La chaîne de magasins MediaWorld a vendu par erreur des iPad Air à 15 euros, au lieu de 869. L'enseigne italienne tente aujourd'hui de récupérer les tablettes, même si la légalité de cette démarche divise les juristes.

Une erreur de prix sur l'iPad Air est en train de faire des remous de l'autre côté de la frontière. © Mathieu Grumiaux / Clubic
Une erreur de prix sur l'iPad Air est en train de faire des remous de l'autre côté de la frontière. © Mathieu Grumiaux / Clubic

Il y a quelques jours, une erreur de prix spectaculaire a frappé le site internet de MediaWorld début novembre, qui a un temps fait le bonheur des détenteurs de la carte fidélité de l'enseigne. Des iPad Air 13" ont été vendus à 15 euros au lieu de 869 euros à ces fameux clients. Après avoir validé les commandes et la livraison des produits, l'enseigne a tenté de récupérer les tablettes. Beaucoup ont foncé, convaincus de profiter d'une promotion Black Friday. Mais un e-mail est venu tout chambouler.

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Des tablettes iPad Air signées Apple bradées à 15 euros

Vendredi 8 novembre, une anomalie technique aura été à l'origine de l'aubaine du siècle. MediaWorld affichait l'iPad Air 13" Wi-Fi avec 128 Go d'espace de stockage à seulement 15 euros, alors que son prix habituel dépasse les 800 euros. L'offre, réservée aux porteurs de la carte fidélité, ne comporte aucune restriction visible. Pour les acheteurs, il était difficile de crier immédiatement au bug, certains pensant à une offre exceptionnelle à l'approche du Black Friday.

L'achat se déroule sans accroc. Les clients sont nombreux à privilégier l'option du paiement et retrait en magasin, jugée plus sûre. Quarante minutes après la commande, l'e-mail de validation de commande et de mise à disposition du produit arrive. En boutique, les 15 euros sont encaissés sans broncher, les iPad à chaque fois remis en mains propres. Les conditions de vente restent, à ce moment-là, muettes sur toute clause d'erreur tarifaire.

Pendant onze jours, ce fut le silence radio du côté de MediaWorld. Les nouveaux propriétaires d'iPad ont pu savourer leur plaisir. Et su Reddit, les témoignages affluent, mêlant incrédulité et satisfaction. Personne n'imagine encore que l'enseigne prépare sa riposte. Le compte à rebours vers la controverse a déjà commencé, à l'insu de tous.

Capture d'écran du site MediaWorld. © Alexandre Boero / Clubic

L'enseigne réclame ses tablettes onze jours après

Le 19 novembre, et par e-mail, ce fut la douche froide. MediaWorld a contacté chaque acheteur, mais sans passer par la case recommandée ou mise en demeure officielle. L'entreprise a évoqué une « erreur manifestement reconnaissable » en proposant deux options aux clients : soit garder la tablette en payant 619 euros supplémentaires (avec une remise de 150 euros pour la boulette), soit restituer l'iPad contre un remboursement et un bon d'achat de 20 euros.

Dans son communiqué transmis à nos confrères de Wired Italia, l'enseigne assume son intervention. « Il s'est agi d'une erreur manifeste, telle qu'elle la rendait économiquement insoutenable », explique un porte-parole. MediaWorld invoque « un principe juridique visant à préserver l'équilibre contractuel » et assure avoir voulu « privilégier la relation avec le client », plutôt que de foncer tête baissée vers des actions plus poussées.

Sauf que cette approche par e-mail n'engage à rien, juridiquement parlant. Les clients peuvent ignorer le message, sans craindre quoi que ce soit dans l'immédiat. Si MediaWorld veut vraiment récupérer ses iPad et qu'un client s'y refuse, elle devra passer à la vitesse supérieure, celle du recommandé, de l'avocat, puis du tribunal. Une escalade que l'entreprise hésite manifestement à enclencher, préférant miser sur la bonne volonté des acheteurs pour limiter la casse.

Erreur évidente ou promotion plausible ? Le flou juridique

Le code civil italien permet d'annuler un contrat si l'erreur est essentielle et reconnaissable par l'autre partie. MediaWorld s'accroche à ce texte. Mais Massimiliano Dona, avocat spécialisé dans la défense des consommateurs, tempère en expliquant que « pour annuler un contrat, il faut démontrer la volonté du consommateur d'abuser de l'erreur du vendeur. » Un rabais de 98% suffit-il vraiment à prouver cette mauvaise foi ?

Pas si simple dans le contexte actuel du commerce en ligne. « Aujourd'hui, les prix ne sont plus aussi standardisés qu'avant », souligne le juriste. Entre flash sales à répétition, promotions sur les réseaux sociaux et campagnes Black Friday de plus en plus agressives, les repères ont sauté. « Nous sommes en plein Black Friday. Vu ces éléments, on peut considérer raisonnable que le consommateur ait pensé à une technique publicitaire », argumente-t-il.

Si MediaWorld veut aller jusqu'au bout pour récupérer ses tablettes, le jugera se posera la question suivante : qui a acheté ? « Si c'est Madame Marie qui trouve une offre et décide de la prendre, c'est un discours. Si c'est quelqu'un qui achète cinq tablettes pour les revendre aussitôt, ou même un professionnel de la revente d'électronique, c'en est un autre », tranche l'avocat. Dans ce second cas, la conscience de l'erreur serait difficilement contestable. Le profil de l'acheteur devient donc l'élément décisif de ce qui pourrait devenir une affaire.