Dans un mail adressé à ses clients européens, Binance annonce qu'à partir du 29 décembre, l’accès aux paiements en euros pour ses utilisateurs européens va être modifié en profondeur.

Derrière une communication évoquant de simples « changements opérationnels », la première plateforme crypto mondiale annonce la suspension de nombreux moyens de paiement populaires : dépôts et retraits par carte bancaire, PayPal, Revolut Pay, Apple Pay, mais aussi les achats récurrents et les ordres programmés.
Ce qui reste possible, et ce qui disparaît
Concrètement, Binance conserve l’essentiel : le virement bancaire SEPA, y compris instantané, reste disponible pour les dépôts, les retraits et les opérations d’achat ou de vente de cryptomonnaies. Les cartes bancaires, Apple Pay et Google Pay restent également utilisables, mais uniquement pour acheter des cryptos, plus pour gérer ses fonds.
En revanche, tout ce qui faisait la souplesse du quotidien disparaît (temporairement) : dépôts et retraits par carte, solutions fintech comme PayPal ou Revolut, application bancaire, ainsi que les achats automatisés. Aucune date de retour n’a été communiquée.
À première vue, Binance minimise l’impact. Pourtant, un détail est révélateur puisque toutes les solutions suspendues reposent sur des intermédiaires tiers, tandis que le virement bancaire classique devient la pierre angulaire du système.
Ce choix s’inscrit dans un contexte de pression réglementaire croissante en Europe. Avec l’entrée en vigueur progressive du règlement MiCA, les plateformes crypto sont soumises à des exigences renforcées en matière de conformité, de traçabilité et de lutte contre le blanchiment. Et ce sont souvent les prestataires de paiement, comme Visa, Mastercard, PayPal ou Revolut, qui préfèrent réduire leur exposition au risque.
DAC 8 : le facteur fiscal qui change la donne
En toile de fond, un autre texte européen pèse déjà lourd, on pense bien sûr à la directive DAC 8, qui entrera en application le 1er janvier 2026. Son objectif est clair : permettre aux administrations fiscales d’accéder automatiquement aux informations des utilisateurs de plateformes crypto, y compris celles situées à l’étranger.
Soldes, transactions, ouverture de comptes : tout pourra être transmis aux autorités fiscales nationales. Pour les plateformes, cela implique une traçabilité accrue des flux financiers. Pour les prestataires de paiement, une responsabilité supplémentaire.
Même si DAC 8 n’impose pas directement à Binance de restreindre ses moyens de paiement, elle renforce la prudence de toute la chaîne, des banques aux fintechs. Dans ce contexte, le virement SEPA, plus lent mais parfaitement traçable, devient la solution la plus acceptable.
Faut-il s’inquiéter pour ses cryptos ?
Pas nécessairement. Les fonds restent accessibles et les retraits possibles via le circuit bancaire. Mais cette annonce agit comme un rappel : l’accès aux euros reste le point faible structurel des plateformes crypto.
Pour les utilisateurs, cela implique de ne pas dépendre d’un seul acteur, d’anticiper des délais plus longs, et de mieux comprendre les règles fiscales qui s’annoncent.
Source : Binance