Le ministère britannique de l'Environnement a achevé sa migration vers Windows 10 juste après la date de fin de vie du système. Une opération coûteuse qui illustre, avec une pointe d'ironie, les errements de la gestion informatique publique.

Le ministère britannique de l'Environnement vient de terminer sa migration vers Windows 10 après la fin du support de cet OS. © Shutterstock
Le ministère britannique de l'Environnement vient de terminer sa migration vers Windows 10 après la fin du support de cet OS. © Shutterstock

Chez nos voisins britanniques, la ponctualité n'est pas toujours là où on l'attend. Le ministère de l'Environnement vient de nous offrir un exemple savoureux de mauvaise planification en achevant sa migration informatique vers Windows 10… juste au moment où Microsoft sifflait la fin de la partie pour ce système d'exploitation. La facture, salée pour le contribuable, s'élève à 312 millions de livres sterling, soit environ 368 millions d'euros, pour un projet qui, à peine terminé, est déjà obsolète.

Une modernisation en trompe-l'œil

Sur le papier, l'opération semble être un succès. Entre 2022 et 2025, le ministère a remplacé plus de 31 500 ordinateurs vieillissants, corrigé des dizaines de milliers de failles de sécurité et modernisé une centaine d'applications critiques. On pourrait presque applaudir si la destination finale n'était pas un système d'exploitation que Microsoft a officiellement abandonné en octobre 2025.

Ce choix place l'administration britannique dans une position pour le moins inconfortable. Pour éviter de laisser ses systèmes sans protection, elle devra probablement souscrire au programme de support étendu payant de Microsoft. C'est un peu comme acheter une voiture neuve dont la garantie a expiré avant même de quitter le concessionnaire : l'addition risque de s'alourdir très rapidement. Cette situation soulève une question simple : personne n'avait donc regardé le calendrier ?

La dette technique, un mal britannique bien connu

Ce cas n'est malheureusement pas isolé et met en lumière un problème endémique au sein du secteur public britannique : la dette technique. Le ministère admet lui-même devoir encore remplacer des dizaines de milliers d'appareils et de téléphones intelligents qui ne sont même pas compatibles avec Windows 11. La faute à des exigences matérielles, comme la fameuse puce de sécurité TPM 2.0, que les planificateurs semblent avoir superbement ignorées.

Defra s'apprête à entrer dans un nouveau cycle de financement s'étendant jusqu'à 2029. © Shutterstock

Le gouvernement britannique consacre près de la moitié de son budget informatique annuel, soit 2,3 milliards de livres, simplement pour maintenir en vie des systèmes hérités. Pendant que la France débat de sa souveraineté numérique, nos voisins semblent piégés dans un cycle sans fin de rustines coûteuses. Plutôt que de sauter une génération pour adopter des solutions d'avenir comme l'infonuagique, le Defra a préféré investir massivement dans une voie sans issue. Une leçon de gestion de projet que l'on se gardera bien de suivre.

Source : TechRadar