Vol d’infos confidentielles, récupération de fichiers clients, infiltration dans les réseaux informatiques… Non, l’espionnage industriel ne concerne pas que les entreprises cotées en bourse. Pour les PME, les risques sont souvent sous-estimés, alors qu’elles comptent parmi les cibles les plus exposées.

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Dans l’imaginaire collectif, l’espionnage industriel concerne les multinationales, les brevets à plusieurs millions et les affaires d’État. Pourtant, les entreprises de taille plus modeste sont, elles aussi, dans le viseur. D’abord parce qu’elles innovent – souvent dans des secteurs de niche très convoités. Ensuite parce qu’elles sont sous-traitantes de grandes entreprises et accèdent à des données critiques. Enfin, parce qu’elles sont tout simplement plus vulnérables, faute de moyens ou de culture de la sécurité.
Des techniques d’espionnage étonnamment ordinaires
Si on vous dit « espionnage industriel », vous penserez sans doute méthodes de piratage ultra-sophistiquées et hackers en hoodie dans un sous-sol désaffecté. Mais au risque de vous décevoir, la réalité est en fait bien plus banale.
Dans la majorité des cas, le point de départ coïncide avec… ce bon vieux mail piégé. Le phishing reste l’un des principaux vecteurs de vol d’informations, y compris dans des contextes d’espionnage ciblé, avec des variantes efficaces comme le vishing, le QR-phishing ou les attaques de fatigue MFA. Les attaquants passent aussi volontiers par des équipements exposés et vulnérables : passerelles d’accès distant mal configurées ou non patchées – VPN d’entreprise, solutions Citrix, appliances Ivanti –, services ERP ou CRM accessibles en ligne, voire un site compromis où leurs cibles ont l’habitude de se rendre.
Viennent ensuite les négligences dans la gestion des accès et des environnements techniques – un drive mal configuré, le compte d’un salarié toujours actif trois mois après son départ, des droits admin accordés en urgence et jamais révoqués. Parfois, c’est au niveau du prestataire que ça se joue, alors que la compromission d’un outil de support ou de gestion à distance (RMM, ScreenConnect, etc) ou un cloisonnement client insuffisant dans le cloud peuvent servir de tremplin pour rebondir chez plusieurs clients à la fois.
Le reste tient essentiellement à du relâchement ordinaire : un échange informel pendant un salon professionnel, un salarié sur le départ qui parle un peu trop, un ancien collaborateur recruté par un concurrent, une clé USB oubliée sur la table d’un café, un appareil non verrouillé, une connexion à un Wi-Fi public mal sécurisé, un document pro synchronisé sur son cloud personnel…
Renforcer concrètement la sécurité de l’entreprise sans multiplier les contraintes
Protéger son entreprise contre l’espionnage industriel ne signifie pas se barricader ni investir dans des solutions hors de prix. En règle générale, il suffit surtout d’un peu d’organisation et de discipline, appuyées par quelques choix techniques relativement simples à mettre en œuvre.
Première chose à faire : sensibiliser les équipes pour créer une culture de la vigilance en entreprise au quotidien. Comprendre comment fonctionne l’ingénierie sociale, reconnaître les tentatives de phishing, apprendre à réagir face à un comportement inhabituel ou à une requête qui sort de l’ordinaire doit déjà permettre de se dérober à bon nombre d’incidents. Pour aller plus loin sans mobiliser des moyens démesurés, on peut s’appuyer sur MesServicesCyber, la plateforme lancée par l’ANSSI pour centraliser l’accès à des ressources pratiques.
Sur le plan technique, assurez-vous que les fondamentaux sont respectés : chiffrement des fichiers confidentiels, activation de l’authentification multifacteur sur les accès sensibles, restrictions des accès selon les rôles et surveillance des connexions inhabituelles. Pour le travail hybride, un VPN d’entreprise, une politique stricte sur les clés USB ou encore le contrôle du matériel autorisé à se connecter au réseau permettent aussi de réduire la surface d’exposition sans alourdir de trop les usages.
Enfin, l’organisation interne doit suivre, ce qui implique de définir les responsabilités d’accès, contrôler les fichiers partagés, définir où sont stockées les informations stratégiques, mais aussi encadrer les relations avec les prestataires par des clauses de confidentialité, et gérer correctement les départs, avec suppression des accès, restitution des équipements et rappel des obligations légales.
Que faire en cas de suspicion d’espionnage ?
Évidemment, même avec des pratiques irréprochables, le risque zéro n’existe pas. Dès les premiers doutes, il faut déclencher une procédure de vérification, ne pas agir seul, et prévenir la personne ou l’équipe en charge de la sécurité informatique. Si l’entreprise ne dispose pas de cellule dédiée, le prestataire IT ou le DSI externalisé doivent être sollicités sans délai.
Couper immédiatement un accès sensible ou isoler une machine peut sembler justifié, à condition de ne pas compromettre la collecte d’indices ni d’alerter trop tôt la personne à l’origine du problème. Le plus efficace reste de documenter les faits de manière précise – messages, fichiers, logs, horaires, captures d’écran – puis de solliciter l’avis d’un référent cybersécurité ou d’un avocat spécialisé pour encadrer les démarches à venir.
En cas d’attaque avérée ou de suspicion sérieuse, plusieurs dispositifs publics peuvent être mobilisés. Le site 17Cyber.gouv.fr permet de signaler un acte de cybermalveillance et d’être orienté vers un CSIRT territorial, pour une prise en charge de proximité adaptée aux PME. La plateforme Cybermalveillance.gouv.fr peut également aider à identifier les menaces courantes et à trouver un prestataire de confiance. Si la situation fait craindre une tentative d’espionnage étranger, vous pouvez aussi contacter la DGSI par mail. Enfin, si des données personnelles sont en jeu, la CNIL doit être notifiée dans un délai de 72 heures, et vous pouvez déposer plainte auprès de la police ou de la gendarmerie.