Les institutions européennes amplifient leurs efforts pour lancer le fameux euro numérique. Il faut dire que l’adoption rapide d’une loi américaine sur les stablecoins a réactivé les inquiétudes sur la compétitivité de la monnaie unique dans l’univers numérique.

Stablecoins : l'UE donne un coup de fouet à l'Euro numérique face à la pression américaine
Stablecoins : l'UE donne un coup de fouet à l'Euro numérique face à la pression américaine
L'info en 3 points
  • L'Union européenne accélère le développement de l'euro numérique pour contrer la dominance des stablecoins américains.
  • La BCE envisage d'utiliser des blockchains publiques comme Ethereum pour faciliter l'adoption de l'euro numérique.
  • Des inquiétudes subsistent concernant l'impact de l'euro numérique sur les banques traditionnelles et la confidentialité des transactions.

Suite à la promulgation de la loi Genius Act aux États-Unis, encadrant un marché de près de 288 milliards de dollars dominé par les stablecoins adossés au dollar, les discussions à Bruxelles et Francfort prennent une nouvelle tournure.

L’Union européenne accélère donc son chantier technique et réglementaire, pour garantir la souveraineté du système de paiement européen et à éviter une dépendance trop forte au dollar.

L'Euro numérique : un rempart pour la souveraineté monétaire ?

La décision américaine d’encadrer sévèrement les stablecoins a poussé les responsables européens à accélérer la feuille de route. Si la BCE travaille depuis plusieurs années à l’édification d’une infrastructure et d’un cadrage réglementaire, le rythme s’intensifie nettement depuis cet été. Selon le Financial Time, Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, estime que la prolifération de jetons en dollars risque de déplacer les dépôts européens vers les États-Unis et renforcer la domination du dollar dans les paiements transfrontaliers.

Dans ce contexte, l’euro numérique doit pouvoir offrir aux citoyens et entreprises un instrument de paiement numérique garanti par la banque centrale, accessible sur tout le territoire de la zone euro. Cette monnaie forme alors une réponse directe aux stablecoins gérés par des entreprises privées telles que Circle et Tether. La BCE met en avant deux points : une infrastructure capable de s’interfacer avec tous les acteurs européens et une protection renforcée des données transactionnelles.

Mais sur le plan technique, les choses ont évolué : alors que le projet prévoyait initialement une blockchain privée opérée par la BCE, les officiels envisagent désormais un déploiement sur des blockchains publiques comme Ethereum ou Solana. Cette option, déjà utilisée pour les stablecoins américains, pourrait faciliter l’adoption et l’utilisation mondiale de l’euro numérique.

L'Euro numérique ne fait pas l'unanimité

Si l'adoption du Genius Act bouscule l’agenda européen, certains continuent de pointer les conséquences d'une monnaie numérique. Plusieurs voix au sein du Parlement et du secteur bancaire expriment des réserves sur la perte de contrôle des banques commerciales. Ces dernières craignent en effet une migration massive des dépôts vers des portefeuilles numériques garantis par la BCE. L'euro numérique va-t-il tuer nos banques classiques ?

Par ailleurs, d'autres remettent en cause le choix d’une blockchain publique. Si cette solution permet de garantir l’interopérabilité et la transparence, elle expose aussi les transactions à une visibilité accrue, ce qui pose la question de la confidentialité des paiements et ses implications pour les citoyens. De son côté, la BCE souligne qu’aucune décision finale n’a été prise et qu’elle évalue à la fois les technologies centralisées et décentralisées.

Le calendrier reste ouvert : la phase actuelle de préparation court jusqu’en octobre 2025, date à laquelle le Conseil des gouverneurs devra trancher sur la poursuite du projet.

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