Dans l'état du Michigan aux États-Unis, un représentant républicain semble d'être inspiré des dictatures à travers le monde pour interdire totalement la pornographie sur Internet, stigmatiser une partie de la population, mais aussi rendre illégal les outils de contournement comme les VPN.

La prochaine bataille du Net aura lieu au Michigan, et le VPN sera votre arme ©Shutterstock
La prochaine bataille du Net aura lieu au Michigan, et le VPN sera votre arme ©Shutterstock

Aux États-Unis, le Michigan fait historiquement partie de ces Swing States. De 1972 à 1988, l'état choisit systématiquement les candidats républicains pour la présidentielle. Mais de 1992 à 2012, il évolue du côté du "blue wall", un ensemble d'états fidèles au Parti démocrate. Puis, Donald Trump a remporté le Michigan à l’élection de 2016. L'État a ensuite basculé démocrate avec Joe Biden en 2020, avant que Trump ne l’emporte de nouveau en 2024. Et là, il semble que la question ne se pose plus.

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Pornographie et érotisme, un amalgame un peu facile

Le Michigan pourrait devenir le premier État américain à bannir complètement la pornographie en ligne. Le 11 septembre 2025, le représentant républicain Josh Schriver a présenté le projet de loi HB 4938, baptisé "Anticorruption of Public Morals Act" (Loi anticorruption de la moralité publique). Cette proposition législative va bien au-delà des mesures habituelles de vérification d'âge adoptées par 21 États américains - et en France depuis la loi SREN du 21 mai 2024. Le Michigan vise une interdiction totale pour tous les internautes, pas seulement les mineurs, mais aussi tous les adultes.

Le texte définit le matériel interdit comme "toute représentation, description ou simulation, qu'elle soit réelle, animée, générée numériquement, écrite ou auditive, d'actes sexuels". Cette formulation englobe non seulement les contenus pornographiques classiques, mais s'étend aux livres érotiques, aux jeux vidéo avec des scènes un peu osées, aux mangas, aux contenus générés par intelligence artificielle, et même aux contenus ASMR érotiques.

La loi inclut dans sa définition d'actes sexuels des pratiques BDSM et le "contenu ASMR érotique autonome de réponse sensorielle, les gémissements ou le contenu vocal sensuel". Reason.com, qui rapporte l'information, explique que sous cette définition, des œuvres comme "50 Nuances de Grey" ou même des films grand public comme "Quand Harry rencontre Sally" pourraient être criminalisés. Le projet ajoute une clause fourre-tout interdisant "tout autre matériel pornographique" conçu "pour exciter ou gratifier sexuellement".

Les sanctions prévues sont particulièrement sévères. Quiconque distribue ce type de contenu encourt jusqu'à 20 ans de prison et 100 000 dollars d'amende. Si plus de 100 éléments de contenu interdit sont impliqués, la peine peut atteindre 25 ans de prison et 125 000 dollars d'amende. Mais ce n'est pas tout : le projet prévoit également d'inscrire les contrevenants au registre des délinquants sexuels.

Le projet de loi censurerait les contenus pornographiques et érotiques ©Shutterstock

Une offensive contre les personnes transgenres

Josh Schriver se présente comme "le représentant d'État le plus conservateur du Michigan". Son projet de loi anti-pornographie actuellement débattu au Michigan comporte une section plutôt controversée, laquelle concerne les personnes transgenres. Le texte propose d’interdire toute "représentation, description ou simulation qui inclut une déconnexion entre la biologie et le genre". Une manière de cibler très précisément les contenus au sein desquels une personne d’un sexe biologique se met en scène ou s’exprime comme appartenant à un autre genre. Concrètement, cette formulation rendrait passible de sanctions pénales le simple fait pour une personne transgenre de partager des photos d’elle-même, d’évoquer publiquement son expérience ou de produire des créations artistiques reflétant son identité. Dans les faits, ces personnes deviennent donc tout simplement censurées, elles aussi.

Sans grandes surprises, plusieurs associations et défenseurs des droits estiment que cette mesure accentuerait la précarisation juridique et sociale des personnes ciblées, lesquelles sont déjà exposées à des discriminations dans l’accès aux soins ou aux services essentiels. Le projet, s’il était appliqué, ferait du Michigan un État où la visibilité trans deviendrait non seulement réprimée, mais juridiquement assimilée à de la pornographie.

Le projet de loi censurerait les personnes transgenres ©Shutterstock

Interdire la seule arme disponible : le VPN

En parallèle, le projet de loi s'attaque aux outils de contournement. Il obligerait les fournisseurs d'accès internet du Michigan à bloquer les VPN, serveurs proxy et autres réseaux de tunneling chiffrés. Alors oui, allumer un VPN pour se rendre sur un site porno, c'est une chose, mais cette loi ne manque pas d'amalgames : elle entend tout simplement interdire la vente ou la promotion de VPN dans l'État, une mesure qui semble tout droit sortie des restrictions en vigueur en Russie et en Chine. Les FAI qui ne mettraient pas en place les mesures nécessaires pour interdire ces tunnels chiffrés s'exposeraient à des amendes pouvant atteindre 50 000 dollars.

Mais au-delà du porno et du streaming, le VPN reste avant tout un outil de sécurité utilisé aussi bien par les entreprises que par les particuliers. En créant un tunnel chiffré entre un appareil et les serveurs de l'entreprise, il rend les données illisibles en cas d'interception sur un réseau Wi-Fi public ou non sécurisé. Et si certains estiment qu'il ne s'agit là que d'une façade pour un outil de contournement, la multiplication des cyberattaques ces dernières années, aux États-Unis, mais aussi dans le reste du monde, justifie à elle-seule son usage. Si le VPN ne garantit en rien un anonymat total, il permet de réduire considérablement les risques d’intrusion, de vol de données, et, en masquant l'adresse IP, d'arrêter les pistages marketing.

Josh Schriver bénéficie du soutien de cinq autres représentants républicains. Si ces derniers ont une courte majorité de 58-52 à la Chambre du Michigan, les démocrates contrôlent le Sénat. Pas sûr, donc, que cette loi liberticide et bourrée d'amalgames entre un jour en vigueur. Mais certains craignent déjà qu'une adoption fasse jurisprudence pour le reste du pays.

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