GrapheneOS claque la porte au nez de la France : le système favori des défenseurs de la vie privée fait ses valises pour le Canada et l'Allemagne. En cause ? Des menaces voilées et une ambiance « un peu trop » sécuritaire au goût des développeurs.

Bye bye l'Hexagone. GrapheneOS a mis les voiles le 24 novembre 2025, emportant avec lui ses serveurs et ses illusions sur la patrie des droits de l'Homme. L'équipe a coupé le cordon avec OVHcloud pour se réfugier chez des hébergeurs allemands et canadiens, un déménagement aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Tout ça parce que nos autorités et un article du Parisien ont eu le malheur de confondre cet outil de sécurité pointu avec le kit du parfait petit narcotrafiquant.
Un divorce consommé sous la menace
On ne va pas se mentir, l’ambiance était devenue glaciale. Tout a explosé quand Le Parisien a dépeint GrapheneOS comme l'outil rêvé des narcotrafiquants, citant des sources policières frustrées face à des smartphones « impossibles à ouvrir ». Les développeurs ont vu rouge. Pour eux, c'est l'amalgame de trop : confondre leur travail minutieux de sécurisation avec des versions pirates bricolées pour les criminels, c'est un peu comme accuser un fabricant de serrures d'être complice des cambriolages ratés.
La procureure Johanna Brousse a enfoncé le clou en évoquant des poursuites possibles contre les éditeurs non coopératifs. Message reçu cinq sur cinq par l'équipe de GrapheneOS, qui a préféré couper court. Résultat : non seulement les serveurs déménagent, mais les développeurs eux-mêmes ont désormais interdiction formelle de poser un pied en France s'ils veulent continuer à travailler sur le projet. On a connu des relations diplomatiques plus chaleureuses.
La France, terre inhospitalière pour le chiffrement ?
Ce départ précipité en dit long sur le climat actuel. GrapheneOS ne mâche pas ses mots et pointe du doigt un glissement autoritaire, citant notamment le soutien français au projet européen Chat Control qui rêve de scanner nos messages chiffrés. Pour une équipe qui a fait de la confidentialité son sacerdoce, la France ressemble de moins en moins à une terre d'accueil et de plus en plus à un piège.
Techniquement, la migration a été menée tambour battant. Clés de chiffrement renouvelées, infrastructures critiques basculées chez l'hébergeur allemand Netcup, et services communautaires expédiés à Toronto. Une opération commando pour s'extraire d'une juridiction jugée hostile. Tout un ensemble de mesures détaillées ces derniers jours sur le compte X du projet. C'est radical, mais cohérent avec leur philosophie : pas de compromis sur la sécurité, quitte à passer pour des parias.
Rassurez-vous, votre Pixel sous GrapheneOS ne va pas s'autodétruire. Le système reste parfaitement fonctionnel et téléchargeable. Ce sont les coulisses qui changent, pas la scène. Mais l'épisode laisse un goût amer. Après Google qui complique déjà la vie des développeurs de ROM alternatives en verrouillant l'accès au code source de ses Pixels pour l'AOSP, voilà que l'État français s'y met aussi.
Source : GrapheneOS/X