Depuis des mois, Clubic suit la montée en puissance d’un filtrage technique du web. Ce qui avait commencé avec des décisions isolées prend désormais des allures de tournant.

- La France intensifie le filtrage du web, impactant l'accès aux sites pour adultes et modifiant l'expérience utilisateur.
- Les blocages DNS et IP poussent les internautes vers des VPN, fragmentant l'architecture du web mondial.
- Cette censure technique remet en question la neutralité du net, créant des fractures numériques et des réseaux vulnérables.
C’est devenu presque un rendez-vous hebdomadaire. Chaque semaine ou presque, un nouveau site pour adultes est visé par une décision de justice. Blocage immédiat. Accès impossible. VPN en tête des téléchargements. Et derrière ces apparitions soudaines de pages inaccessibles, un phénomène plus profond : la transformation de notre accès à Internet.
Chez Clubic, on suit cette affaire de près depuis les premières décisions visant Pornhub ou YouPorn. Ce qu’on constate aujourd’hui dépasse largement la simple question des contenus pour mineurs. La France expérimente, par strates successives, un web à plusieurs vitesses, où les frontières géographiques redeviennent visibles. Et les conséquences vont bien au-delà des écrans noirs affichés sur les navigateurs.
Des blocages ciblés, mais des effets globaux
Le filtrage DNS, technique star des FAI
En première ligne, les fournisseurs d’accès. Ce sont eux qui appliquent les décisions de justice. Pour cela, ils utilisent une panoplie de techniques déjà bien rodées :
- le filtrage DNS, qui empêche un nom de domaine de pointer vers la bonne adresse;
- le blocage IP, qui coupe toute communication avec un serveur ;
- ou encore l’inspection approfondie du trafic (DPI), capable d’identifier certains contenus en temps réel.
Rien de très original sur le plan technique : la Chine, la Russie ou l’Iran recourent aux mêmes procédés depuis des années. Ce qui change, c’est leur mise en œuvre en France, dans un cadre juridique démocratique — et avec une fréquence nouvelle.
Aujourd’hui, l’expérience d’un internaute dépend directement de son
fournisseur, de sa localisation… ou de ses outils de contournement. Pour un exemple concret, vous pouvez relire notre article sur le blocage des DNS en France.
Quand l’infrastructure suit le mouvement
Pour répondre aux blocages, les éditeurs s'organisent. Sites miroirs, redirections, nouveaux domaines… C’est une course. Et cette mécanique d’action-réaction ne reste pas sans effet : elle pousse de plus en plus d’utilisateurs vers des VPN, et encourage l’adoption de systèmes alternatifs.
Résultat : l’architecture même du web commence à se fragmenter. DNS nationaux, routage spécifique selon les régions, normes locales… Ce n’est plus un réseau unique mais un réseau de réseaux. Et cette logique se généralise, y compris hors du champ des sites pour adultes.
Un phénomène que L’Internet Society qualifie de « fractures structurelles », soulignant que ces architectures incompatibles menacent la stabilité technique du web mondial.
Contournement, inégalités et neutralité malmenée
Ceux qui contournent… et les autres
À chaque vague de blocage, la réaction est immédiate : téléchargements massifs de VPN, recherches Google sur « changer DNS », boom des extensions de proxy. Mais tout le monde n’a pas les mêmes outils, ni les mêmes réflexes.
C’est là que l'on voit émerger une nouvelle forme de fracture numérique. D’un côté, ceux qui savent contourner. De l’autre, ceux qui restent bloqués. Un simple site inaccessible devient le révélateur d’un fossé technique, social, générationnel.
Dans plusieurs enquêtes, comme celle sur le blocage de sites pirates, ce « web parallèle » devient un marché à part entière. Mais il reste réservé à ceux qui maîtrisent les codes, ou qui peuvent payer un service payant.
Fin de la neutralité, vraiment ?
Quand un fournisseur d’accès décide de bloquer un site — même avec l’aval d’un juge — il devient arbitre des contenus accessibles. C’est une entorse à la neutralité du net, ce principe qui veut que tout le trafic soit traité à égalité.
Et la France n’est pas seule sur cette pente. Le modèle chinois (avec ses listes blanches) ou russe (avec ses DNS souverains) n’est plus si éloigné, du moins sur le plan technique. En Europe, les discussions s’ouvrent autour d’un internet à plusieurs vitesses, parfois justifié par la protection, mais difficile à concilier avec un réseau libre et ouvert.

Jusqu’où peut aller la fragmentation ?
Un réseau plus fragile, techniquement et politiquement
Multiplier les points de contrôle alourdit les infrastructures. Cela rajoute des étapes, complexifie le transit, et augmente la surface d’attaque. Les experts en cybersécurité sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme : les réseaux filtrés sont aussi des réseaux plus vulnérables.
Et l’effet domino se propage. Chaque pays veut ses propres règles, ses propres outils, parfois même son propre réseau. Résultat : un web éclaté, instable, où chaque frontière devient une barrière technique.
Un phénomène que Clubic suit aussi dans le cadre de la guerre contre l’IPTV illégale, où les mesures de filtrage à répétition provoquent des effets de bord inattendus : sites légitimes bloqués, ralentissements, erreurs de routage…
Depuis les premiers blocages, les VPN ont changé de statut. De simples outils pour technophiles, ils sont devenus des applications grand public, installées pour contourner les coupures.
- storage11000 serveurs
- language100 pays couverts
- lan7 connexions simultanées
- moodEssai gratuit 45 jours
- thumb_upAvantage : le moins cher