La recherche publique française surpasse ses concurrentes européennes dans la course aux brevets. Une analyse faite sur vingt ans dévoile une domination tricolore salvatrice dans la protection des innovations scientifiques.

Sur le podium européen de l'innovation, la France est tout simplement installée sur la plus haute marche. L'Office européen des brevets (OEB) vient de passer au crible deux décennies de dépôts, et ce sont les laboratoires publics français, emmenés par des poids lourds comme le CNRS ou le CEA, qui raflent quatre dépôts sur dix à l'échelle continentale. Un carton plein qui confirme l'excellence hexagonale dans la transformation des découvertes scientifiques en technologies protégées.
Quand le CNRS et ses pairs permettent à la France de truster le classement continental des demandes de brevets
Durant les vingt dernières années, les organismes de recherche publics tricolores ont engrangé plus de 25 000 demandes de brevets auprès de l'instance européenne. Pour mettre en perspective, cela représente une demande sur sept déposée par la France, secteur public comme privé confondus.
Mais la performance la plus notable se joue à l'échelle du continent. Ces 25 000 demandes hexagonales constituent ni plus ni moins que deux cinquièmes des 63 000 brevets déposés par l'ensemble des instituts publics européens sur la même période. Une domination sans partage qui fait de la France le leader incontesté de la recherche publique innovante.
« Quatre organismes publics de recherche se classent dans le top 10 des déposants de brevets issus de la recherche publique : le CNRS en première position, le CEA en seconde, l’Inserm à la 4e place et l’IFPEN à la 8e », écrit jeudi le ministère de l'Enseignement supérieure, de la Recherche et de l'Espace.
Contrairement aux autres pays européens où chaque université joue solo, l'Hexagone privilégie les tandems. Universités, centres de recherche, CHU, industriels et PME unissent régulièrement leurs forces pour co-signer les brevets. Une stratégie gagnante, qui maximise forcément les chances de succès.
L'écosystème français des start-up innovantes parvient à faire la différence en Europe
Le dynamisme français ne s'arrête pas aux grands organismes. Les jeunes pousses technologiques nées des laboratoires publics cartonnent aussi. Une start-up sur cinq ayant breveté une innovation liée à la recherche académique en Europe est Française. Soit 550 sociétés, sur un total de 2 800 pour le Vieux continent.
Ces start-up françaises ont souvent un profil atypique qui les distingue de leurs homologues européennes. Six sur dix tissent simultanément des partenariats avec plusieurs institutions de recherche différentes. Une approche multi-laboratoires rare ailleurs en Europe, où les jeunes entreprises préfèrent généralement s'adosser aux seules universités.
Pour le ministre Philippe Baptiste, ces « confirment la capacité exceptionnelle de la recherche française à transformer la connaissance en innovation ». Au-delà des statistiques flatteuses, c'est un enjeu de souveraineté technologique qui se joue. Dans un monde où l'innovation dicte la compétitivité économique, protéger ses découvertes par des brevets devient presque un acte de défense de l'indépendance nationale, qu'il faut chérir.