Shein, alerté et secoué par la menace d'interdiction du gouvernement français lancée après le scandale des poupées, vient de dévoiler son arsenal de mesures pour nettoyer sa marketplace. Et montrer patte blanche.

Shein prend des mesures drastiques pour éviter tout nouveau scandale © Alexandre Boero / Clubic
Shein prend des mesures drastiques pour éviter tout nouveau scandale © Alexandre Boero / Clubic

Pris dans la tourmente après la découverte de poupées pédocriminelles vendues sur sa plateforme, le géant chinois Shein n'a pas tardé avant de prendre les mesures adaptées. Dans un communiqué de presse détaillé adressé lundi soir, l'entreprise annonce des sanctions immédiates et mesures de contrôle inédites pour nettoyer sa marketplace. Au menu notamment, on retrouve le bannissement définitif des vendeurs, l'interdiction totale des poupées sexuelles ou encore la création d'une cellule de crise.

Shein bannit définitivement les vendeurs et déréférence les produits pour adultes

La réaction ne s'est pas fait attendre. Lundi 3 novembre, Roland Lescure passait à la télévision pour poser un ultimatum : en cas de récidive ou si les produits ne disparaissent pas sous 24 heures, le ministre de l'Économie demandera l'interdiction pure et simple de Shein sur le marché français. Le soir même, la plateforme chinoise publiait son communiqué de crise.

D'abord, la plateforme a prononcé l'interdiction totale des poupées sexuelles sur tout son site, partout dans le monde. Shein va plus loin en déréférençant temporairement l'ensemble de la catégorie « produits pour adultes », le temps de passer au peigne fin son catalogue. Tous les vendeurs impliqués ont, eux, été bannis définitivement. L'entreprise ne fait pas dans la demi-mesure et promet une coopération totale avec les autorités, fichiers d'acheteurs français compris.

Mais le plus marquant, c'est sans doute la création d'une « Marketplace Integrity Taskforce ». Concrètement, Shein rassemble ses équipes chargées de la conformité, du juridique, des opérations et des relations avec les pouvoirs publics dans une seule et même instance. Ensemble, ils devront auditer la marketplace de fond en comble, échanger directement avec les autorités françaises et rétablir la confiance. En parallèle, la plateforme rallonge sa liste de mots interdits pour empêcher les vendeurs malins de contourner les filtres. Sur le papier, ça fait beaucoup, et c'est une bonne chose.

Le patron de Shein reconnaît les failles du système de vendeurs tiers

Le ton du communiqué en dit long sur l'ampleur de la crise. Donald Tang, le président exécutif de Shein, ne cherche pas à esquiver : « La lutte contre l'exploitation des enfants est non négociable pour Shein. Il s'agissait de publications émanant de vendeurs tiers — mais j'en prends la responsabilité personnelle ». Une prise de position et une posture responsable rares, dans le monde des géants du e-commerce.

Mais revenons rapidement les faits qui ont déclenché cette tempête. Le 30 octobre, une lectrice alerte l'association 60 millions de consommateurs sur la présence de poupées pédocriminelles vendues entre 186 et 215 euros dans la section « bien-être sexe » de Shein. Les descriptions ne laissaient hélas aucun doute. Derrière ces annonces, on retrouvait deux vendeurs chinois, Venus Toys et Dreamy Doll, qui ont exploité les failles béantes du système.

Reste maintenant à savoir si ces mesures d'urgence suffiront à calmer le jeu avec les autorités françaises. Le précédent Wish, banni du web français en 2021 pour produits dangereux, montre que les menaces gouvernementales ne sont pas de simples effets d'annonce. Sarah El Haïry, haute-commissaire à l'Enfance, compte convoquer toutes les grandes plateformes d'e-commerce et réclame déjà les identités des acheteurs français, demande à laquelle va bien accéder Shein. La marque devra s'expliquer devant les députés dans les quinze prochains jours.