Le projet de rachat de SFR par Orange, Free et Bouygues Telecom provoque la colère des syndicats. La CFE-CGE Télécoms dénonce une enveloppe d'un milliard d'euros, qui pourrait servir à mener des plans sociaux.

Alors qu'Orange, Bouygues Telecom et Free ont trouvé un terrain d'entente pour se dispatcher les actifs d'Altice France, maison-mère de SFR, les syndicats, de l'autre côté de la barrière, adoptent une posture bien différente. La CFE-CGC Télécoms, qui représentent les CFE-CGC Orange, SFR et Free, nous a fait parvenir mercredi soir un communiqué plutôt piquant. Quelques heures seulement après le rejet de l'offre commune des opérateurs pour le rachat de SFR, les syndicats mettent sur la table une enveloppe colossale qui servirait à supprimer des postes.
Les opérateurs télécoms ont-ils prévu un milliard d'euros pour des licenciements ?
Si aucun opérateur n'a publiquement annoncé de plan social potentiel avant, pendant ou après un rachat de SFR, le syndicat CFE-CGC Télécoms ne mâche pas ses mots. Dans son communiqué, il reproche frontalement aux dirigeants d'Orange, Bouygues Telecom et Free d'avoir anticipé des suppressions massives d'emplois. Une somme d'un milliard serait destinée à financer les départs des salariés qui feraient doublon après l'absorption des activités de SFR par les trois concurrents, selon la répartition prévue dans l'offre.
Pour la CFE-CGC, cette provision révèle la vraie nature du projet, à savoir une opération financière avant tout, où la question humaine passerait au second plan. Le syndicat regrette qu'aucun responsable n'ait évoqué publiquement le sort des équipes concernées. Une critique qui vise directement le discours des entreprises sur leur responsabilité sociale et leur attention aux collaborateurs.
Contacté par Clubic mercredi en fin d'après-midi, aucun des quatre opérateurs n'a encore répondu à notre demande de réaction au moment où nous publions l'article. Pendant ce temps, la CFE-CGC Télécoms annonce qu'elle contestera devant le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative française, tout nouveau partage des fréquences radio entre opérateurs, si l'État n'impose pas de garanties sur l'emploi. Un précédent existe, puisqu'en 2000, rappelle la CFE-CGE, les licences 3G étaient conditionnées à des créations de postes.
Le syndicat réclame des garanties sur l'emploi et les données
Le communiqué de l'organisation syndicale élargit le débat au-delà des licenciements. Selon la CFE-CGC, 25 000 emplois du secteur télécom ont déjà été transférés à l'étranger ces dernières années. Ces délocalisations, qui portent sur le service client, le développement informatique, ou la gestion des réseaux, représenteraient un manque à gagner considérable pour l'économie française.
Le syndicat a d'ailleurs chiffré l'impact de ces délocalisations. Selon lui, le transfert coûterait chaque année à la France plus de 700 millions d'euros. À cela s'ajoute un manque à gagner de plus de 2 milliards d'euros de produit intérieur brut, l'indicateur qui mesure la richesse créée par le pays.
Au-delà de l'aspect économique, la CFE-CGC soulève aussi des questions de sécurité nationale. L'organisation exige que toutes les données personnelles des abonnés français, qu'ils soient particuliers ou professionnels, restent stockées sur des serveurs situés en France ou en Europe.
Si l'on termine sur le plan national, le syndicat reproche à Orange de ne pas avoir proposé de reprendre les infrastructures réseau de SFR. Un choix stratégique discutable selon elle, qui empêcherait la France de disposer d'un véritable champion national des télécoms. Malgré ce ton offensif, la CFE-CGC précise rester ouverte au dialogue avec les trois opérateurs acheteurs.