En butte aux restrictions américaines, les sociétés chinoises sont contraintes de redoubler d'ingéniosité pour améliorer leurs processus de production et elles semblent y parvenir au-delà de toute espérance.

Sans accès à la technologie EUV autorisée par les machines de l'entreprise ASML, les fondeurs chinois n'ont d'autre choix que de perfectionner et pousser dans ses retranchements la plus ancienne technique DUV. Mais à cœur vaillant rien d'impossible nous dit le proverbe…
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Pas besoin d'EUV pour le 5 nm ?
Pour fabriquer les semi-conducteurs les plus modernes, il est nécessaire d'employer des machines particulièrement imposantes reposant sur la technique dite EUV (pour Extreme Ultraviolet Lithography).
Les machines en question sont imposantes, certes, elles sont également très onéreuses, mais ce n'est pas le fond du problème pour les entreprises chinoises. En effet, une seule entreprise est en mesure de produire de telles machines, il s'agit de la Néerlandaise ASML. Or, les États-Unis ont fait pression sur le gouvernement des Pays-Bas afin que de telles machines ne puissent plus être exportées vers la Chine.
De fait, les entreprises chinoises se reposent sur une technique plus ancienne et moins efficace – le DUV (Deep Ultraviolet) – pour graver leurs puces. Pour des produits en 7 nm, SMIC aurait ainsi besoin d'un bien plus grand nombre d'étapes qu'avec l'EUV, entraînant risques d'erreurs et coûts plus élevés. Et si la firme est parvenue à produire des puces comme le Kirin 9030 (7 nm), personne ne la croyait capable d'atteindre le 5 nm.
Le Kirin 9030 Pro preuve du savoir-faire chinois
Ou plutôt, si SMIC avait déjà indiqué être en mesure de produire des puces en 5 nm il y a un an, tout cela ressemblait fort à un effet d'annonce et personne ne la voyait commercialiser de tels composants à grande échelle.
Pourtant, comme l'expliquent nos confrères de Hardware&Co, SMIC confirme que son premier SoC 5 nm conçu à l'aide de la technologie DUV est bel et bien en vente : il s'agit du Kirin 9030 Pro que l'on retrouve au cœur du nouveau fleuron de la marque Huawei, le smartphone Mate 80 Pro Max. Non seulement, SMIC a donc pu se passer de la technologie EUV pour produire des puces 5 nm, mais elle semble en mesure de le faire à grande échelle, pour alimenter Huawei.
Si l'on en croit les spécifications techniques de ce Kirin 9030 Pro (gravé en 5 nm) par rapport à celles du Kirin 9030 (7 nm), les différences ne sont pour autant pas incroyables. Ainsi, les deux puces sont équipées du GPU Maleoon 935, elles disposent également de la même structure à neuf cœurs CPU et leur conception semble tout à fait similaire. Il y a toutefois quelques différences, notamment, dans la gestion à très basse consommation.
Kirin 9030
- 2 cœurs « large » à 2,75 GHz
- 4 cœurs « medium » à 1,72 GHz
- 6 cœurs « efficient » à 2,27 GHz
Kirin 9030 Pro
- 2 cœurs « large » à 2,75 GHz
- 4 cœurs « medium » à 1,72 GHz
- 8 cœurs « efficient » à 2,27 GHz
Le nouveau venu peut donc afficher deux threads de plus que son petit frère et devrait se montrer plus à son aise sur les travaux les plus légers, plus puissant sur tout ce qui tourne en tâche de fond. À vérifier lors des tests bien sûr.
De la question de la densitée réelle
Il n'est pas question de minimiser la performance de SMIC que personne n'attendait à ce niveau de technicité aussi rapidement et, surtout, sans avoir accès à la technologie EUV des machines ASML.
Pour autant, il convient de rappeler que le nom ne fait pas tout et qu'indiquer produire des puces en 5 nm ne signifie pas pour autant atteindre une densité de transistors équivalente au 5 nm des autres fondeurs. On se souviendra par exemple de la manœuvre d'Intel qui, en 2021, avait revu la dénomination de ses technologies afin d'être davantage « comparable » à ce que réalise TSMC.
Quelques années plus tard, c'est Samsung qui, à son tour, a décidé de revoir le nom donné à ses finesses de gravure afin – c'est en tout cas le propos officiel – de davantage coller à la réalité des produits. S'il est difficile de démêler le vrai du faux alors que les secrets de fabrication sont bien gardés, il se dit que la densité du 5 nm de SMIC est bel et bien inférieure à celle de ses concurrentes.
De la même manière, autre signe des progrès que SMIC doit encore accomplir, le Kirin 9030 Pro n'est donné que pour des fréquences maximales de 2,75 GHz sur ses cœurs les plus performants alors qu'avec du 5 nm signé TSMC, Qualcomm a dépassé les 3 GHz sur certains de ses Snapdragon. Mais une fois encore, cela n'enlève rien à la prouesse de SMIC qui n'a pas fini de nous surprendre.
Source : Hardware&Co