Las des pannes à répétition, un maire de l'Allier a pris un arrêté municipal inédit, qui interdit à ses habitants d'être privés de réseau et d'Internet plus de 24 heures. Il espère faire jurisprudence dans les zones blanches françaises.

Yves Plouhinec, le maire de Monétay-sur-Loire dans l'Allier, a pris une décision assez inédite en France. Dans les hameaux perdus de Monétay-sur-Loire, en Auvergne, se retrouver en zone blanche, dépourvu de toute connexion, est presque devenu le quotidien des habitants. Après qu'un câble sectionné a laissé le village sans réseau pendant des semaines, l'édile de la commune a dégainé un arrêté municipal qui interdit toute privation de connexion internet et de téléphonie fixe au-delà de 24 heures. Une démarche qui vise à protéger les habitants, majoritairement des personnes âgées, et à alerter sur la fracture numérique en zone rurale.
Un câble de communication coupé, et les seniors sont isolés et en danger
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est sans doute ce câble téléphonique accidentellement coupé en début d'année sur la commune. Les réparations ont mis des semaines à être effectuées, et le village s'est retrouvé isolé, coupé du monde. Pour Yves Plouhinec, la moutarde monte. « Ça m'a gonflé », balance le maire sans filtre auprès de Ouest-France. Derrière la formule, se cache une inquiétude bien réelle chez monsieur le maire : ce genre de panne pourrait coûter des vies.
Il faut savoir qu'à Monétay-sur-Loire, la majorité des habitants sont des seniors. Même les petits bracelets de téléassistance, les « Présences vertes », censés alerter les secours en cas de chute par exemple, seraient inopérants en cas de coupure de réseau. « La personne peut tomber, comment elle fait ? », martèle l'élu. Entre deux passages du facteur, chaque minute d'isolement pourrait être fatale.
Cette impuissance face aux aléas technologiques a rongé le maire pendant toute la durée de la panne, et au-delà. « J'ai eu peur. Je me sentais vraiment impuissant. Heureusement, il n'y a pas eu de drame », confie-t-il. Mais cette épée de Damoclès a tout changé. Les habitants, eux, commencent à s'habituer par résignation. Mais pas l'édile, remonté comme un coucou.

Un arrêté municipal historique pour mettre la pression sur les opérateurs et les pouvoirs publics
La riposte d'Yves Plouhinec relèverait presque du génie administratif. Il a pris un arrêté qui interdit formellement toute coupure dépassant 24 heures, de quoi mettre la pression sur les opérateurs, notamment. Du jamais-vu en France. Symbolique ou pas, le maire ne lâche rien. Il assume la provocation tout en gardant une botte secrète : « Si la situation se reproduit, je contacte l'opérateur puis on passera par la justice. » Voilà qui a le mérite d'être clair.
Figurez-vous que l'initiative du maire fait des émules dans d'autres communes rurales. Plusieurs de ses pairs ont contacté Yves Plouhinec pour s'y mettre à leur tour. L'effet boule de neige espéré pourrait prendre forme, et pourquoi pas se transformer en mouvement national. Une manière musclée de forcer la main aux opérateurs télécoms, nous le disions, mais aussi de secouer les pouvoirs publics sur l'abandon numérique des campagnes.
Car au-delà de la sécurité, c'est l'avenir même de ces territoires qui s'étiole. « Qui va avoir envie de venir ici si c'est impossible de passer un appel ou d'avoir une connexion internet stable ? », interroge le maire. En citant le chanteur Gauvain Sers, il résume le sentiment ambiant : « À la campagne, on est les paumés, les oubliés ». Un constat amer, à l'heure des études sur la 6G et de la technologie de fibre optique rapide comme l'éclair 50G-PON.