La plateforme Shein proposait à la vente des poupées sexuelles à l'apparence de fillettes. 60 millions de consommateurs en sait plus sur ce qui a amené à commercialiser les fameuses poupées.

Un aperçu de la section dans laquelle se trouvait les poupées retirées © Alexandre Boero / Clubic
Un aperçu de la section dans laquelle se trouvait les poupées retirées © Alexandre Boero / Clubic

Le 30 octobre, alertée par une de ses lectrices, l'association 60 millions de consommateurs a signalé à la Répression des fraudes avoir découvert que Shein vendait des poupées à visée pédopornographique. Les poupées, vendues jusqu'à 215 euros pièce, ont provoqué un scandale en France, jusqu'à pousser le ministre de l'Économie, Roland Lescure, à menacer Shein d'interdiction dans l'Hexagone en cas de récidive. L'association de consommateurs a, elle, retracé le parcours des poupées sur la plateforme chinoise.

La France rappelle sévèrement à l'ordre Shein

Cachées dans la section « bien-être sexuel » de Shein, cinq poupées pédopornographiques étaient en vente, entre 186 et 215 euros. Les visuels jouaient la carte de l'innocence, des fillettes avec chevaux à bascule, lapins en peluche, robes ornées de fraises et biberons. Un contraste insoutenable avec les mots-clés affichés.

Car les descriptifs ne laissaient aucune ambiguïté : « vagin », « jouet de masturbation masculine avec corps érotique », « anus jouet ». Dans les commentaires, un acheteur exprimait son choc le 29 octobre, réclamant « un remboursement immédiat », à défaut de porter plainte. Il qualifiait le produit de « substitut pour pédophile », semblant découvrir la vraie nature de son achat après réception.

Roland Lescure, le ministre de l'Économie, a posé un ultimatum sans équivoque sur BFMTV lundi matin. Si Shein récidive, il assure qu'il « demandera qu'on interdise l'accès de la plateforme au marché français ». Le précédent Wish, banni du web français en 2021 pour produits dangereux, prouve d'autant plus que la menace n'est pas vaine.

Des vendeurs chinois derrière le scandale des poupées

Derrière ces annonces, on retrouve deux vendeurs probablement chinois. Venus Toys, le premier, dispose notamment d'une adresse dans une ville de l'empire du Milieu, Lufeng. Quant au second, Dreamy Doll, il pointe vers une épicerie asiatique située en France. Mais son numéro de téléphone laisse peu de place au doute, puisqu'il commence par +86, l'indicatif de la Chine.

Si Shein a permis au vendeur de proposer ses produits, la plateforme ne savait pas ce que celui-ci vendait en temps réel exactement. Le pire, c'est qu'AliExpress a aussi commercialisé des poupées identiques, avant de les retirer dans la nuit du 2 au 3 novembre. Et en 2022 déjà, un homme, un trentenaire originaire de Dieppe, avait été condamné pour l'achat d'une poupée similaire sur Amazon. Le modèle des marketplaces montre ses failles béantes.

Sarah El Haïry, haute-commissaire à l'Enfance, compte convoquer toutes les grandes plateformes et réclame d'ores et déjà les identités des acheteurs français. Shein devra s'expliquer devant les députés dans les quinze prochains jours.