Et si la prochaine révolution de Renault passait par la chimie ? Le constructeur français, via sa filiale Ampere, vient de s’associer à la start-up américaine Stratus Materials pour développer une technologie de batterie inédite baptisée LXMO.

Cette innovation pourrait bien changer la donne pour les voitures électriques européennes avec, comme promesses, des batteries plus légères et plus sûres, et surtout des véhicules qui pourraient être plus abordables.
LXMO : une batterie entre deux mondes
La promesse de cette technologie repose sur un nouvel équilibre. Les batteries LXMO (Lithium X Manganese Oxide) utilisent une cathode riche en manganèse et totalement exempte de cobalt, ce métal aussi indispensable qu’encombrant. S’il reste prisé pour sa stabilité chimique et sa capacité à améliorer la densité énergétique des batteries, le cobalt est devenu un symbole des dérives de la filière. En effet, 80 % de la production mondiale provient de République démocratique du Congo, où les conditions d’extraction soulèvent de graves questions éthiques, avec du travail artisanal non réglementé, voire infantile, et un impact environnemental considérable sur les sols et les nappes phréatiques.
En s’en affranchissant, Renault ne cherche pas seulement à réduire ses coûts, le constructeur entend aussi reprendre la main sur sa chaîne d’approvisionnement, aujourd’hui largement dépendante de zones géopolitiquement instables et de circuits dominés par la Chine. Miser sur le manganèse, plus abondant et disponible en Europe, permettrait à terme de renforcer la souveraineté industrielle du continent dans le domaine stratégique des batteries. Au final, Renault pourrait produire des batteries plus éthiques, plus sûres, et surtout plus européennes dans leur conception.
Ampere et Stratus assurent que cette chimie combine la densité énergétique des batteries NMC (nickel-manganèse-cobalt) et la stabilité thermique des modèles LFP (lithium-fer-phosphate). Autrement dit, une batterie capable d’offrir une grande autonomie sans faire exploser les coûts, tout en gagnant en sécurité et en durabilité. Selon les estimations préliminaires, la densité énergétique pourrait même atteindre « jusqu’à deux fois celle » des packs actuels.
Des essais en France, une ambition européenne
Les premiers prototypes seront testés au Battery Cell Innovation Lab d’Ampere, récemment inauguré à Lardy, dans l’Essonne. C’est là que le constructeur évalue la viabilité industrielle de la technologie LXMO, avant un éventuel passage à la production. Pour Nicolas Racquet, vice-président ingénierie d’Ampere, ces cathodes « offrent un équilibre rare entre performance, coût, sécurité et durée de vie ». De son côté, Jay Whitacre, PDG de Stratus Materials, parle d’un partenariat « prometteur » pour amener cette technologie jusqu’à un stade de production.
Renault a déjà amorcé sa mutation. Après les batteries NMC, performantes mais onéreuses, et les LFP, plus accessibles, la LXMO incarne une troisième voie : celle d’une batterie sans cobalt, compétitive et durable, pensée pour les futures Megane, Scénic ou Twingo électriques. Encore expérimentale, cette technologie pourrait à terme offrir à Renault une véritable indépendance industrielle, en réduisant la dépendance aux fournisseurs asiatiques et en posant les bases d’une batterie européenne nouvelle génération.
En somme, une batterie plus propre, plus dense et moins chère… Le pari n’est pas encore gagné, mais Renault montre qu’il entend bien rester dans la course à l’innovation électrique, et cette fois, sans cobalt.
Source : Automobile propre