous revient alors, ce qui n'était pas le but de cet article.
Les modèles en présence sont donc les suivants :
- le Venom d'Akasa,
- le Coolink Corator DS,
- le dernier-né de chez Cooler Master, le V6 GT,
- le plus ancien V8 de la même marque,
- l'impressionnant V10, toujours chez Cooler Master,
- le Corsair Air Series A50,
- son petit frère le A70,
- le Noctua NH-C14,
- le NH-D14 de chez Noctua également,
- le NH-U12P SE2, toujours du même constructeur,
- le tout dernier NH-C14, toujours chez Noctua,
- le Scythe Yasya,
- le très impressionnant Susanoo, chez Scythe également,
- le Thermalright Silver Arrow,
- le Frio de chez Thermaltake,
- un modèle relativement ancien de chez Zalman, le CNPS9900 NT,
- et un beaucoup plus récent, le CNPS10X Extreme.
Pour tester ces différents ventirads, nous vérifierons les performances du dissipateur en contrôlant la qualité de la surface de contact, celle de la pâte thermique fournie, le choix des matériaux, le nombre de caloducs...
Nous nous pencherons également sur le ou les ventilateurs qui accompagnent nos dissipateurs, en évoquant leur taille, leur capacité de refroidissement ou encore la pression acoustique qu'ils génèrent.
Enfin nous ne manquerons pas de tester la simplicité du montage de ces ventirads et la qualité du système de fixation utilisé.
Températures
Tester des ventirads, c'est avant tout mesurer leur capacité à refroidir le processeur. Pour ce faire, nous avons eu recours à la configuration suivante :
- Carte-mère Asus P7P55D Deluxe,
- Processeur Intel Core i5 750 2,66 GHz,
- 4 Go de mémoire DDR3-1066,
- Alimentation Corsair AX 850,
- Carte graphique NVIDIA 8500GT (passive),
- SSD Crucial C300 pour le système
Notez que le C300 élimine les nuisances sonores dues au disque dur, que notre alimentation est l'une des plus silencieuses qui soient, et que nous n'avons branché aucun des ventilateurs de notre boîtier durant les tests. Précisons également que nous avons testé le ventirad livré par Intel avec le Core i5 750, à titre de comparaison.

La pâte thermique utilisée durant nos tests est celle fournie par les constructeurs, cet élément entrant en ligne de compte lorsqu'il s'agit d'évaluer la capacité des différents ventirads à dissiper la chaleur.
Les mesures relevées sont la moyenne des températures des 4 cœurs du processeur, valeurs relevées grâce à HWMonitor. Deux relevés ont été effectué : l'un au repos, l'autre en charge. Précisons que la température de la pièce a été maintenue constante à 19°C.
Ventilation minimale
Nous utilisons ici les ventilateurs au minimum de leur capacité, c'est à dire avec une ventilation la plus faible possible, grâce à l'utilisation du système PWM et/ou des adaptateurs et autres potentiomètres dont sont équipés certains ventirads.
Le premier élément qui frappe ici est l'uniformité des valeurs trouvées. En excluant le rad Intel et le Cooler Master V10 (ce dernier fonctionne ici en mode passif, nous y reviendrons) l'écart maximal n'est que de 2,5°C. Ce n'est donc pas lorsque le processeur est au repos que les ventirads se départagent en terme de refroidissement.

Après 3 itérations de Prime95 exécuté sur les 4 coeurs, les écarts se creusent. Sans surprise, c'est le ventirad Intel livré avec notre processeur qui donne les moins bons résultats, toujours suivi par le Cooler Master V8, décidément à la peine. Notez que la ventilation minimale utilisée ici suffit à conserver le processeur sous les 50°C dans les autres cas, ce qui est remarquable. Un bon point au trio de tête constitué des Silver Arrow, Noctua NH-C14 et Scythe Susanoo.
Ventilation maximale

On prend les mêmes et on recommence, cette fois avec une ventilation maximale. Premier constat d'importance : les températures n'évoluent quasiment pas, voire pas du tout par rapport à celles observées avec la ventilation minimale. Preuve du bien-fondé du système PWM... Par ailleurs, on remarque encore une fois que ce n'est pas au repos que ces ventirads se démarquent.

En charge, les valeurs diffèrent déjà plus significativement de celles observées en ventilation maximale. Il est intéressant d'observer que la taille du dissipateur n'est pas directement liée à la différence de température observée entre une ventilation faible et plus conséquente. Ainsi, l'Akasa Venom bénéficie-t-il d'un gain important contrairement au Corsair A50, et le Noctua NH-D14 perd 5°C alors que le Silver Arrow ne perd que 2°C. Et sur ce test, c'est l'impressionnant Scythe Susanoo qui tire son épingle du jeu.
Ventilation nulle
Pour ceux d'entre vous qui aiment changer les ventilateurs fournis avec les ventirads, nous avons voulu tester les performances des dissipateurs seuls, c'est à dire sans ventilateur. Pour ce test, nous avons donc déconnecté tout système de ventilation afin d'apprécier la capacité du dissipateur à accumuler de la chaleur. Nous avons relevé la température du processeur après 5 minutes de dissipation passive, puis avons lancé Prime95. Nous avons alors mesuré le temps mis par le CPU pour atteindre la température de 75°C.
Encore une fois, on observe une certaine homogénéité des résultats, preuve que les contacts entre les ventirads et le processeur est performant la plupart du temps. Les résultats sont quelque peu faussés pour le tout petit ventirad d'Intel, alors que l'on attendait plus du Cooler Master V10.

Assez peu de surprises sur ce test qui met en avant les plus gros modèles, ceux à même d'emmagasiner une grosse quantité de chaleur. Pour l'anecdote, le Noctua NH-D14 parvient à contenir la chaleur issue du processeur 10 fois plus longtemps que le ventirad Intel. Mais ce sont bien le Susanoo de Scythe et ses 1 600 grammes qui sortent largement vainqueur de ce test.
Nuisances sonores
Nous avons également mesuré, grâce à un sonomètre, le bruit généré par nos différents ventirads. Pour une ventilation minimale et au repos tout d'abord, puis en charge. Nous avons ensuite renouvelé nos tests avec la ventilation au maximum de ses capacités. La pression acoustique de référence a été mesurée à 33,0 dB(A) dans la pièce où nous avons effectué nos tests. Enfin, sachez que nous avons placé le sonomètre à 5 cm des ventirads, afin de minimiser l'impact des bruits parasites.Ventilation minimale

Dans cette configuration, le système PWM est utilisé au maximum. Pour les ventilateurs qui ne sont pas compatibles avec cette technologie, nous utilisons les adaptateurs fournis par les constructeurs afin de minimiser les nuisances sonores. Les modèles Corsair, justement incompatibles avec le PWM et bénéficiant d'adaptateurs aux possibilités assez faibles, sont logiquement les grands perdants de ce test. Au contraire, le Cooler Master V10 sort en tête puisqu'il n'émet... aucun bruit. En effet, la plaque à effet Peltier épargne au V10 d'utiliser ses ventilateurs lorsque le processeur est au repos. Mention spéciale au Scythe Yasya (avec le potentiomètre au minimum), à l'Akasa Venom, au V8 de Cooler Master et au NH-D14 de Noctua, qui sont quasiment inaudibles.

En charge, le système PWM accélère les ventilateurs et augmente par conséquent les nuisances sonores. Les résultats diffèrent donc largement pour le V10 par exemple, alors que le Venom Akasa et le Cooler Master V8 maintiennent un excellent niveau de silence. Les deux modèles Noctua, insensibles à la charge, continuent d'offrir un niveau sonore particulièrement bas.
Ventilation maximale

Sus au PWM ! Ici, pas de quartier, on laisse les ventilateurs s'exprimer à plein. Et les résultats ne sont pas tristes pour le Frio qui, avec ses 2 ventilateurs fonctionnant à 2 500 RPM, nous casse littéralement les oreilles. Le V6 GT de Cooler Master ne fait guère mieux, alors que c'est finalement les deux modèles Zalman et le Cooler Master V8 qui s'en sortent le mieux, aidés en cela il est vrai d'un adaptateur pour le CNPS990 NT et d'un potentiomètre réglé au minimum pour le V8.
Rapport refroidissement / nuisances sonores
Finalement, si l'on veut synthétiser les deux pages de résultats précédentes, il nous faut tracer un graphique regroupant les nuisances sonores et les températures.Ventilation minimale - Repos

Ici, on s'intéresse au comportement des ventirads pour un processeur qui ne sera pas souvent en charge. Ceux qui cherchent à obtenir un PC bureautique très silencieux tout en conservant le processeur au frais pourront alors se tourner vers les Cooler Master V8 et V10, ou encore le Scythe Yasya ou le Venom d'Akasa, notamment. Tous ces ventirads sont capables de refroidir convenablement un processeur qui ne chauffe pas trop, le tout pour un niveau de sonore particulièrement bas.
Ventilation minimale - Charge

Même principe que précédemment : les ventirads les plus intéressants sont ceux qui occupent la région inférieure gauche du graphique. Plusieurs modèles font preuve de qualités bien distinctes. Le Venom d'Akasa se montre le plus silencieux, mais ne permet pas un refroidissement aussi efficace que le propose le Silver Arrow de Thermalright, lui-même relativement discret. Finalement, ce sont peut-être les deux modèles Noctua en mode ULNA, ou plus encore le Scythe Susanoo, qui présentent le meilleur rapport températures en charge sur nuisances sonores.
Ventilation maximale

Ici, on cherche à savoir quels sont les ventirads qui offrent à la fois le meilleur refroidissement en charge, quitte à sacrifier un peu de silence. Le Zalman CNPS10X Extreme avec son potentiomètre réglé au minimum offre un excellent compromis, son vieux cousin le CNPS9900 NT n'étant pas mal placé non plus. Mais le ventirad qui se montre le plus performant est sans nul doute le NH-C14 de Noctua.
Ceux enfin qui ne sont pas vraiment gênés par le bruit (parce qu'ils jouent avec un casque sur les oreilles, par exemple) et qui privilégient un refroidissement performant (pour overclocker leur processeur, encore au hasard), peuvent se tourner vers le Frio de Thermaltake ou le Scythe Susanoo ou, de façon plus prudente pour leurs tympans, vers les deux géants que sont le Noctua NH-D14 et le Silver Arrow de Thermalright.
Conclusion

Autre point important : les amateurs de barrettes de mémoire équipées d'un radiateur devront s'armer d'un décimètre pour vérifier que l'installation du ventirad de leur choix est possible. Bien souvent, il est possible de tourner le ventirad pour le faire entrer, mais au risque de parasiter le flux d'air du boîtier. Parfois, le compromis doit aller jusqu'à ôter un ventilateur (sur le Frio ou le NH-U12P, par exemple). Quant aux modèles tels que les Noctua NH-D14, Silver Arrow de Thermaltake et Coolink Corator DS, il est tout simplement impossible de les faire cohabiter avec ce type de module de mémoire. Notre carte-mère de test n'est pourtant pas si étroite...


Et c'est d'autant plus dommage que si l'on fait abstraction des ventilateurs, les dissipateurs qui semblent disposer des meilleures aptitudes en terme de dissipation sont incontestablement ces modèles, qui sont ceux qui possèdent la plus grande capacité calorifique, comme l'a montré notre test en mode passif.
Cette caractéristique n'est cependant pas le seul critère pour juger de la qualité de la dissipation. Il est en effet nécessaire d'évacuer la chaleur, et donc d'avoir recours à des ventilateurs. Lorsque le processeur est au repos, il est impossible de départager les ventirads. Ils se valent à peu près tous. Mention spéciale toutefois au V10 de Cooler Master, qui est le seul ventirad de ce comparatif à fonctionner de manière passive dans ces conditions, grâce à sa plaque à effet Peltier et à des dimensions impressionnantes.
En charge, il faut distinguer trois cas : ceux qui privilégient le silence, quitte à perdre quelques degrés, ceux qui se fichent des nuisances sonores pour axer leur choix sur les performances de refroidissement uniquement et ceux qui souhaitent obtenir le meilleur compromis. Les premiers seront probablement tentés par le Venom Akasa, les modèles Noctua ou encore au Cooler Master V8. Le cas du V10 est particulier, puisque s'il est inaudible au repos, il se montre moins silencieux en charge.
Ceux qui privilégient le refroidissement en se moquant du volume sonore peuvent faire confiance aux mastodontes que sont les Frio de Thermaltake, Scythe Susanoo, Noctua NH-D14 et NH-C14 et Thermalright Silver Arrow, mais également aux modèles de chez Zalman.

Finalement, les modèles les plus performants sont le Scythe Susanoo, le Thermalright Silver Arrow et les Noctua NH-D14 et NH-C14. Notre préférence va d'ailleurs à ce dernier qui, malgré l'absence de régulation PWM, est le moins encombrants des quatre tout en offrant un niveau de performance similaire.
Lire la charte de confiance