La start-up franco-américaine Alice & Bob a annoncé s'être associée au géant NVIDIA, pour rapprocher les ordinateurs quantiques universels et tolérants aux erreurs de la maturité industrielle. Ensemble, ils travaillent sur une technologie qui fusionne calcul quantique et puissance des GPU.

Et si l'informatique quantique sortait véritablement des laboratoires ? Mardi, la start-up Alice & Bob a levé le voile sur son implication dans NVQLink, la nouvelle architecture de NVIDIA présentée le même jour à Washington. Cette plateforme, open-source, vise à résoudre le casse-tête qui consiste à orchestrer en temps réel des processeurs quantiques ultra-fragiles avec la puissance brute des cartes graphiques traditionnelles.
Une architecture qui change la donne pour Alice & Bob
Devoir constamment surveiller et corriger des calculs quantiques en une fraction de seconde, voilà une mission périlleuse. Mais c'est précisément le défi que relève l'architecture NVQLink, qui crée un pont direct entre les processeurs quantiques (ces QPU qui manipulent des particules subatomiques) et les GPU classiques qu'on trouve dans les data centers.
Le secret repose sur une synchronisation parfaite entre quantum et classique. Pendant que les processeurs quantiques effectuent leurs calculs ultra-délicats, les GPU de NVIDIA surveillent chaque opération, corrigent les erreurs dès qu'elles apparaissent et ajustent les paramètres en direct. Cette réactivité était jusqu'ici l'apanage de circuits électroniques sur mesure, bien plus rigides et coûteux.
« Nous sommes ravis de voir NVQLink adresser les couches de la pile FTQC que nous considérons depuis longtemps comme critiques », a réagi Jérémie Guillaud, responsable firmware chez Alice & Bob. Après des années de prototypes, les ordinateurs quantiques capables de s'autocorriger approchent du stade industriel. Une étape cruciale.
Le vent en poupe et les « qubits » frétillants, Alice & Bob est une figure respectée du quantique
Alice & Bob, qui rappelons-le a été fondée en 2020, avance vite, et séduit vite ! La start-up, installée entre Paris et Boston, a déjà levé 130 millions d'euros et recruté plus de 150 personnes. Son atout secret, nous vous en avons déjà parlé sur Clubic. Ce sont les « qubits de chat » une technologie développée en interne par ses fondateurs, et qui a même séduit Amazon qui l'a adoptée.
La techo permet de corriger naturellement les erreurs courantes qui affectent les ordinateurs quantiques, notamment les « bit-flips ». Elle ouvre la voie à des machines plus fiables et moins complexes. Autrement dit, les qubits de chat améliorent la stabilité des qubits, l'unité de base d'un ordinateur quantique, et réduit les erreurs dans ce type d'ordinateur.
Selon les dernières démonstrations de la société, son approche nécessiterait jusqu'à 200 fois moins de matériel que les architectures concurrentes pour construire un ordinateur quantique vraiment puissant. Dans une course où ses résultats expérimentaux dépassent déjà ceux de géants comme Google ou IBM, cette efficacité peut complètement changer la donne.
Collaborer avec NVIDIA est plus à voir comme la suite logique des choses pour Alice & Bob. Les deux entreprises avaient déjà accouché de Dynamiqs, un outil de simulation quantique haute performance intégré à l'écosystème CUDA-Q de NVIDIA. Avec NVQLink, Alice & Bob confirme donc son statut d'acteur incontournable dans la bataille mondiale pour dompter les mystères de la physique quantique, et en faire des ordinateurs utilisables.