Altice France a finalisé, mercredi, sa restructuration financière, ce qui lui permet de réduire considérablement sa dette. Une excellente nouvelle pour l'opérateur SFR, qui va gagner en attractivité auprès de ses potentiels repreneurs.

SFR peut souffler © HJBC / Shutterstock.com
SFR peut souffler © HJBC / Shutterstock.com

C'est officiel, SFR respire enfin. Après des mois de tractations et d'incertitudes, Altice France vient de boucler, mercredi soir, une opération financière d'une ampleur rare pour un opérateur télécom. Son désendettement massif, de l'ordre de 10 milliards d'euros, a été acté, tout comme une gouvernance renforcée avec l'arrivée de deux pointures. Mais surtout, le groupe peut prendre un nouveau départ, après avoir été longtemps sous pression.

Dix milliards d'euros effacés d'un trait pour SFR et Altice France

La restructuration financière d'Altice France a de quoi impressionner. La maison-mère de l'opérateur au carré rouge, SFR, passe de 25 à 15 milliards d'euros d'endettement. L'opération, qui avait été annoncée en début d'année, au mois de février, fut dans un premier temps validée par une série de neuf décisions du tribunal des activités économiques de Paris le 4 août. Au-delà du désendettement, elle repousse l'ensemble des échéances majeures entre 2028 et 2033.

Comme l'expliquait le PDG d'Altice France il y a quelques jours, le groupe enregistre 400 millions d'euros d'économies annuelles sur ses frais financiers. Une bouffée d'air frais pour un opérateur qui étouffait sous les charges. Les syndicats, qui avaient multiplié les recours judiciaires en craignant pour l'emploi et l'avenir de l'entreprise, peuvent souffler, puisque la prochaine échéance de remboursement n'arrivera qu'en 2028, elle sera d'ailleurs d'un montant d'un milliard d'euros, que le groupe affirme d'ores et déjà pouvoir honorer.

La contrepartie financière est tout de même lourde. Les créanciers prennent 45% du capital d'Altice France, ce qui dilue la participation de Patrick Drahi. Ce transfert partiel de contrôle était le prix à payer pour obtenir ce répit. Cette semaine auprès de l'AFP, Arthur Dreyfuss a même indiqué que « les vents contraires sont derrière » Altice et SFR.

SFR s'offre les anciens patrons de Vodafone et Saint-Gobain

En parallèle de la restructuration, Altice France a annoncé mercredi soir deux nominations au conseil d'administration. Pierre-André de Chalendar et Nick Read rejoignent l'instance comme administrateurs non exécutifs indépendants. Ils siègent désormais aux côtés d'Arthur Dreyfuss (président), Dennis Okhuijsen et Gerrit Jan Bakker. Renforcer la gouvernance au moment où plusieurs acteurs du marché manifestent leur intérêt pour les actifs du groupe sera probablement bénéfique.

Pierre-André Chalendar est connu pour avoir dirigé Saint-Gobain pendant plus d'une décennie, entre 2010 et 2021. Sa carrière au sommet d'un fleuron industriel français lui confère une stature reconnue dans les milieux économiques et institutionnels. Depuis janvier 2023, il préside l'Institut de l'Entreprise. Son arrivée peut rassurer dans un contexte où la question de la souveraineté des télécoms se pose dès lors qu'un rachat par un acteur étranger est évoqué.

Nick Read, lui, amène plutôt une expertise sectorielle. Il a passé 22 ans chez Vodafone, l'opérateur britannique, dont huit à la tête du groupe entre 2014 et 2022, en pilotant notamment des opérations de restructuration et de consolidation.

Plusieurs acteurs entendent demain s'offrir des pans de SFR. Free et Bouygues Telecom en font partie, tandis que l'opérateur normand Altitude s'intéresse à la filiale fibre XpFibre. L'arrivée de Nick Read, rompu aux négociations complexes dans les télécoms, pourrait faciliter les discussions.