Les ministres européens des Finances ont acté jeudi la fin de l'exonération douanière pour les colis de moins de 150 euros. Shein, Temu et AliExpress sont directement visés.

La France vient d'obtenir une précieuse victoire contre Shein, Temu, AliExpress et compagnie. Les vingt-sept ministres européens des Finances, réunis jeudi 13 novembre à Bruxelles, ont décidé d'accélérer le calendrier sur la taxation des petits colis, qui arrive dès le début de l'année prochaine, contre 2028 initialement. Entre le scandale des poupées sexuelles vendues sur Shein fin octobre et l'explosion incontrôlée des volumes, l'Europe veut reprendre la main sur le commerce en ligne.
La France et l'Europe vont dans le même sens
Le gouvernement français ne veut plus rien laisser passer. Depuis le mois d'avril, Paris multiplie les coups d'éclat avec le triplement des contrôles à Roissy, une doctrine de surveillance « à 360 », puis la menace de bannir Shein après la découverte de cinq poupées à caractère pédocriminel vendues sur sa marketplace. Le gouvernement demandait même à la justice de suspendre l'intégralité du site début novembre.
« La France a pris l'initiative pour réagir au phénomène des petits colis. Cela a payé aujourd'hui. C'est une étape clé pour la protection des consommateurs européens et du marché intérieur », a réagi le ministre de l'Économie Roland Lescure. Un satisfecit mérité, quand on sait que Bruxelles regardait initialement ces démarches « avec scepticisme ».
L'Europe avait déjà décidé de durcir le ton en début d'année, en s'attaquant aux colis de moins de 150 euros. 4,6 milliards de ces colis de moins de 150 euros ont franchi les frontières de l'UE en 2024, soit trois fois plus qu'en 2022. Avec pour origine la Chine, à 91%. Cela représente plus de 145 paquets chaque seconde. Les douanes, littéralement submergées, ont découvert 20% de produits non conformes lors des contrôles aléatoires.
Deux euros par colis et fin de l'exemption, la double peine pour Shein, Temu et les autres
Le dispositif adopté jeudi par les ministres des Finances de l'Union européenne porte, d'abord, sur la suppression immédiate de l'exemption douanière dès le premier trimestre 2026, après une adoption formelle prévue, elle, le 12 décembre. Chaque article importé paiera désormais les droits normalement applicables, que son prix soit de 5 ou 149 euros.
Et des frais de traitement forfaitaires de 2 euros par colis s'ajouteront aussi à partir de novembre 2026. L'objectif est de financer le renforcement des services douaniers et des contrôles de conformité. Cette échéance était iniatialement prévue pour 2025. Mais « ce calendrier est incompatible avec l'urgence de la situation », justifie Maros Sefcovic, commissaire au commerce, dans sa lettre aux ministres.
C'est ce qu'on peut appeler une révolution tarifaire, révolution qui mécaniquement tirera les prix vers le haut des colis Temu, Shein ou AliExpress. Le contexte est en tout cas brûlant. Les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits asiatiques risquent de provoquer un effet domino. Le gouvernement français pense que cette politique américaine « pourrait entraîner la redirection des flux de marchandises asiatiques vers l'Europe ». Donc l'UE anticipe et se protège. La forteresse commerciale européenne se construit, taxe par taxe.