Les États-Unis sont en surchauffe. Entre la multiplication des data centers dédiés à l'intelligence artificielle (IA) et un réseau vieillissant, la demande en électricité atteint des sommets au Pays de l'Oncle Sam.

Si l'IA possède de nombreuses promesses, sa démocratisation a aussi un impact concret sur la consommation d'énergie. En effet, l'entraînement et l'exécution des modèles nécessitent des milliers de processeurs ultra-puissants fonctionnant en continu dans des centres de données géants.
Chaque requête avec un chatbot sollicite une puissance de calcul colossale, et donc une quantité d'électricité bien supérieure à celle d'un service numérique classique comme la vidéo en ligne ou le cloud.
La demande dopée par les data centers
Et les chiffres donnent le vertige. Selon le département américain de l'Énergie, le prix moyen de l'électricité résidentielle a bondi de 7 % en un an, et de 32 % en cinq ans outre-Atlantique. Une hausse directement attribuée à l'IA. Car en 2023, les data centers consommaient environ 4 % de l'électricité du pays, une part qui devrait tripler pour atteindre 12 % en 2028, selon les projections officielles.
Problème, le réseau électrique américain n'a pas été conçu pour encaisser une telle charge. Les infrastructures de transmission, souvent âgées de plusieurs décennies, créent des « embouteillages électriques », c'est-à-dire des lignes surchauffées et saturées. Cela oblige les opérateurs à utiliser des sources plus coûteuses, parfois moins efficaces, pour répondre à la demande. De quoi faire grimper la note pour tout le monde.
La politique énergétique actuelle n'arrange pas les choses. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a coupé court à la transition verte. Son administration a bloqué plusieurs projets d'éolien offshore, suspendu les incitations fiscales pour le solaire et réduit drastiquement les aides aux véhicules électriques. Résultat, les investissements dans les énergies renouvelables ont chuté de 36 % au premier semestre 2025, soit une perte de plus de 20 milliards de dollars.
Le réseau s'essouffle
Cette marche arrière handicape lourdement la modernisation du réseau. Sans nouveaux parcs éoliens ni centrales solaires pour diversifier la production, le pays dépend toujours des combustibles fossiles, eux-mêmes soumis à des variations de prix et à des contraintes logistiques.
En amont, les phénomènes climatiques toujours plus violents à l'instar des ouragans, des incendies et des tornades, continuent d'endommager les infrastructures, forçant les opérateurs à investir dans des équipements plus résistants et forcément plus coûteux.
À ce rythme, les États-Unis risquent une véritable panne de croissance énergétique, coincés entre une IA insatiable et un réseau électrique au bord de la rupture. Et si les géants de la tech se tournent vers des alternatives comme le nucléaire, la demande est telle qu'il semble difficile de la compenser totalement.
Source : Axios